Après la carte de la thermographie qui permet d’évaluer les fuites de chaleur des toitures de tous les immeubles parisiens, la ville de Paris innove en lançant un projet inédit de cadastre solaire. Il permet de déceler les niveaux d’ensoleillement des toits parisiens et ainsi de cibler les toitures parisiennes propices à l’installation de panneaux solaires. Comment réaliser un cadastre solaire ? Explications !
Dans le cadre du programme européen POLIS (voir encadré), qui a pour mission d’introduire une prise en compte des apports énergétiques solaires dans la planification urbaine, la Ville de Paris pilote un projet expérimental de cadastre solaire des toitures parisiennes. La réalisation de cet outil novateur permettant a été confiée à l’Apur (Atelier Parisiens d’Urbanisme). Il consiste à visualiser le potentiel des surfaces bâties en renseignant sur leur niveau d’insolation pour identifier les lieux propices à l’installation de panneaux solaires. Ceci à partir de la simulation du rayonnement solaire annuel.
Un avion au-dessus de Paris
Julien Bigorgne, ingénieur environnement à l’Apur, explique : Ce cadastre ressemblera à une photo aérienne de la capitale avec des dégradés de couleurs. Nous avons fait voler un avion muni d’un capteur permettant de reconstituer tous les volumes et élévations de Paris. Puis, comme des météorologues, nous simulons la courbe du soleil pendant un an -sur un ordinateur- et regardons les endroits de Paris qui ont pris le soleil et ceux les plus à l’ombre. Les Parisiens verront ainsi si leurs toits sont propices à l’installation de panneaux solaires, dans le but de déclencher aussi l’intérêt d’une copropriété pour ces équipements écolos par exemple. Ce cadastre permettra donc de constater le « potentiel solaire » que chaque parisien a sur son toit ! « Paris dispose d’un relief complexe où par exemple à Montmartre, à Télégraphe ou à Belleville, on ne prend pas le soleil de la même façon », ajoute l’ingénieur. Le but poursuivi s’inscrit dans une double dimension d’aménagement durable et de production locale d’énergie renouvelable.
A Paris, on n’a pas de pétrole mais on a de l’énergie solaire
Ce cadastre est à la fois un outil technique et pédagogique, pour montrer qu’à Paris on n’a pas de pétrole mais on a de l’énergie!, a expliqué Catherine Hurtut proche de Denis Baupin, adjoint au maire en charge de l’environnement, qui a commandé ce projet. A terme, Paris a pour objectif de réaliser 200.000 m² de panneaux solaires. La halle Pajol (XVIIIe) sera l’une des toutes premières centrales solaires photovoltaïques de centre-ville en France. Cependant, Catherine Hurtut confie : « La réalisation de la centrale de la halle Pajol, qui avait été confiée à Dalkia, s’est vue perturbée par la modification des tarifs des mois derniers. Dalkia s’est retiré du projet, et c’est la ville de Paris qui a pris en charge le développement de la centrale. Mais Paris ne pourra supporter tous les projets qui étaient prévus avant les modifications des tarifs. L’équilibre économique a été trop perturbé, et nous attendons pour pouvoir reprendre les projets déjà lancés à Paris. » Le cadastre sera disponible à tous les parisiens à l’automne 2012, gratuitement sur le site de www.paris.fr.
Paris recense aussi ses panneaux solaires
Et ce n’est pas toutParis voit grand au niveau énergie solaire, et se met à vouloir également recenser tous ses panneaux solaires, privés comme publics ! En attendant le cadastre fin 2012, la Ville de Paris, avec l’aide d’institutions publiques (ADEME, bailleurs sociaux,) recense les panneaux solaires déjà installés à Paris. Votre immeuble a sur son toit, sa façade ou sur ses garde-corps des panneaux solaires (photovoltaïques ou thermiques), vous avez maintenant la possibilité de les enregistrer sur le site de la ville de Paris! Cet été, www.paris.fr publiera la première carte des installations solaires de Paris.
Encadré
Qu’est-ce que le programme POLIS ?
POLIS est un programme de coopération européen qui a pour mission d’introduire une prise en compte des apports énergétiques solaires dans la planification urbaine en Europe. Une telle approche permet d’optimiser le développement de l’énergie solaire en milieu urbain et par conséquent de contribuer à un développement plus durable pour les quartiers en construction ou en rénovation. Grâce à cette démarche, l’exploitation de l’énergie solaire devient une composante à part entière et indissociable de la planification urbaine. L’objectif du travail, qui s’étendra sur trois ans est, dans un premier temps, de répertorier et évaluer des exemples de projets « d’urbanisme solaire » en Europe. L’architecture des bâtiments, la disposition des uns par rapport aux autres, ainsi que leurs usages ont un impact direct sur l’exploitation et l’optimisation des apports et de la production solaire. Un réseau d’acteurs, impliqué ou intéressé pour mettre en place une telle démarche, sera constitué et permettra d’échanger sur la thématique au niveau national et européen.
Afin d’aboutir à des projets viables dans le temps, plusieurs paramètres doivent être pris en compte par les différents acteurs de la planification urbaine. De plus, la législation locale et/ou nationale doit en assurer la faisabilité. Plusieurs outils existent ; ils ont été mis en place grâce à des politiques locales favorables au développement du solaire ou suite au développement de programmes solaires urbains. Par ailleurs, la réhabilitation de quartiers et de bâtiments existants ne doit pas être négligée étant donné que ces derniers représentent le gisement urbain le plus important. Cependant, ce type de projets nécessite des compétences spécifiques parfois très différentes de la problématique de la construction neuve et qui sont souvent plus complexes. Les retours d’expériences permettront de conduire des projets solaires urbains pilotes, de produire des plans d’actions plus globaux pour les villes participantes (Paris, Lyon, Munich, Malmö, Lisbonne, Vitoria) ainsi que des outils et guides qui seront mis à disposition pour faciliter le développement du solaire en milieu urbain en Europe.
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