Le matin du 1er décembre dernier, le Premier ministre d’Australie-Méridionale, Jay Weatherill, et Romain Desrousseaux, directeur général adjoint de Neoen, ont inauguré la plus grande batterie lithium-ion au monde colocalisée avec le parc éolien de Hornsdale, en Australie. En mars 2017, le gouvernement d’Australie-Méridionale avait annoncé son plan énergétique, en faveur d’une énergie plus propre, plus abordable et plus fiable pour les habitants de l’état. Ce plan prévoyait la construction de la plus grande batterie du pays, capable de stocker des énergies renouvelables et de constituer une source d’électricité de réserve en cas de besoin.
Diptyque gagnant : Tesla et neoen
Au mois de juillet, suite à un appel d’offres extrêmement compétitif auquel ont répondu plus de 90 participants, Neoen, l’un des leaders français des énergies renouvelables, et Tesla, société américaine d’énergies durables, se sont vu attribuer le contrat de mise en Å“uvre du projet, à savoir la fourniture de la plus grande batterie lithium-ion au monde et son installation à Jamestown. Des batteries powerpacks Tesla, connectées au parc éolien de Neoen à Hornsdale, sont désormais au service du réseau électrique australien. Pour la première fois, une énergie éolienne propre et abordable alimente le réseau électrique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qu’il y ait du vent ou non, améliorant ainsi la fiabilité du système.
« Nous tenons à saluer l’efficacité, le soutien et l’ambition du Gouvernement de l’Australie-Méridionale de faire de l’État l’un des leaders mondiaux des technologies renouvelables. Neoen s’engage à fournir à l’Australie des solutions d’énergies renouvelables à long terme : des chantiers aussi ambitieux que le parc éolien et stockage Hornsdale contribueront à faire de l’Australie-Méridionale le fer de lance d’un avenir énergétique propre » a souligné Romain Desrousseaux.
« Neoen et Tesla ont présenté au gouvernement de l’Australie-Méridionale leur démarche ambitieuse dans le cadre de ce projet et ont rempli tous leurs engagements, garantissant ainsi à notre État des réserves d’électricité pour l’été. » a assuré le Premier ministre Jay Weatherill.
Une batterie comme un Lego
La batterie a été livrée 63 jours après la signature du contrat de raccordement au réseau électrique, en amont de l’échéance du début de l’été fixée par les autorités d’Australie-Méridionale et bien avant l’échéance que s’était lui-même imposée le PDG de Tesla, Elon Musk, qui avait annoncé un délai de « 100 jours maximum » et son engagement d’offrir la construction de cette infrastructure si ce délai n’était pas tenu. Sur BFM Télé Xavier Barbaro, président de neoen a confirmé ce délai exceptionnel : Nous avons construit cet équipement en seulement 63 jours. Comme un Lego géant, on ajoute batterie après batterie, convertisseur après convertisseur. Le plus compliqué étant de trouver le site, le raccordement et le business model qui va avec le projet.
Et Xavier Barbaro de poursuivre : On disait, il y a quelques années, que les énergies renouvelables étaient un problème. Aujourd’hui, les énergies renouvelables et le stockage sont des solutions permettant d’équilibrer le réseau électrique et d’assurer la continuité de l’alimentation électrique même en cas de black-out. Je suis conscient qu’à l’échelle d’un État, la batterie n’est pas la solution pour pallier la production intermittente des sources renouvelables. Mais plusieurs batteries peuvent l’être. Et le chef d’entreprise de citer ainsi l’exemple des barrages français, qu’on peut considérer comme des batteries géantes puisqu’ils peuvent récupérer l’électricité invendue produite par les centrales nucléaires en utilisant cette énergie pour pomper l’eau située en aval et la stocker à nouveau dans le barrage.
Xavier Barbaro pour des centrales solaires plus grandes en France
Alors que les coûts de production de l’éolien et du solaire baissent fortement se situant autour de 50 euros du mégawattheure contre 100 euros/MWh pour le nucléaire- les énergéticiens ne sont toujours pas autorisés à développer des projets à très grande échelle. Xavier Barbaro s’agace : En France, il y a un côté infantilisant. On nous dit qu’il faut faire de petites centrales solaires, regrette le boss de neoen. Il y a des endroits où l’on pourrait faire des grandes centrales solaires mais aujourd’hui on ne peut pas exploiter plus de 30 MW de capacité, soit une superficie de 25 hectares. Il y a pourtant des friches industrielles, des anciens terrains militaires où l’on pourrait bâtir ces centrales plus grandes. Or, cela est interdit, déplore-t-il.
Une nouvelle levée de fonds de 245 millions d’euros
Mais heureusement pour neoen, la France n’est pas son seul terrain de jeu. Ainsi, afin de financer une quarantaine de projets solaires et éoliens en Australie, en Amérique latine et en Europe, Neoen a annoncé mardi 19 décembre dernier avoir levé 245 millions d’euros en obligations vertes auprès de la société d’investissement AMP Capital, basée à Sydney (Australie). Neoen précise que cette somme permettra de financer un portefeuille de 1,6 gigawatt de projets partagé entre 30% d’éolien et 70% de solaire. Sur les 42 projets concernés par cette opération, certains sont déjà en exploitation. Les autres seront mis en service dans l’année qui vient précise Xavier Barbaro, le PDG de l’entreprise. Cette opération a été rendue possible par le « mix très rassurant en terme de risque » des projets proposés par l’industriel, qui a su séduire la société d’investissement australienne AMP Capital. « Nous nous concentrons sur les centrales de grandes tailles et proches de la parité réseau ou déjà à parité réseau », a poursuivi Xavier Barbaro.
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