Par Grégory Lamotte, fondateur de Comwatt
Le stockage est le frère jumeau de la production d’énergie renouvelable. Sans stockage pas de déploiement massif des renouvelables. Nous assistons donc actuellement à l’émergence de plusieurs solutions de stockage. Parmi toutes ces solutions, le stockage virtuel fait beaucoup parlé de lui. Mais qu’est ce qui se cache derrière ce beau discours marketing ?
Qu’est ce que le stockage « virtuel » ? Le stockage virtuel n’est donc pas un stockage d’énergie mais une astuce d’écriture comptable qui donne l’illusion d’un stockage. Tout est virtuel…comme dans MATRIX, le célèbre film de science fiction. Aux Etats unis, c’est un super système…mais pas en France.
Quand un autoproducteur produit plus d’électricité qu’il n’en consomme, il a la possibilité de donner cette électricité à son fournisseur d’électricité. En échange, le fournisseur lui rend plus tard quand l’autoproducteur en a besoin. Si on s’arrête là , cela serait super simple et vraiment intéressant car le réseau est ainsi utilisé comme une batterie infinie et gratuite. C’est ainsi que cela fonctionne aux Etats Unis et dans beaucoup de pays comme la Belgique. Cela s’appelle en terme technique « Le net metering » : comme si le compteur tournait à l’envers. Et oui rappelez vous nos vieux compteurs à disques que nous avions avant….avec du solaire en autoconsommation, il tournait à l’envers. Mais ces vieux compteurs sont maintenant tous remplacés par des compteurs Linky qui compte dans les deux sens mais qui ne tourne pas à l’envers.
En France, ce n’est pas rentable. Il existe une réglementation qui vient ajouter des taxes et des frais de réseau à cette transaction. En France, c’est le consommateur d’électricité qui paye le transport et les taxes. Ainsi en France quand vous payez 100€ d’électricité, vous payez en réalité 33€ d’électricité, 33 € de transport et 34€ de taxes. Donc quand un autoconsommateur souhaite récupérer l’électricité qu’il a donné gratuitement au fournisseur, il doit payer les taxes et les frais de transport, soit 66% du prix normal de l’électricité….soit 9,5 c€/kWh. Aie Aie Aie…cela devient moins intéressant que pour nos amis Américains et Belges… En synthèse, le stockage virtuel se résume à confier son électricité en trop au réseau et de la récupérer en payant « seulement » les taxes et le transport.
Stockage virtuel : combien cela coûte pour un particulier ?
Le stockage virtuel a des frais fixes et des frais variables.
- Les frais variables :
Si vous payez 18 c€ / KWh votre électricité, le stockage va vous couter environ : 9,5 c€ TTC à chaque fois que vous allez stocker 1 kWh, ce qui représente le prix du transport et les taxes. Le coût complet pour une année de stockage virtuel dépend de l’utilisation (ou pas) d’une box énergie.
- Sans la Box Comwatt
Si vous avez un kit d’autoconsommation de 3 kWc (20m²) et que vous n’avez pas de box énergie, vous allez consommer votre électricité le soir et le matin, alors que vos panneaux solaires produisent en journée. Conclusion, vous allez devoir stocker virtuellement votre production solaire non consommée sur place à un prix de 9,5c€/kWh, ce qui représente 70% de l’énergie produite par vos panneaux, soit 3 000 kWh/an, ce qui fait environ 280 € par an de frais de stockage….Aie..Aie..Aie.
- Avec la Box Comwatt
Dans le cas ou vous auriez une box énergie, cette box va synchroniser la consommation avec la production. Dans cette hypothèse, vous allez consommer presque tout sur place, environ 85%, ce qui va faire un stockage virtuel qui ne va représenter que 630 kWh/an ce qui fait environ 50€ de frais de stockage par an. C’est déjà mieux.
- Les frais fixes :
Il y a des frais de mise en service et de fonctionnement qui dépendent du fournisseur d’électricité. Impossible de donner ici les prix de tout le monde mais pour vous donner un ordre de grandeur il faut compter pour une installation de 3kWc en stockage virtuel :
- 150 € pour la mise en service une fois pour toute
- des frais d’abonnement au stockage virtuel de l’ordre de 36 € par an
Il existe une alternative au stockage virtuel, c’est le stockage via le réseau public. Dans cette hypothèse, l’électricité produite est largement consommée sur place grâce à la box, puis ce qui est produit mais non consommé sur place est revendu au réseau à 10 c€/kWh puis acheté plus tard au prix normal, soit 18 c€/kWh. Ainsi, à chaque fois que vous utiliser le « stockage via réseau public », cela va vous coûter 18-10 = 8 c€/kWh.
Entreprises versus particuliers
Jamais Comwatt ne recommanderai à un proche le stockage virtuel, sauf si c’est une entreprise. En effet, le stockage virtuel peut avoir un avantage pour les entreprises qui consomment beaucoup d’électricité et qui payent peu de frais de transport et de taxes. Donc dans ce cas le stockage virtuel peut avoir un intérêt. Mais pour les particuliers, ce n’est pas du tout rentable. Une raison invoquée par certains défenseurs du stockage virtuel est de mettre en avant une très légère simplification des démarches administrative et les délais de déblocage des fonds de l’emprunt bancaire plus rapide. Ce mince avantage pour l’artisan est très loin de compenser l’immense perte pour le consommateur. Car il est important de savoir que le choix du stockage virtuel est irréversible, impossible de revenir en arrière. La prime à l’investissement et la revente de surplus sont deux avantages perdu pour toujours par le particulier qui choisi le stockage virtuel.
Dans les années qui viennent, Comwatt espère que la réglementation évolue vers l’autoconsommation collective et vers les communautés d’énergie. Mais tant que la réglementation actuelle ne change pas, le stockage virtuel reste un miroir aux alouettes.