Alors que la barre des 200 GW de panneaux solaires photovoltaïques (PV) installés dans le monde a probablement été dépassée cet été, et que des projets de fermes PV à des coûts compétitifs se multiplient dans plusieurs pays du monde, la société de conseil Alcimed confirme le développement soutenu du solaire PV dans le mix électrique mondial.
L’électricité solaire est devenue compétitive. En effet, son formidable développement ne peut pas tellement être justifié par une amélioration du rendement des panneaux photovoltaïques (aujourd’hui encore limité à ~15-20% pour des technologies classiques sans tracker), mais trouve surtout son explication dans la baisse significative du coût des modules. « L’industrialisation des procédés de fabrication et la baisse du prix du silicium la technologie silicium représentant 90% du marché des panneaux PV a permis au prix des modules de chuter drastiquement », explique Ronan Lucas, Responsable de Missions dans l’équipe Energie et Environnement. De 24€ par Watt en Europe en 1980, les prix de vente de module atteignent aujourd’hui 0,56€ le secteur se consolidant au passage, avec la faillite de nombreuses sociétés.
Ainsi, en fonction des conditions d’ensoleillement et des coûts d’installation, le coût de l’électricité produite à partir de panneaux PV (pour les grands projets au sol) se situe maintenant régulièrement entre 70 et 110 €/MWh. Le solaire devient de plus en plus compétitif avec les autres énergies, aussi bien les nouvelles installations nucléaires (prix d’environ 110 à 120 €/MWh annoncé pour les EPR anglais), que le gaz et le charbon dans certains pays, ou encore que certaines fermes éoliennes onshore. Conséquence directe : dans les pays à fort ensoleillement, et d’autant plus si le prix de gros de l’électricité est élevé et/ou les coûts locaux de construction sont faibles, les projets de fermes solaires sans subvention se développent.
Le Chili, avec un ensoleillement d’environ 3 400 kWh/m²/an (contre 1 400 kWh/m²/an en France) et un prix de l’électricité élevé, est le 1er pays à atteindre une parité « complète », c’est-à -dire que le solaire PV est rentable sans aucun tarif d’achat. Les projets tels que Salvador (Sunpower, 70 MW) ou Luz del Norte (First Solar, 141 MW) produisent une électricité compétitive, vendue au comptant sur le marché spot avant d’être livrée à un des quatre réseaux nationaux. Dans d’autres projets l’électricité est vendue directement à des gros consommateurs, typiquement des compagnies minières.
Une quinzaine d’autres pays sont sur le point d’atteindre cette parité réseau, comme le Maroc, le Mexique ou l’Inde. Les annonces de projets PV avec des prix de vente de plus en plus faibles se multiplient : 58,5 $/MWh à Dubaï, ou même 38,7 $/MWh annoncés en début d’année pour la centrale photovoltaïque Playa Solar 2 de First Solar au Nevada. Un record !
En France pour finir, les réponses les plus compétitives aux derniers appels d’offres pour les projets supérieurs à 5 MW évoquent un prix de 70 €/MWh, prix déjà mentionné par Solaire Direct il y a plus d’un an.
Un avenir radieux pour le solaire, malgré le défi du stockage et de l’intermittence de la production
Avec une baisse du prix des modules qui devrait se poursuivre, nul doute que le solaire PV représentera à moyen terme bien plus que 1 % de la production mondiale d’électricité. Les 16 % prévus par l’Agence Internationale de l’Energie à l’horizon 2050 ont toutes les chances d’être atteints bien avant, et le solaire PV aura certainement une place significative dans le mix énergétique de la plupart des pays du monde.
Cependant, il ne faut pas oublier que le photovoltaïque est une énergie qui produit de manière variable suivant les conditions météorologiques, tout comme l’éolien, et qui ne produit pas la nuit. Des capacités de « back-up » seront alors d’autant plus nécessaires que la part du solaire dans la production électrique sera importante. Si aujourd’hui les capacités existantes comme le charbon ou l’hydraulique peuvent la plupart du temps compenser l’intermittence des énergies renouvelables, bientôt la problématique du stockage à grande échelle va devoir se poser.
Enfin, « le solaire PV pourrait bouleverser les business model classiques du réseau d’électricité », affirme Jean-Philippe Tridant-Bel, Directeur de la BU Energie et Environnement. « En Allemagne, au-delà des fermes solaires de plusieurs MW, les installations en toiture ont également atteint la parité réseau pour les particuliers, avec comme conséquence directe de les orienter vers l’autoconsommation. Si les systèmes de stockage comme les batteries réussissent à devenir compétitifs, les énergéticiens historiques ont de quoi se sentir menacés »
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