2021 a été une année chargée pour le solaire en France : publication de futurs scénarios de développement, nouveaux cadres pour les tarifs de rachat et les appels d’offres, nouveaux bâtiments relevant des exigences obligatoires pour les toits solaires, nouveaux objectifs pour le solaire sur les bâtiments publics et campagne de sensibilisation pour le solaire communautaire… Avec en prime une nouvelle capacité record installée de 3,3 GW !
Le décret de programmation énergétique nationale (PPE) pour le photovoltaïque vise 20,6 GW de photovoltaïque en 2023 et un objectif 2028 de 35,6 GW à 44,5 GW. Des scénarios à long terme ont été établi à la fois par RTE et l’agence environnementale (ADEME), soulignant le besoin d’au moins 70 GW et jusqu’à 200 GW en 2050 si la neutralité carbone doit être atteinte d’ici là .
En 2021, la capacité photovoltaïque nationale a donc augmenté d’un niveau presque sans précédent de 3,3 GW DC, (le triple du volume 2020 qui avait plafonné à 1 GW), pour une capacité cumulée de près de 17 GW. Plus des 2/3 de la nouvelle capacité sont des systèmes à l’échelle industrielle et utilities.
Environ 10 % de la nouvelle capacité correspond à des systèmes en autoconsommation. Les modèles d’autoconsommation restent marginaux pour les systèmes industriels. Plus de 90 % de la capacité en autoconsommation relèvent de systèmes résidentiels et des installations de moins de 100 kW sur du commercial ou du tertiaire. Généralement associés à des tarifs de rachat pour la facturation nette !
En France, les projets passent de l’obtention de l’approbation d’urbanisme (permis de construire) à l’entrée dans le file d’attente de connexion au réseau jusqu’à la mise en service. Plus de 4 GW de nouveaux projets sont entrés dans la file d’attente de raccordement en 2021, portant la file d’attente à environ 10 GW de projets, dont près de 3 GW avec des contrats DSO (Days Sales Outstanding). Le nouveau cadre des tarifs de rachat a entraîné une explosion des demandes de raccordement au réseau sur le segment nouvellement accessible de 100 kW à 500 kW, avec des volumes trimestriels précédents compris entre 30 MW et 80 MW gonflés à 700 MW au cours du 4ème trimestre, après l’entrée en vigueur du nouveau cadre. Avec des délais plus longs que les plus petits projets, et du temps de préparation, les gestionnaires de réseau ont pu pour la plupart traiter les demandes de manière opportune.
Quid des perspectives ? La tension mondiale sur les marchés de l’approvisionnement solaire aura un impact sur les nouvelles capacités en 2022, avec une forte demande du marché local alors que les coûts de l’électricité montent en flèche. De quoi exacerber les longs délais de livraison pour les onduleurs et la hausse continue des coûts des modules !
Les développeurs de projets ont ainsi, soit reporté des projets car les coûts des nouveaux matériaux dépassent toute possibilité d’une marge bénéficiaire, soit au contraire accéléré les chantiers là où c’était possible pour éviter les futures augmentations de coûts, dans un marché difficile à prévoir.
Le segment nouvellement ouvert des systèmes 100kW à 500 kW tirera encore probablement le marché en 2022, avec environ 600 MW qui devraient être prêts pour la mise en service en fin d’année ou début 2023. A une condition : que les installateurs puissent accéder aux modules et aux onduleurs. Cependant, de nombreux acteurs de l’industrie considèrent que la capacité installée de 2022 est susceptible d’être très inférieure à 2021, en raison de la hausse des coûts et des problèmes de chaîne d’approvisionnement.
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