Panorama des producteurs d'électricité européens : les renouvelables pour faire face à la crise

Le cabinet de conseil en management Colombus Consulting publie les résultats de son étude « Santé financière des producteurs d’électricité : quelles stratégies face à la crise? ». 15 des plus gros producteurs européens sont ainsi passés au crible, dans un contexte de prix bas et de surcapacité de production. Colombus Consulting dresse ainsi le portrait de trois stratégies dominantes adoptées par les power utilities, face à un marché européen durablement dégradé.

La santé financière des producteurs d’électricité fortement affectée par la conjoncture

Le contexte tendu du marché de l’énergie a entrainé la baisse du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel (EBITDA) de 11 des 15 plus grandes entreprises du secteur entre 2013 et 2015, malgré la reprise de la croissance économique en Europe. La baisse du prix de l’électricité sous les 30€/MWh fin 2015 ne laisse pas entrevoir une amélioration rapide de la situation financière des producteurs d’électricité. Pour Christophe Bailey, associé du cabinet Colombus Consulting : « L’analyse des données économiques et des résultats financiers de 2013 à 2015 montre que les grands producteurs d’électricité subissent les conséquences de la chute du marché et du contexte économique morose. Cela se traduit par la baisse de leur chiffre d’affaires et de l’EBITDA. Nous observons également que les stratégies financières de court-terme ne permettent pas de rassurer les investisseurs, au regard de l’évolution de certains ratios financiers mais aussi des cours de Bourse, marqueurs de la confiance. Par ailleurs, la profonde transformation du secteur de l’énergie ne crée pas les conditions favorables aux investissements. »

D’autre part, la consommation d’électricité au sein de l’Union Européenne connaît un déclin marqué depuis 2010 (-5%). Au contraire, la capacité installée ne cesse d’augmenter sous l’impulsion du développement des énergies renouvelables (+10%). En conséquence de cette dégradation au niveau européen, les producteurs d’électricité cherchent à préserver leurs ratios financiers, en contrôlant leur dette financière et en préservant la rentabilité des actifs. « La vente ou la dépréciation des actifs thermiques, dont la rentabilité est la plus affectée, a permis de maintenir le niveau de rentabilité des actifs à un niveau proche de celui d’avant la crise (7% au 31.12.2015 contre 9% au
31.12.2013) », souligne Yann Gobert, consultant chez Colombus Consulting.

Cependant, les performances boursières des producteurs d’électricité révèlent une crise de confiance auprès des investisseurs, remettant en cause les modèles historiques de production : – 30 % pour les utilities analysées sur la période 2011-2016 (Indice EURO StOXX/BCP CT). « Les mesures de sauvegarde des ratios financiers ne suffisent pas à restaurer la confiance des investisseurs en raison de la persistance de déséquilibres structurels (prix bas) et de la perspective d’un mur d’investissement (maintenance et nouveaux investissements) », analyse Adrien Aristide, consultant chez Colombus Consulting.

Augmentation de la production provenant des EnR

Les grands producteurs d’électricité européens se voient dans l’obligation de faire évoluer leurs activités en profondeur. En termes de capacité installée, ils ont augmenté leur production provenant des énergies renouvelables de 8 GW entre 2013 et 2015 (hors hydro), tandis que la production provenant du thermique diminuait de 54 GW sur le même temps. En termes de diversification géographique, 28 % de leur chiffre d’affaires est réalisé hors UE fin
2015 contre 23 % fin 2013. Mais les orientations stratégiques adoptées diffèrent.

ENGIE met en avant la refonte de sa stratégie vers des activités bas-carbone (dépréciation des actifs de production thermiques, rachat d’acteurs du renouvelable, promotion d’un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables et le biogaz).
E.ON a acté la séparation des actifs qui produisent du CO2 et scindé l’entreprise en deux entités distinctes où E.ON conserve le périmètre renouvelable, nucléaire et réseau.
RWE a fait le choix contraire en se séparant de ses activités Renouvelable, Transport et Distribution.
EDF concentre ses investissements sur la prolongation de son parc nucléaire (Grand Carénage) et la construction d’EPR (Flamanville, Hinkley Point).
Consulter l’étude…

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