Le 21 juin dernier, premier jour de l’été, le bureau de consultance Ecofys et TU Wien ont publié leur étude« National benchmarks for a more ambitious EU 2030 renewables target » – « Repères nationaux pour un objectif 2030 de l’UE sur les énergies renouvelables plus ambitieux». Cette étude a été commandée par la fédération EREF, la Fédération européenne des producteurs d’énergies renouvelables. Ce rapport conclu qu’un objectif renouvelable de 45% d’ici 2030 impliquerait une relance significative de ce secteur qui, à terme, devrait permettre à l’Union européenne d’être la première grande économie basée sur les renouvelables.
Ce rapport tombe à pic, il arrive à un moment où le Parlement européen est en train de préparer plusieurs dossiers clés sur l’énergie, dont le rapport sur les énergies renouvelables et le rapport sur l’efficacité énergétique, couverts par le rapport sur la gouvernance de l’Union de l’énergie, pour lequel Michèle Rivasi (députée européenne écologiste, co-fondatrice de la CRIIRAD) et Claude Turmes sont co-rapporteurs.
Les principales conclusions de cette nouvelle étude sont les suivantes :
Un objectif pour les énergies renouvelables à 27%, comme proposé par la Commission européenne, pourrait ralentir considérablement les niveaux actuels d’expansion du renouvelable dans l’UE.
Un objectif de 35% pour les énergies renouvelables au niveau de l’UE d’ici2030 serait nécessaire pour maintenir l’augmentation actuelle du déploiement net des énergies renouvelables dans l’UE des 28, mais seulement si l’objectif de l’UE en matière d’efficacité énergétique est fixé à un niveau de 40%.
Une efficacité énergétique plus élevée facilite des objectifs plus ambitieux pour les énergies renouvelables. Une augmentation de l’objectif de l’UE en matière d’efficacité énergétique à 40% d’ici 2030 réduirait les efforts pour atteindre toute objectif concernant les énergies renouvelables de l’UE.
Un objectif renouvelable de 45% d’ici 2030 impliquerait une forte augmentation du déploiement des énergies renouvelables par rapport à celle connue entre 2010-2020.
Michèle Rivasi, eurodéputée du Groupe des Verts et co-rapporteur du rapport sur la gouvernance de l’Union de l’Énergie, réagit : « Ce rapport vient secouer la position de la Commission européenne. Au début de son mandat, Mr Juncker avait annoncé comme deuxième priorité, qu’il veut ”que l’Union européenne de l’énergie devienne le numéro un mondial des énergies renouvelables”. Pour cela, il faut s’en donner les moyens. Un objectif de 27 % pour les énergies renouvelables n’apportera aucune augmentation nette pour le renouvelable, et dans certains pays, comme l’Autriche, on arriverait même à une diminution nette. Il faut de l’ambition de la part de la Commission européenne, sinon on n’y arrivera jamais. Nous avons signé à Paris pour une limite maximum à 2°C, voire 1,5°C. Dans notre rapport sur la gouvernance de l’Union de l’Énergie avec mon collègue Claude Turmes, nous prônons des objectifs contraignants pour les États membres qui visent pour 2030, 40% d’efficacité énergétique et 45% d’énergies de renouvelables ».
Elle poursuit : « Avec l’accord de Paris et surtout le changement climatique qui est en cours, il est urgent d’agir et d’avoir des objectifs ambitieux pour l’Union européenne, ceux que nous proposons donneront la stabilité nécessaire aux investisseurs à se lancer avec nous- vers la décarbonisation, une vraie transition énergétique et vers l’innovation. Face à l’attitude de rejet de Donald Trump, et la Chine qui se profile comme acteur clé de l’économie verte, l’Europe pourrait participer à un revirement géopolitique en prenant le leadership en termes d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. »