Par Alexandra Batlle, secrétaire général de Tecsol
Le Mercosur est le symptôme d’un mal être. Il est une plaie sur un corps qui a besoin de soins. Que de courage il faut, pour guérir ! Le Mercosur est d’abord le symptôme de l’inertie du système européen, du court-termisme des politiques rustines et des médias, pris dans une course folle, aux votes et à l’audience.
C’est une plaie pour les agriculteurs. Les agriculteurs sont en colère, de l’éternel retour des raisins de la colère. Cette colère grandit dans l’injustice, celle de la concurrence déloyale, des aléas climatiques, de travailler plus pour gagner toujours moins. La plaie s’infecte. La douleur conduit au complotisme et à la montée du populisme.
Le besoin de soins est donc criant. Prendre soin de nos terres agricoles, de ce que nous mettons dans nos assiettes. Prendre soin de nos agriculteurs, de nos médecins, de nos bonnes volontés.  Avant que le système de santé ne craque et que la sécurité sociale ne s’effondre, par asphyxie budgétaire.  Cela demande du courage. Cela demande de dire non. Cela demande de l’impopularité. Cela demande de perdre des élections.  Cela demande du sacrifice, d’abord politique.
Mais l’espoir passe par le sacrifice, celui de l’ego. C’est toute la légèreté de l’être et son insoutenabilité, cette difficulté à regarder large pour le bien commun. Dans le hic et nunc, on veut défendre ses intérêts et trouver un plaisir à la vie. Car on ne replonge pas deux fois dans le même bain, alors sauve qui peut.
« Quand c’est urgent, c’est déjà trop tard. » Il y a pourtant des sources de lumière. L’enfance est notre avenir, si les écrans ne l’annihilent pas. Le poulpe est un être incroyablement intelligent mais incapable de transmission. L’Homme a la mémoire collective, il peut éviter de renouveler les erreurs du passé. Bien progresser, c’est être pragmatique, accepter de détruire de la valeur ici pour en créer là . C’est rester maître de la technologie et de ce que nous voulons faire des outils que l’intelligence humaine est capable de développer.
On lit un rejet de l’agrivoltaïsme. « La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a, de son côté, déposé lundi des panneaux solaires devant la chambre d’agriculture de Corrèze pour dénoncer le grignotage des terres par des projets énergétiques ». Les sujets s’amalgament, à l’approche des élections dans les chambres d’agriculture. L’agrivoltaïsme prend une balle perdue dans l’actualité du Mercosur. C’est pourtant un exemple de solution. L’Etat a mis de longues années à définir un cadre. Trop longtemps. Le diable est dans les détails, ou plutôt de s’arrêter sur des détails. Des détails grossis à la loupe déchaînant les passions, masquant l’enjeu profond.
Des détails qui rythment la valse des hauts fonctionnaires. Ces derniers ne sont pas légion dans certains domaines. Ils arrivent et quittent leur poste rapidement, après essorage. Rentrer en cabinet avec un diplôme X est une trajectoire magnétique. Trop longtemps. Mais le cadre existe. C’est un grand mérite.
Le sujet de l’énergie est un sujet épineux. De l’énergie, pour quels besoins. De l’énergie, comment, avec quel mix. De l’énergie, au sacrifice de quoi.
Il y a des choix à faire donc de la crispation. Autour de l’habitabilité au sens large, à commencer par la destruction de la biodiversité. Le sujet agricole est un autre sujet épineux. Un peu avec les mêmes questions. Superposer les deux sujets, ce n’est pas superposer les problèmes. C’est penser l’un comme solution de l’autre.
C’est voir que parmi les énergies, le photovoltaïque coche beaucoup de cases, entre impact carbone et localisme. L’agrivoltaïsme, c’est donner une valeur à des terres qui risquent de ne plus en avoir. C’est alimenter nos cantines scolaires et nos Ehpad, en circuit-court. Pour manger et aussi pour s’éclairer, si c’est couplé à de l’autoconsommation collective, une autre bonne idée. Entre le blanc et le noir, il est tellement de nuances, comme autant de chances de sourire à l’avenir. Avec pragmatisme, audace et courage.