Fondée en 2021 à Perpignan, la startup SESA est un acteur innovant dans le secteur de la greentech qui a pour ambition de transformer le paysage agricole. SESA se distingue par le développement d’une ombrière photovoltaïque dynamique un axe, baptisée « Ecotrack ». Dans le monde ultra concurrentiel de l’agrivoltaïsme, Ecotrak se positionne dans la mouvance écolo techno où les modules tournoient comme des papillons au fil des câbles et des pieux en bois, et où des caméras hémisphériques filment l’évolution du ciel et des cultures. L’agrivoltaïsme autrement !
Quand on se rend sur le site expérimental de l’agricampus de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales, l’évidence saute aux yeux. L’intégration paysagère tout en légèreté de l’installation agrivoltaïque EcoTrack développée par SESA est une vraie réussite. L’art du beau au-dessus d’un vignoble en devenir !
Bois et câbles : une division par 10 de l’impact carbone des projets
Les poteaux en bois ainsi que les câbles fins et résistants qui soutiennent les modules tels des mobiles de Calder évoquent un design naturel et esthétique. A l’heure où une Tribune parue dans un grand quotidien et signée par de nombreuses personnalités influentes en matière de lutte contre le changement climatique, pose la question de l’acceptabilité des centrales au sol, la solution EcoTrack apporte une réponse et tombe à point nommé. « L’acceptabilité est au cœur de l’approche d’Ecotrack, une technologie pensée pour réduire l’impact environnemental et paysager des projets agrivoltaïques, pour une meilleure harmonie avec les paysages ruraux. Il faut dire que l’utilisation de près de 50 tonnes d’acier par hectare sur les projets plus conventionnels soulève des inquiétudes quant à cette acceptation » analyse Jean-Baptiste Beyssac, président de la SAS SESA. En choisissant le bois « stockeur » de carbone comme matériau principal pour la structure d’Ecotrack et le câble comme élément de support, SESA divise par 10 l’impact carbone des projets. La filière bois en Occitanie et dans toute la France est en capacité d’assurer un approvisionnement en circuit court des structures. Côté câble, la solution technologique est inspirée des systèmes de transport par câble longues distances (type funiculaire). Conséquences directes : une diminution de l’emprise au sol et un moindre impact paysager ! Sans oublier la possible réversibilité des projets après usage si besoin. EcoTrack, l’agrivoltaïsme vert !
Des caméras hémisphériques filmant l’évolution du ciel et des cultures
Vert sur la forme mais aussi sur le fond dans l’acception la plus vertueuse du terme agrivoltaïque. Le but d’EcoTrack est en effet d’offrir la meilleure synergie entre agriculture et production énergétique en s’appuyant sur des innovations mécaniques et logicielles brevetées qui allient sobriété et performance. Apporter une double valeur ajoutée sur les deux enjeux que sont les transitions énergétique et agricole. Une collision entre deux mondes qui a pour vocation à mettre « le vivant » au cÅ“ur du projet. « Avant toute chose, nous partons de la plante. Nous sommes là pour apporter des services agronomiques. Notre système Ecotrack se distingue par sa capacité à limiter le stress hydrique des plantes, à mieux réguler l’irrigation s’il y a lieu – notre site pilote en est dépourvue -, à protéger les cultures par les panneaux solaires orientables sur un axe permettant notamment de limiter l’impact des aléas climatiques tels que la sécheresse, la grêle via des filets et les fortes chaleurs. Mais EcoTrack c’est aussi une production d’électricité décarbonée qui apporte des compléments de revenus aux agriculteurs dans un partage équitable de la valeur » poursuit Jean-Baptiste Beyssac. Et justement pour un pilotage toujours plus fin d’Ecotrack, SESA a développé une approche prédictive intelligente. Cette approche repose sur un logiciel breveté par le CNRS, AgriPV qui s’appuie sur des algorithmes d’IA (intelligence artificielle) et une instrumentation innovante constituée de caméras hémisphériques filmant l’évolution du ciel et des cultures afin d’optimiser l’orientation des panneaux solaires en temps réel, au plus près des besoins de la plante et pour un partage de la ressource solaire en parfaite synergie. « L’agriculteur élargit ses activités pour devenir ce que l’on appelle chez SESA un « cultivateur de soleil » » confie le jeune président.
« Le solaire est l’avenir de l’agriculture »
En matière agricole, SESA est signataire d’une convention cadre avec l’agricampus 66 qui a donc accueilli sur un de ses terrains agricoles le démonstrateur d’Ecotrack dans le cadre d’une expérimentation sur la parcelle de vignes concernée. « Nous sommes ravis d’accueillir ce démonstrateur PV sur notre campus qui permet d’apporter au débat et à la contradiction en matière d’agrivoltaïsme et de former les agriculteurs de demain » se réjouit Sébastien Meunier directeur de l’agrocampus. La Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales est également de la partie pour le suivi agronomique de la parcelle. « Nous allons étudier comment pousse la vigne, la vigueur et la taille des sarments, le volume foliaire, le poids de la récolte et les profils organoleptiques » indique Julien Thierry, responsable viticulture à la chambre enthousiaste à l’idée de travailler sur ses sujets où la viticulture se combine à la production d’énergie. Pour André Joffre, président du pôle DERBI, lui aussi présent lors de l’inauguration de ce site expérimental, il ne fait pas de doute que la technologie de l’agrivoltaïsme a de beaux jours devant elle. « Je vais vous dire, je suis persuadé que le solaire est l’avenir de l’agriculture. Il n’y a qu’à voir aux Pays-Bas où agriculture et énergie sont liées. De mon côté, je ne vois aucun problème à ce que le solaire rapporte plus de revenus que l’agriculture. Il n’y a pas de fatalité à cela. L’important pour les agriculteurs est de faire les deux. Et c’est le plus possible aux agriculteurs de porter les projets agrivoltaïques avec l’aide des pouvoirs publics s’il le faut » conclut-il avec sa volubilité habituelle. Bien née, la technologie EcoTrack doit à présent trouver un modèle économique viable à travers de substantielles économies d’échelle dans un secteur où la concurrence fait rage. Ses fondateurs n’ont, en tous les cas, pas du mal à toucher du bois, pour concrétiser cette belle promesse industrielle…
Encadrés
SESA en quelques chiffres
SESA est labellisée Deeptech par Bpifrance et s’est entourée d’un réseau de partenaires industriels tels que EDF Renouvelables et POMA. En collaboration avec ce dernier, SESA propose une solution clé en main (structure et logiciel) aux développeurs de projets, en maîtrisant tous les maillons de la chaîne de valeur : conception, fabrication, installation, construction et maintenance. SESA souhaite ainsi accélérer l’accès au marché à grande échelle en s’appuyant sur le savoir-faire et les infrastructures industrielles de POMA, leader dans les systèmes de transport par câble depuis 1936.  La startup bénéficie également du soutien de la Région Occitanie et de l’accompagnement de l’agence AD’OCC.
SESA affiche de belles ambitions pour les prochaines années sur les marchés français et européens et vise une levée de fonds de 2 millions d’euros d’ici 2025 pour se donner les moyens de les réaliser. Parmi ses projets phares, la startup prévoit également la création d’un laboratoire R&D à ciel ouvert dédié à la l’innovation technologique. Plusieurs grands comptes suivent déjà de près la technologie innovante de la startup et certains utilisent même le logiciel qu’elle a développé. Première centrale opérationnelle dès 2026 !