Selon un rapport d’Energy Union Choices, portant sur la prochaine série de choix d’infrastructures nécessaires pour accélérer la transition vers une économie sobre en carbone, la baisse tendancielle des coûts des énergies renouvelables façonnera fondamentalement l’avenir des secteurs énergétiques européen et français. Autrefois lourdement tributaires des subventions publiques, les énergies solaire et éolienne seront vraisemblablement les technologies de production d’électricité les moins chères en Europe au cours des prochaines décennies. Associées à la sortie du charbon et au déclassement partiel des centrales nucléaires, à la coopération régionale pour la gestion des réseaux, et au pilotage des consommations, la baisse des coûts des technologies ENR pourrait déclencher une accélération de la production électrique d’origine renouvelable et un déploiement rapide des ENR à bas coûts.
Ainsi selon un scénario d’opportunité du rapport, la part des ENR dans le mix électrique française pourrait atteindre 51 % à l’horizon 2030, chiffre largement supérieur à l’objectif de 40 % visé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015.Un mix électrique basé sur la production nucléaire (qui compterait pour près de la moitié de la production d’électricité intérieure) et la production d’énergie renouvelable (qui compterait pour l’autre moitié) est faisable à l’horizon 2030, sans augmenter les émissions de CO2. Le pilotage des consommations, les interconnexions et l’utilisation des capacités en gaz existantes peuvent en effet assurer la stabilité du système électrique.
La production d’électricité PV apparaît, de loin, comme la source d’énergie renouvelable la moins chère
En revanche, des capacités nucléaires supérieures à 40 GW, associées à une production croissante issue des sources renouvelables, auraient tendance à créer une surabondance d’électricité qui devrait alors être exportée. Mais les possibilités d’exportation dépendent de l’évolution future du mix électrique des pays voisins, qui est incertaine et pourrait se traduire par une expansion rapide et importante des énergies renouvelables. Une telle situation réduirait la profitabilité du réinvestissement dans les réacteurs nucléaires existants. Enfin, la coopération régionale pour utiliser au mieux les capacités d’interconnexion et la flexibilité du côté de la demande sont essentielles à l’adéquation offre-demande, dans un système électrique plus renouvelable. Mais l’activation de ces deux leviers nécessitera un soutien politique sans faille. La première priorité à cet égard est de doter le marché européen de l’électricité de règles robustes dans le cadre du paquet législatif « Une énergie propre pour tous les européens ».
Et les résultats des tout derniers appels d’offres pour le rachat d’électricité d’origine renouvelables dans plusieurs États membres ont montré que les coûts de ces technologies avaient considérablement chuté et que leurs niveaux actuels étaient par conséquent inférieurs aux niveaux anticipés par le scénario EUCO30 pour 2030. Par exemple, le prix d’achat moyen garanti pour l’électricité solaire PV se situait dernièrement autour de 55 €/MWh, alors que le scénario EUCO30 anticipe un niveau de 65 €/MWh en 2030. Compte tenu de l’amélioration parallèle des facteurs de charge, la production d’électricité PV apparaît, de loin, comme la source d’énergie renouvelable la moins chère en France avec un coût actualisé de l’énergie (Levelised Cost of Energy ou LCOE en anglais) moyen de 34 €/MWh, un niveau proche de ceux d’autres pays d’Europe méridionale (Espagne : 30 €/MWh, Portugal : 32 €/MWh, Italie : 40 €/MWh 9 ).
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