Jeudi 1er Décembre dernier avait lieu au Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, la 4ème édition de la Conférence EnR Entreprise, organisée par l’Institut Orygeen. Cet événement a permis aux participants de mieux comprendre les solutions EnR, les enjeux RSE, le rôle des entreprises dans la transition énergétique mondiale ainsi que le chemin parcouru par nos entreprises françaises sur la voie de la décarbonisation depuis la précédente édition de la conférence. Dans un contexte d’envolée des prix de l’énergie, les experts présents ont beaucoup insisté sur la nécessité de faciliter l’accès aux énergies renouvelables, tant au niveau de la disponibilité des volumes qu’à leur compétitivité économique. Sur fond de crise, ils ont été unanimes sur l’opportunité extraordinaire que représente les énergies renouvelables pour concilier visibilité long terme sur les couts, décarbonation des activités et indépendance énergétique de l’Europe. Avec cette année encore, une forte mobilisation pour la Planète !
La Conférence EnR Entreprises parrainée par l’ADEME, le Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance et le Ministère de la Transition Écologique a encore une fois connu un franc succès avec ses :
§ 29 intervenants représentant les entreprises et acteurs engagés dans l’adoption des énergies renouvelables comme, Orange, Danone, Décathlon, SNCF, Google, la Poste, Plastic Omnium, Boralex, IPSEN, Carrefour, Le groupe Avril, ou encore Getlink.
§ 250 participants en présentiel et en distanciel représentants de nombreux secteurs d’activité tels que les industries agroalimentaires ou de la construction, les secteurs du luxe, de l’aviation, de la grande distribution, des télécoms ou encore du divertissement.
§ 7 tables rondes organisées autour de discussions favorisant la compréhension des besoins EnR, des enjeux et des solutions à la portée des entreprises.
§ 3 keynotes qui nous ont permis de mieux comprendre la responsabilité des entreprises et d’avoir une vue internationale.
La crise énergétique et l’envolée des prix accélèrent les actions des entreprises vers les solutions de décarbonation qu’apportent les ENR, qui représentent désormais un réel levier pour leur compétitivité. Le Traité de Paris qui prévoit d’atteindre la neutralité carbone en France d’ici à 2050 et la COP 2022 qui s’est tenue il y a quelques semaines confirme un engagement planétaire croissant dans la lutte contre le réchauffement climatique, de la part des pouvoirs publics, acteurs privés et particuliers. Les prix de l’énergie atteignant des sommets inégalés, la sobriété et l’utilisation d’énergies non fossiles par les entreprises représentent aujourd’hui un véritable levier pour maîtriser leurs coûts tout en répondant aux injonctions croissantes de leur parties prenantes et de leurs employés en particulier.
Le soutien des pouvoirs publics
Adrien Thirion, Chef du Pôle Energie au Ministère de l’Économie, lors du discours d’ouverture de la conférence est venu confirmer les objectifs ambitieux de la France en matière de transition énergétique pour l’électricité mais aussi pour le gaz. En effet, Bercy prévoit que d’ici à 2050 35% de la consommation électrique en France sera issue d’une production constituée de 100 GW d’énergie solaire et 40 GW en éolien offshore. Le Ministère soutient la décarbonisation de l’Industrie avec le programme “France 2030” tout en mettant en place un mécanisme d’ajustement aux frontières et en donnant à long terme de la stabilité sur les prix de l’électricité. Il souhaite encourager les corporates PPA comme instrument de visibilité des prix pour les industriels. Un fonds de garantie pour sécuriser la contrepartie financière des contrats PPA est en cours de mise en place. La loi énergie devrait également permettre de continuer l’accélération de l’adoption des EnR en permettant, entre autres, la signature de contrats PPA partagés entre Etat et entreprises et en facilitant les contrats multi acheteurs type Excelsium. Stefano Soro, Head of Unit Green and Circular Economy European
Commission DG Internal Market, Industry, Entrepreneurship and SMEs a partagé les actions menées à Bruxelles, notamment le Pacte Vert en phase de négociation finale et qui inclut une extension du système de quota carbone ETS au transport et au bâtiment. Le programme Repower EU qui vise à renforcer l’indépendance énergétique de l’Europe a déjà permis de réduire de 7% la consommation de gaz en provenance de la Russie.
Où en sont les entreprises en France ?
L’envolée des prix de l’énergie est bien réelle, chez les gros industriels présents et l’augmentation du prix de l’énergie se compte en 100aine de millions d’euros. Il est donc essentiel d’agir et d’explorer toutes les alternatives aux solutions énergétiques carbonées, comme les PPA, la migration vers la production de chaleur renouvelable ou l’hydrogène décarboné. Métro couvre ainsi 40% de sa consommation avec les PPA et a également déployé des solutions d’autoconsommation sur site économisant ainsi des dizaines de millions d’euros au prix actuel de l’électricité. Getlink, Boralex ou encore le Groupe Avril ont présenté leurs initiatives et futurs plans en matière d’énergies renouvelables. Par exemple, le Groupe Avril couvre depuis 2011, 60% de sa consommation de chaleur via des chaudières biomasse utilisant les coques de Tournesol, sur 3 de ses sites de production Selon Philippe Guinot (pHYnix), la production d’hydrogène vert par électrolyse sera demain le lien entre la décarbonation de l’électricité et de la chaleur et complètera la panoplie des énergies thermiques décarbonées. Google, dont 100% de la consommation électrique est couverte annuellement par des achats d’EnR, c’est donné comme objectif d’avoir, d’ici à 2030, un matching au pas horaire de la consommation de ces data centers par une fourniture d’électricité renouvelable produite sur le même réseau local.
L’entreprise Barjane participe quant à elle à la transformation de la logistique en développant pour ses clients des sites logistiques durables et respectueux de l’environnement. Ainsi, ils produisent leur propre électricité grâce aux panneaux solaires, abritent des potagers ou encore contribuent à la régénération de la biodiversité, tout en offrant aux employés de ce secteur des espaces de travail agréables, favorisant le bien-être. Une vraie révolution dans le secteur.
La crise actuelle va-t-elle accélérer ou freiner la décarbonation ?
Les entreprises ont des plans ambitieux et un portefeuille de solutions qui se
diversifient, mais pourront-elles continuer sur leur lancée ? Les conclusions des experts sont optimistes et tout au long de la conférence les témoignages ont montré que la crise a plutôt tendance à accélérer et diversifier les initiatives.
Selon Marc Oman (Google), « c’est une véritable opportunité de transformer le secteur de l’énergie qui en a bien besoin ». Paolo Frankl de l’IEA a quant à lui indiqué que « d’ores et déjà1000 Entreprises au niveau mondial ont déjà annoncé un objectif de net zéro carbone ou de passer à 100% aux énergies renouvelables dans les prochaines années ».
Comment les entreprises adaptent-elles leurs feuilles de route et leurs objectifs RSE ?
Plusieurs éléments viennent encourager et motiver les choix des entreprises. Premièrement, l’engagement des Leaders est primordial pour développer une stratégie et des initiatives. La création de KPIs durables ou l’indexation des salaires sur les objectifs RSE comme chez IPSEN adoptés plus largement pourrait garantir que les délais et feuilles de routes soient tenus. Le groupe immobilier ALSEI, engagé depuis longtemps dans la construction durable a quant à lui inclus dans son business plan le développement d’une filiale dédiée au conseil logistique pour la décarbonatation dans le secteur du bâtiment et prévoit un développement rapide de cette activité. Decathlon qui innove en développant le marché du matériel sportif de seconde main a d’abord centré ses efforts sur la réduction de ses consommations relevant que la meilleure énergie renouvelable est celle qui n’est pas consommée. Les recommandations sont unanimes pour les entreprises qui ne savent pas par où commencer : faire un bilan carbone est le premier pas vers la construction d’une feuille de route s’appuyant sur les solutions adaptées aux besoins et contraintes spécifiques de chacun. La nécessité de s’engager dans une collaboration à long terme est utile pour contrebalancer les ralentissements.
Même si les avancées sont positives il reste néanmoins des freins qui viennent ralentir la transition des entreprises et contribuent à l’énorme déséquilibre actuel entre offre et demande de PPA : la difficulté d’accès au foncier, les caps appliqués aux PPAs, l’envolée des couts des matières premières qui tirent vers le haut le montant des investissements, l’augmentation des taux d’intérêts, et la législation ou l’absence de législation qui crée le doute chez les consommateurs.
Cependant, Dominique Jamme, Directeur Général de la Commission de Régulation de l’Energie encourage tous les acteurs qui ont la possibilité de signer des PPAs de le faire car il paraît peu probable que la loi et la stratégie européenne changent drastiquement. Il vient nous rappeler que même s’il reste des freins, chaque MWh d’électricité renouvelable c’est 2MWh de besoin de gaz en moins. Corinne Duvermy d’Orygeen, quant à elle, recommande aux développeurs comme aux entreprises de considérer les PPA comme un partenariat long terme et en co-définissant des clauses contractuelles limitant les risques mutuellement au lieu de voir le déséquilibre actuel comme une aubaine économique.
Raisonner plutôt en termes de Finance Durable
« Nous sommes dans une aventure structurelle mondiale, il faut donc travailler main dans la main, s’appuyer sur la motivation des salariés autour de ces enjeux et s’engager dans des relations à long terme en visant le gagnant-gagnant » vient nous rappeler Laurence Peyraut, Secrétaire Générale France de Danone.
En conclusion, cette journée a donc été l’occasion de faire un point concret sur l’adoption des énergies renouvelables en France et de faire le tour des solutions à la portée des entreprises sur fond de crise énergétique. Edition après édition, la Conférence ENR entreprises témoigne de l’avancée des entreprises vers la transition écologique et l’envolée des prix de l’énergie a clairement accéléré le mouvement en alliant encore plus fortement les enjeux climat avec ceux de compétitivité. Finalement n’oublions pas que la lutte contre le réchauffement climatique repose sur chacun de nous et que des gestes simples peuvent faire la différence. En ce sens, il convient de réfléchir à comment engager le grand public. C’est ce que Julien Pierre, ancien rugbyman professionnel,
Fondateur et Directeur Général de Fair Play Planet a fait en venant expliquer comment il aide le milieu du sport à contribuer à la décarbonation, notamment au travers de la médiatisation des joueurs ou des événements, comme la coupe du monde de rugby qui se tiendra en France l’année prochaine. Jean-Paul Torris a donné le mot de la fin en priant de ne plus séparer performance financière et extra financière mais raisonner plutôt en termes de Finance Durable. « Rendons à la planète plus que ce que nous lui prenons. »
Encadré
A propos de l’Institut Orygeen
L’Institut Orygeen est une association à but non lucratif présidée par Jean-Paul Torris, dont la mission est d’inciter les industriels à lutter contre le changement climatique. L’association mène différentes actions pour sensibiliser les dirigeants aux enjeux Énergie Climat. Elle valorise le retour d’expérience des entreprises dans le développement des énergies renouvelables et l’atteinte de la neutralité carbone grâce aux conférences EnR Entreprises et H2 Entreprises. Elle partage son expertise avec ses membres à travers le Club des Entrepreneurs pour le Climat, et récompense l’engagement, l’innovation et la persévérance.