Selon un nouveau rapport de Greenpeace, les grandes compagnies pétrolières et gazières ne produisent que 0,3 % de renouvelables

Une nouvelle étude commandée par Greenpeace Central & Eastern Europe s’est penchée sur les rapports annuels de 12 grandes entreprises européennes actives dans le gaz et le pétrole. Elle révèle que leurs engagements climatiques et leurs promesses  de transition vers les énergies renouvelables sont totalement contredites par la réalité. Analyse du rapport en détail !

L’étude de Greenpeace, intitulée The Dirty Dozen, décortique les rapports annuels 2022 de 12 compagnies pétrolières et gazières européennes, dont six majors au niveau mondial. Si la plupart des compagnies analysées ont promis le “net zéro” d’ici 2050, aucune d’entre elles n’a développé de stratégie cohérente pour atteindre cet objectif. Selon le rapport, la grande majorité prévoit au contraire de maintenir, voire d’augmenter sa production de pétrole et de gaz au moins jusqu’en 2030.

 

« Un crime contre le climat et les générations futures »

 

Alors que le monde subit des vagues de chaleur sans précédent, des inondations meurtrières et des tempêtes qui s’intensifient, les grandes sociétés pétrolières s’accrochent à leur modèle économique destructeur et continuent d’alimenter la crise climatique, souligne Hélène Bourges, responsable de la campagne Énergies fossiles à Greenpeace France. Le refus des grandes entreprises pétrolières et gazières de mettre en œuvre un véritable changement est un crime contre le climat et les générations futures”. Le rapport met en exergue le greenwashing massif pratiqué par les entreprises, qui multiplient les techniques de communication pour se donner une image verte et minimiser les impacts négatifs de leurs activités réelles. Les objectifs climatiques des entreprises sont également passés au crible et leur grande faiblesse est pointée du doigt. Dans plusieurs cas, les engagements de réduction des émissions visent seulement les émissions liées aux processus de production. Le reste serait compensé par des solutions très controversées telles que le captage et le stockage du carbone (CSC) ou la compensation des émissions de carbone. Dans la plupart des cas, la plus grande partie des émissions, à savoir les émissions liées à la vente de pétrole et de gaz, est simplement ignorée ou rebaptisée de manière fallacieuse.

 

TotalEnergies ne se distingue pas de ses concurrents européens

Malgré son logo coloré et les prises de parole répétées de son PDG affirmant que l’entreprise agit pour la transition énergétique, les chiffres ne trompent personne :

 

  • En 2022, moins d’1 % de sa production énergétique était issue de sources d’énergies renouvelables.
  • La même année, 88 % de ses investissements étaient toujours fléchés vers les énergies fossiles.
  • Total prévoit en outre d’accroître sa production de gaz et de pétrole dans les années qui viennent.
  • Les poches des actionnaires n’ont jamais été aussi remplies grâce aux énergies fossiles.

 

TotalEnergies ne changera pas son business model à moins d’y être contraint par la loi, sans quoi l’entreprise et tout le secteur continueront à mettre le feu à la planète et à la rendre invivable.

 

Des taxes alourdies pour financer la transition énergétique

 

Greenpeace demande aux gouvernements européens de mettre en place une régulation stricte de l’industrie des énergies fossiles, qui l’oblige à changer de cap notamment en :

 

  • Arrêtant tout nouveau projet d’exploration pétrolière et gazière,
  • Réduisant sa production de combustibles fossiles conformément à l’accord de Paris,
  • Investissant dans des infrastructures véritablement vertes,
  • Augmentant la production d’énergies renouvelables.

 

Les entreprises de combustibles fossiles doivent également être lourdement taxées pour financer la transition énergétique et la solidarité avec les pays touchés par la crise climatique. Enfin, toutes les subventions accordées à l’extraction, à la production, au raffinage et au transport des combustibles fossiles en Europe doivent être progressivement supprimées. Pour rappel, les pratiques de greenwashing de TotalEnergies font l’objet d’un recours, initié par les associations Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous contre TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses, actuellement instruit par le Tribunal judiciaire de Paris et dont la prochaine audience se tiendra le 12 septembre.

Encadré

Quelques éléments-clés du rapport

En moyenne, en 2022, seul 0,3 % de la production des entreprises étudiées provenait des énergies renouvelables.

Seuls 7,3 % (6,57 milliards d’euros) des investissements réalisés par les 12 entreprises en 2022 ont été consacrés aux énergies vertes – les 92,7 % restants (81,52 milliards d’euros) financent les activités habituelles des entreprises fossiles et même leur expansion, dans certains cas [2].

BP, Equinor, Wintershall Dea et TotalEnergies ont même réduit leurs investissements dans les produits sobres en carbone ou renouvelables en 2022, par rapport à 2021.

Les bénéfices des entreprises ont augmenté en moyenne de 75 % en 2022. Leurs investissements n’ont en revanche augmenté que de 37 %. Une très grande partie de ces bénéfices (liés à la crise énergétique) n’a donc pas été réinvestie, mais répartie en dividendes ou en rachats d’actions.

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