Lundi 3 avril dernier, Xavier Barbaro, PDG de Neoen, s’est penché sur ce qui va changer pour les producteurs français après l’accord dans l’UE pour doubler la part d’énergies renouvelables et sur la nouvelle phase dans laquelle la pépite française de l’énergie Neoen va se lancer. Cela se passait dans l’émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier et Christophe Jakubyszyn. Good Morning Business est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.
- Sur l’accord européen à 42 ,5% de renouvelables en 2030
« C’est une bonne nouvelle. Ce n’est pas une contrainte. C’est une belle ambition pour l’Europe. Après, il faut arriver à décliner cela pays par pays. Je suis très confiant sur ce que Neoen arrivera à faire dans les pays où l’on est aujourd’hui en Europe, en Finlande, en Irlande au Portugal… et la France peut-être un peu moins. On voit depuis a loi dite d’accélération qu’en fait, il y a beaucoup de nouveaux freins. J’espère que ce cadre européen, que ces 42,5% pour la fin de la décennie seront aussi en France l’occasion de décoincer un certain nombre de freins. »
- Sur les nouveaux freins
Ce qu’on voit déjà depuis l’entrée en vigueur de cette loi, c’est que la surcouche de complexité administrative qui est venue avec cette loi commence à faire ses effets malheureux, c’est è dire qu’il y a beaucoup de commissions qui se réunissent et qui ont tendance à remettre à plus tard l’exécution des mesures plutôt positive dans le principe de cette loi ; Et malheureusement, le diable est dans les détails. On ne voit cela qu’en France. Aujourd’hui, il y a plein de commissions qui ont été créées en plus de ce qui existait avant et qui ne savent pas trop ce qu’elles doivent faire. Il y a quinze jours, on nous a refusé des permis parce qu’en gros, l’administration locale n’avait pas le mode d’emploi pour donner des permis à la nouvelle sauce administrative. Et donc aujourd’hui, il y a un grand ralentissement en France.
- Sur les contrats de gré à gré (PPA) avec les industriels ?
C’est relativement nouveau en France. C’était déjà très fréquent dans d’autres géographies, Amérique du Nord, Australie par exemple. C’est mutuellement bénéfique puisque les PPA sécurisent les volumes des industriels, ils sécurisent leur prix. Evidemment, ils honorent leurs engagements de décarbonation. Et nous, nous avons en retour des contrats longs qui nous permettent de bien nous financer. On l’apprécie beaucoup. C’est vraiment une offre et une demande qui se rencontrent et qui sont mutuellement intéressantes … Les acteurs comme Neoen font la preuve que les PPA ça marche, que ce n’est pas cher.
- Sur la souveraineté industrielle
Dans le photovoltaïque, il ne faut pas seulement regarder les panneaux. Aujourd’hui, le panneau, c’est 30 à 35% de l’équation économique pour une centrale solaire photovoltaïque. Tout le reste est déjà assez français ou tout du moins assez européen. Dans une centrale aujourd’hui, même avec des panneaux chinois, il y a beaucoup de contenu Bouygues, de Nexans. Il y a une vraie filière d’excellence française qui existe déjà . Mais Neoen est prêt à aller encore plus loin. Et pourquoi pas avoir des panneaux made in France ou made in Europe. Ce sera peut-être un peu plus cher mais c’est quelque chose qu’on sera content d’acheter parce que ça nous donne une certitude sur la supply chain qui est aujourd’hui en fait un facteur important dans la construction de nos centrales.
- Sur le nucléaire
« Ce qui est intermittent en ce moment, c’est le nucléaire. On l’a vu en 2022. Je ne suis pas anti-nucléaire conceptuellement. De manière très froide, très analytique, le nucléaire aujourd’hui est là , quand il marche. Faisons avec, faisons le durer aussi longtemps que possible parce de toutes façons on l’a payé, donc autant s’en servir. Mais ne comptons pas trop dessus parce qu’en termes de coûts, comme en termes de délais, on a vu avec Flamanville ce que cela a donné. Donc, dire n’allons pas trop vite sur le renouvelable parce que de toutes façons le nucléaire sera là bientôt. Bientôt point d’interrogation, à quel prix point d’interrogation. En attendant, on a une solution qui marche, qui est le renouvelable, qui est beaucoup plus européen et beaucoup plus français que ce que pensent parfois les décideurs politiques. Et c’est dommage. On doit faire encore un peu de pédagogie là -dessus. On a l’opportunité de rendre notre électricité moins chère, plus verte beaucoup plus souveraine avec du renouvelable. Donc, ne remettons pas à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui… »
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