Reportage /Station de lavage et photovoltaïque : Thomas Salabert, le garagiste écolo solaire 2.0

A Saint-Génis des Fontaines dans le Roussillon (66), il est un garagiste qui aime à prendre les devants face aux nouveaux aléas qui bouscule sa profession. Sa philosophie bien ancrée : l’économie des ressources. Que ce soit pour l’eau recyclée à 80% au sein de sa station de lavage ou pour l’énergie avec une large couverture solaire de ses besoins, et bientôt de ceux de ses clients avec la mobilité électrique, Thomas Salabert n’insulte pas l’avenir. Portrait d’un homme d’action qui esquisse un futur à la bagnole dans la sobriété !

« La bagnole moi, j’adore » affirme dès qu’il en a l’occasion le président Emmanuel Macron. De quoi s’attirer l’ire des écologistes et de tous les contempteurs de la chose automobile. Il est certain aujourd’hui que la seule évocation de la voiture cristallise bon nombre de crispations en matière, notamment, d’émissions de gaz à effet de serre incontrôlées et incontrôlables.

Pour survivre, notre métier de garagiste va devoir se diversifier

Au pied des Albères, dans les Pyrénées-Orientales, Thomas Salabert, garagiste de son état, s’est fixé une mission : réconcilier les deux mondes, entre ceux qui vitupèrent la bagnole et ceux, pour lesquels, elle est un moyen vital d’existence dans une province rurale émaillée de ronds-points et de grandes surfaces en périphérie. Après une vingtaine d’année dans l’armée (aviation et pétrole), il décide, en 2020, de reprendre le garage paternel, qui avec 45 ans au service de la marque s’était installé Agent RENAULT DACIA depuis 2006 en Pays Catalan et distributeur LIGIER PROFESSIONNEL. Autour d’un constat. Le métier de garagiste de mécanique générale ne serait-il pas en sursis avec l’arrivée des véhicules électriques ? Ces derniers ne nécessitent que peu d’entretien et devraient mettre à mal le métier de MRA (Mécanicien Réparateur Automobile). « Pour survivre, notre métier va devoir se diversifier, se tourner vers la vente de véhicules électriques particuliers et utilitaires pour répondre à la logistique du dernier kilomètre, mais aussi vers le retrofit des véhicules de collection ou la location. Après une analyse de marché, j’ai opté pour une stratégie de développement suivant trois axes prioritaires : économique, social et écologique sur fond de virage vers la mobilité électrique. Le tout avec filigrane un raisonnement autour de la RSE. Je me suis entouré des meilleurs dans leur domaine. Après quelques lectures provenant notamment de la Fondation Nicolas Hulot pour mieux comprendre les schémas de l’économie circulaire et comment concrètement s’inscrire dans une démarche d’économie de la ressource. Pour le solaire, je me suis entouré de l’expertise du bureau d’études Tecsol dont le siège est seulement à quelques kilomètres du garage » précise Thomas Salabert.

L’avenir de la mobilité électrique est dans le solaire

En quelques mois, le garage de Thomas Salabert est donc devenu un indéniable point d’attractivité des Pyrénées catalanes. Sur le parking, des ombrières solaires (92 kWc) en revente totale protègent le parc automobile. Elles ont été très utiles lors des violentes averses de grêle de fin d’été. Sur le toit du garage, les 7,5 kWc de modules LR4 60 HIH LONGI couplés à des onduleurs Huawei ont été installés pour de l’autoconsommation. « Le bilan laisse apparaître que la production solaire sera autoconsommée à près de 85% pour une couverture des besoins d’environ 30% du garage et de l’atelier. Concrètement, cette autoconsommation compense la hausse du prix de l’énergie, investissement déduit. La station de lavage également recouvertes de modules solaires (6kWc) en autoconsommation verra elle aussi une large partie de ses besoins en électricité couverts par le photovoltaïque » analyse Henri Saurine, ingénieur PV au bureau d’études Tecsol en charge du projet. Et Thomas Salabert d’avoir fait savamment ses petits calculs arguant que la production solaire des ombrières équivalait à la consommation de 200 Zoé qui roulerait 10 000 kilomètres par an. « Mon idée est de vendre des véhicules électriques mais d’un autre côté de fournir au réseau, auquel sont connectés mes clients, de l’électricité solaire verte dans une logique de circuit-court de l’énergie et de circularité » poursuit le garagiste qui a installé deux bornes de recharge « solaire » de 22 kW pour son parc et prochainement pour ses clients.

Une station de lavage sobre en eau et en énergie

La circularité, Thomas Salabert l’a aussi voulue pour sa station solarisée de lavage, à l’extrême sobriété. Lors de l’épisode de grande sécheresse de l’été 2023 dans les Pyrénées-Orientales, sa station de lavage faisait partie des rares à pouvoir accueillir des clients. Un arrêté préfectoral n’autorisait en effet le lavage qu’au sein des stations de lavage professionnelles équipées d’un système de recyclage de l’eau (à minimum 70 % d’eau recyclée). « Ma station dispose d’un recyclage à 80%, le reste de la cuve souterraine de 90m³ étant alimenté par de l’eau de pluie. L’agence de l’eau RMC et la Région occitanie m’ont soutenu sur ce projet novateur. Et avec le solaire, elle est également très sobre en énergie » assure Thomas Salabert. Là encore, l’homme est prévoyant, anticipant les effets du réchauffement climatique (sècheresse, grêle, pluies sahariennes…) dans le sud de la France, à la lisière de l’Espagne. Pour Thomas Salabert, l’intelligence est avant tout de trouver des solutions aux problèmes qui se posent et si possible avant qu’ils ne se posent. Et de les mettre en pratique autour d’un investissement global de près de 700 000 euros… Le prix d’une adaptation raisonné aux nouveaux modes de mobilité et aux sécheresses à venir !

Encadré

Les partenaires du projet

 

Bureau d’études Tecsol

Installateur PV Cégélec perpignan

Structure ombrière Bec et Cie

LONGi pour les modules, Huawei pour les onduleurs

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