Le Conseil Européen de l’Industrie Solaire (ESMC) vient de donner son avis sur l’étude réalisée par la Commission Européenne et portant sur les modules, les onduleurs et les systèmes photovoltaïques solaires, sur l’éco-conception, le label énergétique, le label écologique de l’UE et les marchés publics écologiques de l’UE. Le Conseil estime que cette étude préparatoire en matière d’éco-conception devrait mieux refléter la situation du marché et de la technologie et devrait être fondée sur les dernières données disponibles. Il convient également de se concentrer définitivement sur les produits et leur production plutôt que sur leur lieu d’installation, ce qui n’a aucun sens en ce qui concerne l’empreinte écologique. Enfin, la question de l’empreinte carbone devrait être au cÅ“ur des politiques, avec au moins une norme européenne d’émission de carbone moyenne et la possibilité pour certains États membres d’imposer des mesures plus contraignantes.
Réponse aux tâches 6 et 7 de l’étude préparatoire
• Introduction: « Nous estimons que l’étude préparatoire doit représenter le plus fidèlement possible la situation du développement du photovoltaïque en Europe et devrait être utilisée comme un outil permettant d’améliorer la qualité environnementale des produits photovoltaïques, mais aussi comme un moyen de redévelopper la fabrication industrielle du photovoltaïque en Europe. Jusqu’ici, nous ne sommes pas convaincus que la direction envisagée pourrait conduire à de telles améliorations. Les propositions les plus récentes pour les tâches 6 et 7 semblent aller dans la mauvaise direction. Les principaux sujets de préoccupation sont les suivants:
• Empreinte CO2: l’énergie primaire est utilisée comme indicateur principal en lieu et place des émissions de carbone. La politique de l’UE devrait contribuer à l’objectif européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’indicateur principal devrait donc être choisi pour refléter cet objectif politique, à savoir la mesure des émissions de carbone ou de gaz à effet de serre directement en tant qu’indicateur principal (éventuellement en plus de l’énergie primaire et au même niveau). Utiliser uniquement la consommation d’énergie primaire comme indicateur principal fausserait considérablement l’image et favoriserait les acteurs existants dans certaines technologies de niche.
• Exactitude des données: jusqu’à présent, l’année de référence est 2016 et les données utilisées datent en partie de 2010/11. Ceci est bien sûr totalement obsolète dans le secteur en pleine expansion du photovoltaïque et donc inacceptable. Cela impliquerait que la plupart des modules (> 90%) recevraient aujourd’hui le label écologique, ce qui le rendrait presque inutile et potentiellement contre-productif pour l’innovation. Les données devraient être aussi récentes que possible et nous suggérons d’utiliser 2018 comme année de base. Il est essentiel que la même année soit utilisée pour toutes les technologies, sinon elles ne sont pas comparables. La rapidité avec laquelle les technologies PV évoluent à l’heure actuelle nécessiterait de réviser les données régulièrement, idéalement tous les six mois, au moins d’un point de vue qualitatif.
• Lieu de production: le Centre Commun de Recherche (CCR) propose de prendre en compte l’emplacement de l’installation et de l’utilisation du module / système, mais pas l’impact de l’emplacement de production des modules. L’objectif de la politique devrait être d’aider à faire les bons choix de produits pour un projet donné, ce qui signifie offrir la possibilité de choisir un produit ayant le plus faible impact sur l’environnement. Cela signifie que l’emplacement où il va être installé est indiqué, alors que cette politique doit permettre de choisir un produit fabriqué dans un endroit qui minimise l’empreinte environnementale. Cela peut constituer une différenciation positive pour les fabricants européens. La teneur en carbone du mix électrique devrait être considérée par défaut comme une moyenne pour l’Europe, avec la possibilité pour certains pays d’appliquer des règles plus contraignantes.
Emplois en amont: le CCR affirme que la majorité des emplois se situent en aval de la chaîne de valeur et que, par conséquent, les options politiques favorisant les activités en aval plutôt qu’en amont (fabrication) devraient être privilégiées. C’est une vision fausse de la situation:
o Premièrement, l’objectif principal des politiques examinées ici n’est pas tant d’augmenter le volume de PV, mais de faciliter le choix des produits les meilleurs et les plus respectueux de l’environnement. Cela ne concerne pas les installations en aval mais les produits et leur production. Par conséquent, les politiques devraient faire pression pour que les produits soient de meilleure qualité environnementale, qu’il s’agisse de produits importés ou fabriqués localement.
o Deuxièmement, si toutes les installations devaient provenir d’importations, les importateurs auraient plutôt tendance à ne pas imposer de restrictions réglementaires en matière d’environnement, avec un marché photovoltaïque concentré à 92% en dehors de l’Union européenne (IEA-PVPS: aperçu des marchés mondiaux du photovoltaïque 2018).
o Troisièmement, les types d’emplois liés au secteur en aval sont généralement des emplois qui requièrent une qualification assez faible. Les installateurs sont des électriciens et des travailleurs du secteur du bâtiment, tandis que la partie amont de la chaîne de valeur emploie des ingénieurs et des scientifiques hautement qualifiés. L’opposition de nombreux décideurs européens à un développement majeur de l’énergie solaire photovoltaïque vient de la crainte de perdre des emplois bien rémunérés et hautement qualifiés dans le secteur en amont qui ne peuvent être remplacés par des emplois en aval.