Le Conseil d’Administration de Total s’est réuni le 17 mars 2021 sous la présidence de Patrick Pouyanné, Président-Directeur Général, et a décidé de convoquer l’Assemblée Générale Ordinaire et Extraordinaire des Actionnaires de la Société le vendredi 28 mai 2021. Le Conseil d’Administration de Total prend l’initiative de soumettre une résolution sur la transition énergétique de TotalEnergies vers la neutralité carbone. Pour GreenPeace et les Amis de la Terre, Total ne donne pas suffisamment de gages…
Le Conseil a pris plusieurs décisions importantes pour soutenir la transformation de Total en une compagnie multi-énergies, son engagement dans la transition énergétique et son ambition climat d’atteindre la neutralité carbone telle qu’annoncée en mai 2020.
Transition énergétique de TotalEnergies vers la neutralité carbone
Comme indiqué dès le 9 février 2021 et en cohérence avec cette ambition, le Conseil d’Administration proposera aux actionnaires d’ancrer cette transformation dans les statuts en modifiant la dénomination sociale en TotalEnergies SE. Le Conseil présentera une résolution pour vote consultatif sur l’ambition de la Société en matière de développement durable et de transition énergétique vers la neutralité carbone et ses objectifs à horizon 2030. Cette résolution s’appuie d’une part sur la déclaration conjointe émise avec la coalition d’investisseurs Climate 100+ en mai 2020, d’autre part, sur la stratégie et les objectifs annoncés aux actionnaires par Total en septembre 2020 et février 2021, et enfin sur les travaux du Conseil d’Administration relatifs à                                                                                 l’ambition de la Société TotalEnergies. Le Conseil d’Administration permet ainsi aux actionnaires d’exprimer leur avis sur la stratégie en matière de transition énergétique vers la neutralité carbone qu’il a arrêtée pour la Société,  tenant compte de certaines attentes exprimées en ce sens et de l’irrecevabilité d’un projet de résolution relatif à cette stratégie qui serait présenté par des actionnaires dès lors qu’il s’agit d’un domaine de compétence propre du Conseil d’Administration. A partir de 2021, un nouveau critère lié à la baisse des émissions indirectes dites Scope 3 liées à l’utilisation des produits énergétiques du Groupe par ses clients en Europe sera introduit pour l’attribution d’actions de performance au Président-Directeur général et à l’ensemble des dirigeants du Groupe. En outre, le poids des critères relatifs à la stratégie de transformation de l’entreprise dans la rémunération variable du Dirigeant Mandataire Social a été également renforcé.
Enième tentative de Total pour contrer une possible résolution d’actionnaires sur le climat
Reclaim Finance et Greenpeace dénonce là une stratégie de diversion et une énième tentative de greenwashing et appellent les actionnaires engagés pour le climat à déposer leur propre résolution climat. Dans son communiqué, le groupe prétend avoir ” pris plusieurs décisions importantes pour soutenir la transformation de Total en une compagnie multi-énergies [et] son engagement dans la transition énergétique”. Pour Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance, “Total n’a pour l’instant que le changement de son nom en TotalEnergies à donner comme gage de son soi-disant engagement pour le climat. La transition écologique ne se paie pas de mots et le greenwashing de Total SE devient intenable. Les actionnaires du groupe engagés pour le climat doivent déposer leur propre résolution exigeant de la part de Total la transparence sur son recours aux technologies industrielles et naturelles de stockage du CO2 et la publication de certaines métriques qui leur sont indispensables pour juger des risques liés à leurs investissements”. Reclaim Finance et Greenpeace France ont publié fin février un rapport intitulé “Total fait du sale: La Finance complice ?”. Ce rapport décrypte les mesures dites climat de Total et démontre l’opposition entre les recommandations des Nations Unies pour une baisse annuelle de 3% et 4% de la production de gaz et de pétrole d’ici 2030 et la trajectoire de hausse de 50% de la production d’hydrocarbures par Total d’ici 2030 par rapport à l’année 2015.  La seule nouveauté annoncée par Total SE dans son communiqué est l’intégration de critères climatiques dans la politique de rémunération du groupe et notamment d’un critère lié à l’objectif de baisse des émissions de scope 3 en Europe dans les règles d’attribution d’actions de performance à Patrick Pouyanné et à l’ensemble des dirigeants du Groupe. “Aucune précision n’est donnée et il est encore trop tôt pour savoir si les modifications qu’apportera Total à sa politique de rémunération suffiront à contrebalancer les autres motivations de la direction fondées elles sur des cibles en termes de production et d’acquisition de réserves d’énergies fossiles. Mais le problème demeure entier puisqu’il s’agit ici de facteurs de motivation pour garantir l’atteinte des objectifs climat de la société mais aucunement de changer ses objectifs. Quand on fonce dans le mur, qu’on roule à 100km ou 200km ne change pas la donne” ajoute Edina Ifticene, chargée de campagne pétrole chez Greenpeace France.