La ministre de l’écologie était l’invitée de Bernard Thomasson sur France Info mardi matin. L’occasion de revenir longuement sur la question du moratoire décrété par le gouvernement alors que venait de se tenir la première réunion de concertation.
Par ailleurs, selon l’AFP, Nathalie Kosciusko-Morizet a reconnu mercredi que l’objectif pour la France en matière d’énergie photovoltaïque n’était pas atteint et que la refonte en cours du dispositif « a pour but de limiter le coût du photovoltaïque à 2 milliards d’euros par an pendant 20 ans »
Extrait de son intervention sur France Info qu’il est possible de visionner ci-dessous :
Bernard Thomasson :On va parler du soleil à présent : le 9 décembre dernier, le gouvernement décidait de suspendre pour trois mois l’obligation par EDF de racheter l’énergie solaire créée par des panneaux solaires sur des entreprises ou des bâtiments publics. Précisons que les particuliers ne sont pas concernés. Pourquoi cette marche en arrière ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : D’abord, comme vous le précisez, mais parfois cela n’a pas été bien entendu, les équipements de moins de 3 kW, c’est-à -dire en fait, jusqu’à 30 m² de panneaux, ne sont pas concernés.
BT: Les particuliers ne sont pas touchés, ce sont les entreprises
NKM : et les projets qui sont très avancés ne sont pas touchés non plus. Le sujet ce sont les projets qui sont dans la file d’attente. Pourquoi ? En fait, il y a une bulle spéculative qui s’est créée autour du photovoltaïque. On a des projets qui sont tout à fait légitimes et puis d’autres qui sont devenus supports à spéculation financière avec réservation, en quelque sorte, de tarifs d’achat et l’élaboration de produits financiers assez sophistiqués sur cette base là .
Par ailleurs, du coté du Grenelle on est en passe d’atteindre nos objectifs et même de les dépasser largement en matière de volume de panneaux photovoltaïques, en revanche nos objectifs environnementaux et nos objectifs en matière d’emploi de filière industrielle en France, eux ne sont pas atteints.
Aujourd’hui ce qui se passe c’est que 90% des panneaux installés en France viennent de Chine. On n’a pas été assez strict sur les critères d’intégration au bâti. On n’a pas assez anticipé la baisse très forte du prix des panneaux chinois, ce qui fait que tout le monde s’est tourné vers les panneaux chinois, bref on est entré dans un système dans lequel les volumes étaient au rendez-vous, en faisant de plus en plus d’installations de panneaux photovoltaïques en , mais en faisant entrer des panneaux chinois qui produisent 1,8 fois plus de CO2 qu’un panneau fabriqué en France et qui ne profite pas de la manière dont on le voudrait à la création d’une filière industrielle en matière de photovoltaïque.
BT : Une filière qui dit que 20000 emplois sont menacés avec ce moratoire
NKM : Aujourd’hui, un certains nombre de sociétés qui sont dans l’installation de panneaux photovoltaïques, en général, encore une fois très peu dans la fabrication, parce qu’on n’a pas réussi vraiment à créer une filière photovoltaïque, même si on a les technologies sophistiquées en matière de photovoltaïque, mais aujourd’hui ce ne sont pas celles-là qui sont installées.
Aujourd’hui on a des emplois dans l’installation, mais on n’a pas la filière complète que l’on voudrait. Alors je comprends que le moratoire pose des problèmes aux entreprises qui sont des installateurs. Moi, j’aurai voulu qu’on puisse faire le tri en quelque sorte, entre les bons projets et les moins bons projets. Juridiquement ce n’est pas possible. On ne peut pas choisir, en quelque sorte, même en mettant en Å“uvre des critères, ça aurait été fragile et donc il a fallu suspendre l’ensemble des projets qui n’étaient pas arrivés à maturité pour se mettre au tour de la table, pas longtemps, trois mois, les discutions ont commencé hier
BT : c’était tendu hier
NKM : Mais je comprends que ça soit tendu, mais comprenez qu’aujourd’hui si toute la file d’attente qui s’est créée sur le photovoltaïque passe, c’est 90% de capteurs chinois, dont le fonctionnement coutera 2 Md€ par an pendant 20 ans sur la facture EDF des contribuables. Qui donc augmentera de 5% pour subventionner l’industrie chinoise.
Le Grenelle de l’environnement ce n’est pas une augmentation de la facture EDF de 5% pour subventionner l’industrie chinoise. Le Grenelle de l’environnement cela doit être de l’emploi vert en France. Voila je veux m’organiser pour créer de l’emploi vert en France et c’est pour cela que l’on a dû suspendre et je comprends que ça ne soit pas agréable pour les entreprises en question.
BT : Vous parlez de spéculateurs parce que évidemment il y a des subventions qui sont liées à ce développement du vert, du solaire, de l’éolien, du développement de l’énergie durable ; est-ce que le gouvernement freine un peu en raison du cout de ces subventions ? L’éolien aussi est freiné, il y a des projets éoliens prévus au large, on ne les voit toujours pas venir !
NKM : C’est un arbitrage qui doit être rendu dans les prochaines semaines pour le lancement d’un appel à projet sur l’éolien off-shore. Cela va se faire. Ce qu’n essaye de faire, c’est de faire en sorte que ça profite à l’emploi et à l’activité en France. Le Grenelle de l’environnement ce n’est la France qui est cliente d’équipements d’énergies renouvelables qui sont fatalement fabriqués ailleurs. Je ne fais pas de protectionnisme déplacé, qu’il y ait des équipements fabriqués en Europemais il n’y a pas de fatalité à ce que les panneaux photovoltaïques soient importés de Chine. Surtout que nos technologies en matière de photovoltaïque sont beaucoup plus intéressantes. En France, on a de vrais technologies, simplement, aujourd’hui elles sont un plus chères et nos critères d’intégration au bâti n’ont pas été suffisants pour orienter la demande vers ces techniques là .
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