Par Jean-Louis Bal, Président d’Agir pour le climat
Le discours de Politique Générale du nouveau Premier ministre, M. Gabriel Attal, prononcé hier, était très attendu par la classe politique et, aussi, par les professionnels de l’énergie et les associations du secteur de l’environnement.
Du fait de son absence de positionnement ces derniers mois sur les questions environnementales, les espoirs d’une déclaration vigoureuse de Gabriel Attal en faveur de la lutte contre le changement climatique et de la préservation de la biodiversité étaient assez mesurés, mais personne ne s’attendait à un discours d’une telle indigence sur un sujet pourtant majeur et prioritaire pour l’avenir des citoyens français et européens. Il est inutile d’ajouter que l’impact du changement climatique sur les conditions de vie des pays en développement, pourtant première motivation de flux migratoires, n’a même pas été effleuré.
Le Premier ministre a mis en valeur, au crédit du gouvernement, les récentes diminutions des émissions territoriales françaises sans rappeler qu’elles étaient encore insuffisantes par rapport aux objectifs de la neutralité carbone en 2050 et qu’elles étaient largement liées à un contexte conjoncturel et non à des évolutions structurelles.
Plusieurs projets de loi ont été annoncés mais aucun ne concerne l’énergie et le climat. Le récent projet de loi sur la souveraineté énergétique semble avoir été oublié. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit faire l’objet d’un texte législatif en application de la Loi Climat et Résilience de 2021, sera donc ramenée au niveau d’un décret sans aucun débat parlementaire.
À la lumière des déclarations de Gabriel Attal ce 30 janvier, on peut avoir les pires craintes sur le contenu de cette PPE. Pour lui, la réponse aux défis climatique et énergétique repose essentiellement sur l’énergie nucléaire. « Le nucléaire est une fierté française, le nucléaire c’est un atout majeur pour notre pays [...] J’assume d’être à la tête d’un gouvernement pro-énergie nucléaire avec une majorité pro-énergie nucléaire. »
Ont été évoquées rapidement la sobriété, sans la définir, et les énergies renouvelables. L’efficacité énergétique n’a été mentionnée que pour annoncer une simplification de l’accès à Ma Prime Rénov, dont on peut craindre le pire en termes de performance énergétique, et la réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Si la sobriété a bien été mentionnée, Gabriel Attal a renvoyé tout ce qui ne relèverait pas de l’écologie populaire à une « écologie de la brutalité » qui engendrerait une « pauvreté de masse »…
Pour résumer le message du Premier ministre, le nucléaire apporterait la solution principale à nos problèmes énergétiques et climatiques et permettrait à la population française de ne rien changer à son mode de consommation. Le nucléaire sera certes un des leviers de la décarbonation de l’économie, mais certainement pas le seul. La sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables joueront un rôle primordial à court, moyen et long terme.
Monsieur le Premier ministre, au nom de tous les citoyens volontaires pour agir pour le climat, nous attendons que vous mettiez en œuvre toutes les politiques nécessaires à la transformation écologique de notre société, qui passe par la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030, comme vous l’avez rappelé dans votre discours.