Ségolène Royal et Guy Monhée, vice-président du Département de l’Orne et maire de Tourouvre-au-Perche, représentant Alain Lambert, président du Département, ont inauguré jeudi 22 décembre la première route solaire au monde, sur la RD5 à Tourouvre-au-Perche (Orne). Cette route d’un kilomètre, financée par le ministère de l’Environnement, est recouverte de panneaux solaires fabriqués essentiellement au niveau local. Détails !
C’est fait. Depuis le 22 décembre 2016 à 11h00, la France compte un kilomètre de route solaire raccordé au réseau électrique. La ministre Ségolène Royal est venue en personne inaugurer ce tronçon de un kilomètre de long et deux mètres de large unique au monde situé dans l’Orne en Normandie. Le chantier de la route mise au point par Wattway, établissement de Colas, a été lancé le 24 octobre dernier par Ségolène Royal, en application de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Cette nouvelle technologie est sans précédent.
La production électrique de la première route solaire, raccordée au réseau ENEDIS, est estimée à 280 000 kWh par an (soit 800 kWh en moyenne par jour), ce qui correspond à une estimation moyenne de l’éclairage public d’une ville de 5 000 habitants. Au total, 2 800 m² de dalles photovoltaïques imaginées par Wattway recouvrent la RD5 entre la sortie sud de Tourouvre et le croisement de la Nationale 12, au lieu-dit Le Gué-à -Pont. Chaque dalle comprend des cellules carrées de 15 cm de côté constituant une très fine feuille de silicium polycristallin, qui transforme l’énergie solaire en électricité. Elle est traitée pour fournir une adhérence équivalente à celle des enrobées routiers traditionnels. Un abribus, avec panneau solaire, conçu et construit par la société SNA, ainsi qu’une borne de recharge électrique rapide complètent les installations de la première route solaire.
Un panneau d’information à proximité de la route solaire indiquera en temps réelle la production d’énergie de la route solaire et la production cumulée de cette dernière depuis son installation. Ce panneau sera également alimenté par l’électricité produite via les dalles Wattway. Pour Jean-Charles Broizat, directeur de Wattway, ce chantier est une étape importante dans le développement de la route solaire Wattway : « Nous sommes encore en phase d’expérimentation de Wattway. Construire un chantier d’application d’une telle envergure est une réelle opportunité pour notre innovation. Ce site d’application nous a notamment permis d’améliorer nos process d’installation des dalles photovoltaïques ainsi que leur fabrication, afin d’optimiser au mieux notre solution. »
Avec cette première mondiale, la France est à la pointe de l’innovation sur ce nouvel usage de l’énergie solaire : les brevets, la fabrication dans l’Orne (70 emplois) et l’installation de ces panneaux photovoltaïques sont 100 % français. Il est spécifié que les pays qui bénéficient d’un ensoleillement important, notamment sur le continent africain, sont intéressés et se mobilisent fortement quant à l’accès à cette technologie prometteuse. Cette première route solaire au niveau mondial permet d’imaginer, dans un futur proche, une nouvelle fonctionnalité du réseau routier français au service de la transition énergétique pour la croissance verte. Ce programme doit permettre d’évaluer à grande échelle le comportement de la route solaire sous un trafic moyen d’automobiles et de poids lourds.
Ce nouvel usage de l’énergie solaire permet de profiter des grandes surfaces d’infrastructures routières, déjà utilisées aussi bien par les transports, voitures, vélos, piétons, pour produire de l’électricité sans mobiliser de foncier supplémentaire. La multiplication de ce type de projets va permettre la réduction des coûts de réalisation, qui pour ce prototype, ont été pris en charge par le Ministère de l’Environnement. Le Département de l’Orne, propriétaire de la RD5, tout en assurant la maîtrise d’ouvrage, a mis à disposition la chaussée aux entreprises SNA, basée à Tourouvre et chargée de la fabrication des dalles photovoltaïques, et Colas, chargée des travaux routiers.
Ardoise annoncée : 17 € le Wc tout de même ! Un tarif qui fait forcément débat à l’heure où le prix du photovoltaïque connaît à nouveau une forte baisse dans la monde avec des modules annoncés à 0,30 € le Wc dès le début d’année 2017 et un Wc installé au sol et raccordé en dessous de l’euro. Quand on ajoute à cela la complexité de la mise en Å“uvre avec le trafic, les problèmes de sécurité sur une route en « tension », les interrogations autour de la pérennité des modules soumis à de fortes contraintes mécaniques (passage et freinage de poids-lourds), autant dire que le concept de route solaire ne va pas de soi pour certains spécialistes de la filière solaire alors que des millions de m² de toitures attendent encore à être recouverts de panneaux solaires. En toute simplicité
Il n’en reste pas moins qu’après cette première mise en Å“uvre du procédé innovant Wattway sur le site de Tourouvre, l’État va conduire en 2017 un plan d’expérimentation de route solaire sur le réseau routier national, première étape d’un programme de déploiement sur les 4 années à venir. Ainsi, la technologie de la route solaire sera utilisée sur une section de la route nationale 164 en Bretagne, pour un aménagement de places de parking sur l’aire de repos de Marzan sur l’autoroute de l’État (non concédée) RN165. Une expérimentation sera également conduite en 2017 dans le Grand Port Maritime de Marseille. Toujours dans l’objectif de promouvoir le déploiement de la route solaire, la création d’un comité réunissant l’ensemble des acteurs concernés, pour avancer sur le modèle économique de la route solaire.