En 1946, EDF est nationalisée. L’Assemblée Nationale vote la loi de nationalisation du secteur de l’énergie. Le transport et la distribution de l’électricité deviennent publics. Dans ce sillage, nombre de sociétés électriques sont devenues de grandes entreprises comme Merlin Gerin ou Schneider Electric mais aussi de grands groupes de distribution électrique, tels Rexel ou Sonepar. Tous ces groupes sont aujourd’hui des leaders mondiaux de l’électricité. Sans la puissance publique qui a initié ce mouvement, ces groupes n’existeraient pas. En 1963, EDF produit pour la première fois de l’électricité nucléaire. EDF met en service la centrale de Chinon, qui est la première centrale nucléaire exploitée sur le territoire français par EDF.
Il y a 50 ans, le 1er décembre 1958, plusieurs sociétés des groupes Schneider, Merlin-Guérin et Westinghouse créent Framatome qui nait donc d’un pari technologique (avec 4 personnes). Framatome va progressivement se développer en une société d’ingénierie nucléaire puis en société reconnue mondialement pour ses réalisations. Sa première commande date de septembre1961. Se profile alors un réel défi industriel que très peu de personnes croyaient Framatome capable de relever. Framatome et Creusot Loire avaient basé leurs prévisions les plus optimistes sur la construction d’une ou deux centrales par an et s’étaient équipés en conséquence, mais EDF demande en 1973 de quadrupler le nombre de centrales fournies annuellement. Ceci va entrainer un formidable pari.
Une évolution exemplaire à partir d’un pari technologique osé amènera donc un bureau d’ingénierie de taille très modeste à un groupe international renommé. En 35 ans, plus de 70 réacteurs seront mis en service. Framatome passe de 25 personnes en 1969 à 5000 en 1982.
Cette épopée extraordinaire fut le fruit d’un fabuleux effort commun. Les dirigeants d’EDF acceptèrent de déléguer le lotissement de la chaudière à l’industriel devenu partenaire. Enfin, il faut souligner le soutien sans faille des pouvoirs publics. Citons les propos d’un dirigeant d’EDF qui écrivait : «Il a fallu courir les 24h du Mans en prenant le départ en 2CV pour finir dans la même voiture transformée en Ferrari pendant l’épreuve ». «Il faut méditer l’exemple de Framatome. Aujourd’hui, la gestion se limite au possible, la dimension de la conquête semble avoir disparu. Il y a 20 ans, des hommes se sont concentrés sur un immense effort commun pour rendre possible ce qui était souhaitable.» (Forum Les Echos)
L’avenir n’est plus au nucléaire mais bien aux énergies renouvelables. Nous en sommes exactement au même point qu’en 1946 ou en 1963, sauf qu’il s’agit aujourd’hui des énergies renouvelables. Une filière des énergies renouvelables peut émerger. Elle peut devenir, dans 10 ou 15 ans, une référence mondiale. Mais pour cela, il faut le soutien sans faille des pouvoirs publics. Le pari engagé, il y a 50 ans pour le nucléaire, doit aujourd’hui être engagé pour les énergies renouvelables. La stratégie des dirigeants d’EDF, aujourd’hui, n’est pas de partager cet effort, ni d’être une locomotive industrielle, mais bien de s’arroger tous les fruits que peuvent porter les énergies renouvelables. En faisant cela, EDF prive la France d’un secteur photovoltaïque de premier ordre. EDF a choisi de sacrifier des milliers d’emplois d’installateurs photovoltaïques ainsi que l’industrie naissante pour conserver sa position dominante et peur de la concurrence. Le gouvernement par ses différents choix cautionne cette stratégie. La catastrophe du Japon prouve l’aveuglement de nos dirigeants qui misent sur le tout nucléaire, sous-estimant les dangers potentiels, mais bien réels d’une telle stratégie.
Plus d’infos…