La France se réjouit d’être, pour la deuxième année consécutive, le pays européen qui attire le plus d’investisseurs étrangers. Cela pourrait bien ne pas durer longtemps, tellement Bercy s’emploie à fragiliser l’attractivité de la France sur certains secteurs d’activité pourtant parmi les plus dynamiques au monde. L’énergie solaire, constitue l’illustration la plus criante de cette schizophrénie gouvernementale, et de ses conséquences mortifères pour l’économie et l’emploi, à un moment où la sortie de crise sanitaire exigerait la stratégie inverse.
La tragédie se déroule en 2 actes.
Premier acte, en décembre 2020, sous prétexte de lutter contre “la rente du solaire” que certains auraient constituée il y a plus de 10 ans, le Gouvernement décide de renier sa signature sur certains contrats signés entre 2006 et 2010, créant une vague d’inquiétude parmi les investisseurs français et étrangers qui ne sont pas habitués à ce que la France bafoue rétroactivement ses propres lois.
Deuxième acte, la semaine dernière, un décret précise les modalités de ce reniement. Choc de simplification oblige, l’administration a pris 5 mois pour élaborer une formule de calcul magistrale : une équation à 15 inconnues, renvoyant à 12 tableaux de chiffres de 52 lignes et 20 colonnes chacun, censée couvrir l’intégralité des cas de figure.
Comme on pouvait s’y attendre, une telle usine à gaz fondée sur des données théoriques non vérifiées aboutit à l’opposé de l’objectif du Gouvernement ! L’application de cette formule sanctionne en effet massivement les entreprises qui affichent les rentabilités les plus faibles, réinvestissent massivement depuis 10 ans et créent des milliers d’emplois, tandis qu’elle épargne miraculeusement les fameux « rentiers du solaire » que le Gouvernement visait à l’origine.
Parmi les victimes de cette incurie de l’administration, des dizaines de PME prometteuses et innovantes, et quelques acteurs publics, parapublics et grands institutionnels français, vont perdre jusqu’à 95% de leurs revenus du jour au lendemain, sans aucune rationalité économique.
Un gâchis rageant, alors qu’une formule simple, plafonnant la rentabilité réelle à un niveau raisonnable et applicable à l’intégralité des détenteurs de ces anciens contrats, aurait permis la mise en place d’une solution juste et équitable, avec strictement le même effet sur les finances publiques.
Résultat : des PME dynamiques et innovantes sacrifiées, des milliers d’emplois menacés, le financement sur les 10 prochaines années du renouvelable, du stockage et de l’hydrogène amputé de 4 à 6 Mds d’euros, des institutions publiques ou parapubliques spoliées, des investisseurs étrangers refroidis, et des entrepreneurs désespérés par l’injustice d’une décision dictée par une administration déconnectée de la réalité.
Comment défendre auprès des investisseurs du monde entier la France « start-up nation » en méprisant ainsi et en détruisant arbitrairement ses entrepreneurs les plus engagés et les plus innovants ?