C’est l’histoire d’une marque européenne plutôt Premium qui tarde à s’imposer vraiment sur le marché français alors qu’elle dispose de tous les atouts pour y parvenir. Le norvégien REC, propriétaire du fabricant norvégien de silicium Elkem , a une relation un tantinet contrariée avec la France. Mais ça, c’était avant.REC veut aujourd’hui faire partie des courtisans actifs. Décryptage de ce nouvel engouement avec Cemil Seber, managing director REC à Munich !
« Je ne peux pas dire que REC a négligé la France mais il est certain que dès 2012 nous nous sommes quand même un peu repliés sur nous-mêmes et avons concentré l’essentiel des ressources en Allemagne » reconnaît Cemil Seber, managing director REC installé dans la capitale de la Bavière. Et autant dire que le marché français a eu de quoi rebuter les acteurs en quête d’équilibre et de stabilité. De stop and go en appels d’offres, de moratoire en incessantes modulations de tarifs d’achat, de systèmes d’intégration en empreinte carbone, la ligne politique du soutien au solaire a davantage eu le profil d’une sinusoïde que d’une droite rectiligne. La course folle d’un canard sans tête !
Accélérer notre présence sur le marché au plus fort potentiel d’Europe
« Chaque pays a eu des approches différentes en matière de développement du solaire mais il est vrai, sans vouloir être critique, que le contexte français a été particulièrement compliqué. Nous avons pris du temps pour savoir comment opérer sur ce marché, pour mieux le comprendre et l’appréhender avant de nous remettre en selle. Nous avons toujours eu une empreinte carbone performante dans laquelle nos clients peuvent avoir confiance. Nous avons aussi la volonté d’accélérer notre présence en France. Quand je vois l’ensoleillement incroyable ici en décembre à Montpellier *, je me dis forcément que la France qui est un pays riche s’affiche comme le marché au plus fort potentiel en Europe, et ce malgré le prix du kWh chez le consommateur final. En tous les cas, la France est super importante pour nous » assure Cemil Seber qui fait preuve de congruence, joignant l’action à la parole, avec l’embauche d’une deuxième personne dans l’Hexagone en appui d’Eric Collet, commercial historique de REC et fin connaisseur du marché français. En fait, REC n’a jamais vraiment développé des produits spécifiques pour le marché français. Et dans une conjoncture largement drivée par les prix qui ont une importance prépondérante dans le système des appels d’offres, REC a toujours joué la prudence face aux dérives constatées. Il n’est pas du genre de la maison norvégienne de brader des produits à prix coûtant ou 30% en dessous des coûts de production comme cela a pu se pratiquer. REC a toujours mis en avant la sécurité et la fiabilité financière de ses partenaires et de ses actionnaires. Perdre de l’argent pour gagner des marchés n’est dans la philosophie de l’entreprise.
Un marché d’acheteurs
Cette posture inflexible a permis à REC de tirer son épingle du jeu sur des marchés mondiaux plus ouverts sans céder à cette infernale cavalerie des prix à la baisse. La spirale induite par les marchés soumis à appels d’offres a en effet scellé le sort de nombreuses entreprises. « Ce type de marché est un « buyers market », un marché d’acheteurs. Ce sont eux qui font le prix. En fait, les acheteurs ont du mal à adhérer au prix qu’on leur propose par rapport à notre scénario de baisse des prix même le plus optimiste. Leur objectif est d’acheter 5 ou 6 centimes plus bas au watt, faisant le pari d’une baisse d’au moins un centime par trimestre. Mais ces pratiques sont intenables à terme. Cela n’a pas de sens » insiste Cemil Seber qui pointe également un problème de règle du jeu avec les certifications d’empreinte carbone en France qui partaient pourtant d’un bon sentiment pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il se trouve que REC, propriété d’un des plus gros fournisseurs de silicium européen Elkem, est bien placé pour juger de certaines pratiques. Qu’elle n’a pas été leur surprise de voir certains modules concurrents affichés des certificats utilisant du silicium Elkem alors que ces fabricants n’avaient aucune relation commerciale avec l’industriel norvégien. On frise la malhonnêteté. En France, REC a également souffert d’un marché de la distribution très éclaté. « Nous ne sommes pas présents dans les supermarchés du solaire, chez ces distributeurs qui commercialisent plusieurs marques. Comment peuvent-ils faire correctement leur travail ? » interroge Cemil Seber. Haute couture versus prêt-à -porter
« REC a fini d’être un suiveur en France »
Et pourtant. REC ne désarme pas dans sa conquête de l’Hexagone. Les responsables estiment en fait disposer de nombreux arguments pour répondre à la demande du marché français qui, il est vrai, a gagné en maturité ces derniers mois. Il y a déjà cette farouche volonté de convaincre les développeurs de choisir l’alternative qui n’est pas forcément la moins chère mais qui affiche de solides garanties de production sur le long terme. En 2019, REC va beaucoup axer sa communication sur le plan qualitatif et la pérennité de ses modules high tech de dernière génération. A ce titre REC vient d’ailleurs de changer ses lignes de production de son usine phare de Singapour pour généraliser la production de modules monocristallins PERC couplé à la technologie N-Peak (voir encadré). « Nous avons également une taille qui intéresse les acteurs français du photovoltaïque avec notre capacité de près de 400 MW par trimestre. Il nous semble également que la raison commence peu à peu par l’emporter sur le marché. Je note une plus grande stabilité des prix depuis plusieurs mois. On va alors s’apercevoir que REC est en fait une marque très compétitive qui n’a plus vocation à être un suiveur sur le marché français mais bien au contraire d’y prendre toute sa part » confie Eric Collet. La volonté et les ambitions sont là pour REC qui vise la tête du peloton, avec un seul petit bémol finalement sur ce marché français qui ne demande qu’à exploser : cette part ridicule de puissance installée hors appel d’offre et cette limite dirimante des 100 kWc. « Cette barrière des 100 kWc est définitivement à changer, tout comme les freins à l’autoconsommation collective. Des renoncements que doit acter le gouvernement comme autant de leviers aptes à doper le marché français sans coût supplémentaire pour la collectivité et même au contraire utiles pour lutter contre la précarité énergétique » conclut Eric Collet.
*Entretien réalisé en décembre lors du salon Energaia
Encadré
REC Group lance la production de modules monocristallins basés sur sa technologie TwinPeak
REC Group vient de démarrer la production de deux nouveaux produits monocristallins basés sur sa technologie TwinPeak primée. Utilisant des cellules monocristallines PERC de type p, le module TwinPeak 2 Mono à 60 cellules offre une puissance de 320 Wp et le module TwinPeak 2S Mono 72 à 72 cellules 380 Wp. Ces panneaux représentent une montée en gamme du portefeuille de REC et seront les premiers produits de l’entreprise à bénéficier d’une nouvelle extension de garantie.
Une puissance nominale accrue au mètre carré
Reposant sur la longue expérience de REC en matière de technologie des demi-cellules, les nouveaux modules monocristallins offrent une puissance nominale accrue au mètre carré et un meilleur rendement en conditions ombragées. Le REC TwinPeak 2 Mono constitue ainsi le choix idéal pour les installations sur les toitures résidentielles et des petits commerces, qui exigent une puissance élevée sur une surface limitée. Plus grand et néanmoins léger avec seulement 22 kg, le REC TwinPeak 2S Mono 72 permet aux centrales et aux installations commerciales de grande envergure de bénéficier d’un coût système réduit de par son format. Les volumes de commande des nouveaux panneaux s’envolent déjà , preuve des avantages évidents de ces produits et de la position affirmée de leader de REC en matière de technologie des demi-cellules PERC. En 2014, le groupe REC a été le premier fabricant à produire en série des panneaux solaires à demi-cellules. ce jour, plus de 2 GW de panneaux REC TwinPeak à demi-cellules ont été installés dans le monde.
Une première mondiale
« Depuis deux décennies, le groupe REC repousse sans cesse les limites de la technologie des cellules solaires. Avec le lancement de TwinPeak en 2014, nous étions les premiers à commercialiser la technologie des demi-cellules. Dans le prolongement du lancement du N-Peak sur lannée 2018, nous transférons à présent notre long savoir-faire dans les produits monocristallins PERC », commente Steve O’Neil, PDG du REC Group. Ces nouveaux produits arrivent seulement quatre mois après le début de la production de la toute nouvelle série REC N-Peak, le premier module solaire au monde à combiner des demi-cellules monocristallines de type n à un concept de double panneau. Comme le N-Peak, les nouveaux modules monocristallins sont fabriqués sur le site de production de REC à Singapour.
Encadré
Les séries REC TwinPeak 2 Mono et TwinPeak 2S Mono 72 en bref :
Pointe jusqu’à 320 Wp pour le panneau à 60 cellules et 380 Wp pour le panneau à 72 cellules
TwinPeak 2S Mono 72 disponible en 1 500 V
Nouvelle garantie premium REC : durée de la garantie produit doublée de 10 à 20 ans ; 0,5 % de dégradation annuelle sur 25 ans de garantie de puissance pour le panneau à 72 cellules, 0,7 % pour la version à 60 cellules
120 ou 144 demi-cellules monocristallines PERC
100 % sans PID
Affichant seulement 22 kg, le panneau à 72 cellules est à la fois léger et robuste grâce à la structure de châssis exclusive de REC
Rendement optimisé en conditions ombragées
Réduction des coûts système
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