Le consommateur, souvent pointé du doigt dans les débats autour des économies d’énergie, peut être acteur d’une solidarité qui ne passe pas que par la réduction de sa consommation. Il peut produire lui-même son électricité et la consommer au bon moment.
Le 25 juin dernier, dans une tribune commune, Catherine MacGregor, DG d’Engie, Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, et Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, appelaient les Français à réduire leur consommation d’énergie ‘pour gérer les futures pointes de consommation et pour amortir les aléas techniques ou chocs géopolitiques que nous pourrions devoir affronter’. Une sobriété énergétique nécessaire qui passera par ‘une prise de conscience et une action collective et individuelle’. Soit une réduction immédiate et importante des consommations en gaz, électricité et pétrole de tout un chacun, particuliers comme entreprises. Plaider pour une plus grande sobriété énergétique est une évidence.
Dans leur dernier rapport, dont le troisième volet a été publié le 4 avril 2022, les membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ne disaient pas autre chose lorsqu’ils mettaient en avant le triptyque ‘avoid-shi#-improve’ (éviter-changeraméliorer, que l’on peut traduire pour l’énergie en ‘sobriété – efficacité – renouvelables’), incitant la population à changer ses habitudes pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Faire baisser le prix global de l’électricité
Toutefois, si elle a du sens, la sobriété ne saurait être la seule façon d’envisager les choses. Car le consommateur, souvent pointé du doigt dans ces débats sur les économies d’énergie, peut également être acteur d’une solidarité qui ne passe pas que par la réduction de sa consommation. En installant des panneaux solaires pour produire lui-même son électricité et la consommer au bon moment (quand elle est produite), le particulier fait non seulement des économies importantes sur sa facture et récupère du pouvoir d’achat, mais il rentre également dans un cercle vertueux de production pour soi et pour les autres. Car en plus d’être un geste important pour la planète – installer des panneaux solaires contribue à réduire son bilan carbone – l’autoconsommation est aussi profitable à la collectivité. Autoconsommer est ainsi un acte solidaire et militant, car cela impacte de façon positive tout le système. La production électrique de l’autoconsommateur intervient lors des moments de pointe en journée, lorsque l’électricité est la plus chère. Cette production fait donc baisser le prix global de l’électricité puisque le particulier qui produit sa propre électricité s’efface de fait de la consommation.
Efficacité énergétique
Quant au surplus d’électricité qu’il produit, sa vente (de 6 à 10 centimes par kilowattheure) contribue, dans les conditions actuelles, à faire baisser automatiquement le prix du marché SPOT (marché de gros qui fixe le prix de l’électricité pour une livraison immédiate en Europe). Par conséquent, si les préconisations des experts du GIEC sont évidemment bienvenues alors que la lutte contre le réchauffement climatique est plus que jamais nécessaire, il est également possible d’inverser les termes de la solution qu’ils proposent (« avoid-shi#-improve ») : en encourageant l’installation de panneaux solaires photovoltaïques par les particuliers et l’autoconsommation d’énergie, nous tendrons vers l’efficacité énergétique nécessaire à la réduction de notre empreinte carbone et nous atteindrons la sobriété appelée de leurs vÅ“ux par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies. Le triptyque ‘renouvelables – efficacité – sobriété’ dans cet ordre devient un enchaînement naturel, sans besoin de culpabilisation initiale, car l’autoproducteur synchronise naturellement ses consommations sur ses moments de production et modère sa consommation d’une énergie dont il connaît la valeur concrète.