Selon un nouveau rapport publié par BNP Paribas, l’énergie renouvelable issue du solaire ou de l’éolien associée aux voitures électriques fournit jusqu’à sept fois plus d’énergie utile pour la mobilité que l’essence à un dollar. Et cette réalité économique pourrait frapper les sociétés pétrolières plus tôt qu’elles ne le pensent. Détails !
Gros séisme dans le monde de la mobilité ! Le rapport publié au cœur de l’été par l’une des plus grandes banques mondiales BNP Paribas secoue l’industrie pétrolière.
La compétitivité du pétrole mise à mal
Que dit le rapport ? Il stipule avant tout que le pétrole, pour rester compétitif en matière de mobilité, a besoin à long terme d’une stabilité de prix de10 à 20 dollars par baril. Dans ce rapport, les experts de la banque présentent le concept de rendement énergétique du capital investi (EROCI), axé sur le rendement énergétique pour une dépense de 100 milliards de dollars sur le pétrole et les énergies renouvelables au sein de laquelle l’énergie est utilisée spécifiquement pour alimenter les voitures et autres véhicules légers (VUL). Pour une dépense en capital donnée sur le pétrole et les énergies renouvelables, les experts ses ont attachés à étudier quelle part utile de l’énergie fait tourner les roues des véhicules ? L’analyse indique que, pour la même dépense en capital aujourd’hui, de nouveaux projets éoliens et solaires en tandem avec des véhicules électriques à batterie (VE) produiront 6 à 7 fois plus d’énergie utile aux roues que le pétrole à 60 dollars le baril pour les véhicules utilitaires légers à essence, et 3 à 4 fois plus pour les véhicules utilitaires légers au diesel. En conséquence, et après calcul du seuil de rentabilité à long terme, le prix du pétrole pour que l’essence reste compétitive en tant que source de mobilité devrait se situer entre 9 et 10 dollars par baril, et pour le diesel de 17 à 19 dollars.
L’essence 6 à 7 fois plus chère
Si le pétrole dispose d’un avantage énorme en termes de débit, avec des volumes pouvant être achetés sur le marché au comptant et fournir des gains très importants et instantanés, il n’en est pas moins limité dans le temps. En revanche, les nouveaux projets éoliens et solaires fournissent leur énergie sur une période de fonctionnement de 25 ans et plus. Dans ce contexte, le rapport estime que l’économie des énergies renouvelables est désormais impossible à concurrencer pour le pétrole au regard des cycles de vie pris dans leur complétude. Les experts ont calculé que pour obtenir la même quantité de mobilité via l’essence versus les nouvelles énergies renouvelables associées aux véhicules électriques au cours des 25 prochaines années, il en coûterait 6,2 à 7 fois plus. Et même avec la prise en compte du coût de la construction d’une nouvelle infrastructure de réseau pour faire face à la création de toutes les nouvelles éoliennes et centrales solaires, l’économie des énergies renouvelables
écraserait celle de pétrole. Et le rapport de simuler une extrapolation des dépenses totales pour l’essence en 2018 et pour les 25 prochaines années. Le montant obtenu s’élève à 25 milliards de dollars consacrés à la mobilité, alors que le coût des nouveaux projets d’énergies renouvelables sont estimés avec les
infrastructures de réseau améliorées requises pour correspondre au niveau de mobilité offert par l’essence, à seulement 4,6 à 5,2 milliards de dollars.
EnR/EV : économiquement rentable, écologiquement soutenable
Conclusion claire de l’analyse. « Si nous construisions le système énergétique mondial à partir de zéro aujourd’hui, la seule logique économique dicterait qu’au minimum l’infrastructure de transport routier devrait être construite autour de véhicules électriques alimentés par de l’électricité éolienne et solaire » indique le rapport. Et ceci avant de prendre en compte les autres avantages induits des énergies renouvelables et des véhicules électriques par rapport au pétrole en tant que carburant pour le transport routier, à savoir le climat, l’absence de pollution de l’air, les avantages pour la santé publique qui en découlent. Le fait aussi que l’électricité soit beaucoup plus facile à transporter que le pétrole et que le prix de l’électricité produite à partir du vent et l’énergie solaire est faible et stable à long terme, tandis que le prix du pétrole est notoirement volatil. Jamais auparavant dans son histoire, le genre de menace que représentait le modèle commercial de l’électricité renouvelable couplée aux véhicules électriques n’avait été aussi prégnante : une source d’énergie concurrente qui a un coût marginal à court terme (SRMC) proche de zéro, une source d’énergie beaucoup plus propre sur le plan environnemental et beaucoup plus facile à transporter qui pourrait facilement remplacer jusqu’à 40% de la demande mondiale de pétrole si elle avait l’échelle nécessaire. Le rapport conclut que l’économie du pétrole pour les véhicules à essence et diesel par rapport aux véhicules électriques alimentés par le vent et le soleil est vouée au déclin. La dynamique est maintenant implacable et irréversible avec des implications profondes pour les décideurs et les grandes compagnies pétrolières. Et si pour certains, tout cela semble exagéré, les sceptiques n’ont qu’à se pencher sur la vitesse à laquelle le paysage concurrentiel du secteur de l’énergie en Europe a été remodelé au cours de la dernière décennie par le déploiement de l’énergie éolienne et solaire avec à la clé des milliards d’euros d’actifs échoués de production de combustibles fossiles. Un tel exemple devrait à n’en pas douter être un feu rouge clignotant sur le tableau de bord du secteur de la mobilité de l’industrie pétrolière.