Montpellier la surdouée … de l’énergie solaire

 Afin d’atténuer les effets du dérèglement climatique, la Métropole de Montpellier s’engage à réduire les consommations d’énergie des bâtiments et des transports, mais aussi et surtout à consommer une énergie décarbonée. En 2019, elle représentait une part de 14,5% des consommations du territoire dont seulement 3,4 % produites localement (5,3% avec les pompes à chaleur). Dans le cadre du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET), l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 en augmentant le recours aux énergies renouvelables (EnR) produites. Le solaire en étendard HPI (Haut Potentiel Irradiant)…

 

Le PCAET de la Métropole montpelliéraine affiche un objectif d’EnR locales couvrant 44 % de la consommation énergétique du territoire en 2050, dont 61% issues du photovoltaïque. Le Plan Montpellier Solaire 2050 dévoilé début juin 2023 présente donc les actions à mener, à la fois sur le patrimoine communal et métropolitain, mais surtout pour encourager les initiatives privées et publiques sur les 31communes. Le but est de parvenir à cette augmentation très conséquente de la production solaire photovoltaïque dont le gisement est issu à 69% d’installations en toitures. Pour la production d’énergie photovoltaïque, la trajectoire du PCAET devrait passer par 144 GWh/an en 2026, 219 GWh/an en 2030 et 1125 GWh/an en 2050 (contre 54 GWh/an en 2019).

 

Les trois grands objectifs du Plan Climat

 

  • Atténuer l’impact du territoire métropolitain sur le climat en diminuant les émissions de gaz à effet de serre, majoritairement issues de la combustion d’énergies fossiles pour les transports routiers et le chauffage des bâtiments ;
  • Adapter le territoire métropolitain aux effets du réchauffement climatique, pour réduire la vulnérabilité des populations et des activités aux risques climatiques (sécheresses, incendies, inondations…) ;
  • Améliorer la qualité de l’air en réduisant les émissions de polluants atmosphériques, ce qui constitue un enjeu de santé publique.

 

Le Schéma directeur des Énergies (SDE) permet de planifier la production, la distribution et la consommation des énergies sur le territoire de Montpellier Méditerranée Métropole. Cette déclinaison opérationnelle du PCAETs fixe les objectifs à l’horizon 2050.

 

Une stratégie énergétique, économique, écologique et souveraine

 

Plusieurs leviers d’actions ont ainsi été identifiés en matière d’énergie :

 

  • l’accélération de la sobriété énergétique en agissant sur les baisses de consommation dans l’habitat grâce notamment à la rénovation de plus de 4500 par an et dans les transports, en décarbonant la mobilité et en favorisant les déplacements en transport en commun avec la mise en place de la gratuité dès décembre 2023.
  • le développement des énergies renouvelables et de récupération, en encourageant la production d’électricité photovoltaïque. La Métropole souhaite multiplier par 2 la part d’énergie renouvelable locale dans la consommation d’ici 2026 et d’atteindre 44% de cette part à l’horizon 2050.
  • le triplement du réseau de chaleur existant sur le territoire : source d’économie et de confort durable pour les Montpelliérains grâce à la mutualisation des charges de fonctionnement et à l’approvisionnement à près de 70% en énergie locale et renouvelable constituée de biomasse locale, de biogaz issu des déchets, de chaleur de récupération et de solaire.

 

Des actions ciblées

 

Les maisons individuelles

Objectif 2030 : 8 100 toitures

 

La mise à disposition du cadastre solaire métropolitain permet d’encourager les particuliers à passer à l’action et valoriser le potentiel solaire de leur toiture. L’accompagnement des particuliers dans leurs démarches, via des conseils et renseignements ciblés, est assuré par l’ALEC Montpellier Métropole avec notamment des conférences, cafés-climat ou via des demandes directes auprès de l’association.

 

Les copropriétés

Objectif 2030 : 150 toitures

 

Une prochaine campagne de communication sur le cadastre solaire spécifique permettra d’informer et d’encourager les copropriétés à passer à l’action et valoriser le potentiel solaire de leur toiture. Un café-climat de l’ALEC sera proposé spécifiquement au sujet de l’investissement entre copropriétaires dans une centrale photovoltaïque en toiture et expliquer les démarches associées comme le programme « Rénovons Collectif ». Ce type de projet collectif peut faire appel à l’autoconsommation : une communication spécifique sera construite avec des opérateurs pour initier et informer sur l’autoconsommation collective. Par ailleurs, ACM Habitat, le bailleur social de la Montpellier, a signé une convention avec Enedis en 2021. L’objectif est d’aller vers un modèle d’autoconsommation collective, via l’installation de panneaux photovoltaïques sur ses résidences. Le bailleur social a l’objectif d’installer 3 500 m² de panneaux solaires d’ici 2026.

 

Les entreprises

Objectif 2030 : 155 toitures

 

Le cadastre solaire permet de déterminer les potentiels photovoltaïques des entreprises du territoire (toitures et/ou aires de stationnement). Une action d’information et d’animation auprès de ces entreprises sur le solaire photovoltaïque sera mise en place pour favoriser le passage à l’acte avec une possibilité de mise en relation avec des installateurs. Des préconisations seront effectuées auprès des promoteurs et des aménageurs de ZAC pour encourager, dès la construction, la mise en place d’installations photovoltaïques ou au moins d’avoir une structure permettant une installation future (toitures PV compatibles).

 

Les ombrières de parking

Objectif 2030 : 120 toitures

 

Les ombrières photovoltaïques de parking permettent de produire de l’électricité sur des surfaces déjà artificialisées tout en apportant un confort aux usagers et une diminution des besoins en climatisation des voitures l’été. Les parkings cibles ne devront pas se situer sur un potentiel d’urbanisation, de densification urbaine ou de désimperméabilisation. De forts potentiels existent près de bâtiments publics, des zones économiques et des centres commerciaux. Les futurs parkings relais des lignes de BusTram présentent également un potentiel intéressant. A titre d’illustration, la piscine Jany à Jacou sera équipée d’ombrières de parkings photovoltaïques en autoconsommation totale d’environ 70 kWc d’ici septembre 2023. Grâce au cadastre solaire, un potentiel de 500 parkings de plus de 1 500 m² a été identifié, pour une production théorique maximale de 230 GWh/an. L’article 101 de la loi climat et résilience du 22 août 2021 introduit justement l’obligation, pour les nouveaux parkings extérieurs ouverts au public de plus de 500m² d’intégrer soit des dispositifs végétalisés, soit des ombrières photovoltaïques de façon à

ombrager au moins la moitié de leur surface.

 

Les bâtiments publics

Objectif 2030 : 140 toitures

 

Toutes les constructions et les rénovations importantes des bâtiments de la Métropole et de la Ville de Montpellier doivent inclure une énergie renouvelable et, en premier lieu, une installation photovoltaïque est préconisée. Ainsi un bâtiment neuf s’est ajouté en 2023 aux 16 sites déjà équipés : la Halle de l’innovation à Cambacérès (630 m², 130 kWc). Les rénovations des piscines

Neptune, de la Motte Rouge et de la Piscine Olympique Angelotti s’accompagneront d’une installation photovoltaïque, de même que pour l’extension de la station d’épuration Maera à Lattes. Dans le cadre du décret tertiaire le patrimoine existant est analysé pour l’ajout d’installations en autoconsommation. Plusieurs communes déploient et étudient également des projets sur leur patrimoine, comme des ombrières de parkings à Clapiers, Juvignac et Prades-le-Lez, des panneaux en toiture sur des écoles en rénovation au Crès, à Murviels-les-Montpellier, Sussargues … La coordination et diffusion auprès des 31 communes du territoire de ces dispositifs est réalisée par la Métropole. Un groupe de travail a été créé entre tous les acteurs publics du photovoltaïque pouvant proposer des services et/ou des conseils dédiés.

 

Les centrales au sol

Objectif 2030 : tripler la production

 

Les centrales photovoltaïques au sol présentent de bonnes productions et une bonne rentabilité financière. Elles ne doivent cependant pas entrer en concurrence avec la production alimentaire et la préservation de la biodiversité.

Les objectifs métropolitains peuvent également s’appuyer sur la législation nationale sur l’accélération des EnR qui prévoit notamment une dérogation à la loi littorale pour implanter des installations photovoltaïques sur des friches en bord de mer sur des sites identifiés. Le centre d’enfouissement technique du Thôt à Lattes pourrait bénéficier de cette dérogation. Les centrales au sol sur terres agricoles sont soumises à des règles strictes (incultes ou non exploitées) et leur liste sera établie par les chambres d’agriculture puis arrêtée par le Préfet.

Objectif 2030 : tripler la production

Des freins à lever

 

A Montpellier, avec 300 jours par an d’ensoleillement, les toitures sont une opportunité à saisir pour augmenter la production d’énergie renouvelable locale. Or, les projets photovoltaïques peuvent rencontrer des obstacles qui au mieux freinent leur développement, au pire compromettent leur faisabilité technique et/ou financière. La communication va être renforcée pour lever les doutes ou les interrogations sur le photovoltaïque (énergie grise, recyclage des panneaux, terres rares, performances…). Pour rappel, il faut moins d’un an à un panneau pour produire autant d’énergie qu’il a été nécessaire à sa fabrication. Par ailleurs, des échanges avec l’Architecte des Bâtiments de France vont permettre de travailler sur l’intégration des énergies renouvelables dans le bâtiment afin de favoriser les installations photovoltaïques, en particulier dans les secteurs sauvegardés, pour les constructions neuves comme pour les réhabilitations, tout en préservant le patrimoine.

 

Encadré

Quid des dynamiques territoriales ?

 

Plusieurs groupes de travail ont été ou sont le point d’être initiés avec les organismes publics et associations proposant des prestations aux communes, les gestionnaires de réseaux sur le sujet des raccordements, le réseau local des entreprises spécialisées dans le photovoltaïque, et ce afin de définir ensemble des actions concrètes pour faire du territoire un exemple de dynamique collective. Le projet de structurer la filière Energies Renouvelables locales via un cluster piloté par la Métropole de Montpellier permettra également de mobiliser les forces et les idées de l’écosystème. L’ALEC Montpellier est aussi le relais de la Métropole pour insuffler cette dynamique auprès des particuliers et des communes. Les installateurs photovoltaïques intervenant principalement chez les particuliers seront concertés afin de partager avec eux les objectifs et récolter leurs propres attentes et obstacles qu’ils rencontrent. Par ailleurs, la Métropole de Montpellier a contribué dès mai 2023 aux premiers ateliers de construction du futur label Villes et Territoires Solaires, porté par l’ADEME et mis en Å“uvre par l’Afnor, qui permettra de valoriser l’engagement des collectivités locales dans le déploiement de l’énergie solaire, thermique et photovoltaïque, en leur facilitant notamment la mise en réseau des collectivités labélisées.

 

Cet article est publié dans Actualités. Ajouter aux favoris.

Les commentaires sont fermés