L’intelligence artificielle consomme beaucoup d’énergie mais en optimise la consommation : un paradoxe à gérer !

L’intelligence artificielle (IA), particulièrement énergivore, n’en sera pas mins une technologie importante pour gérer les flux de charge toujours plus complexes sur les réseaux et les diriger de manière optimale. C’est pourquoi les principaux acteurs du secteur discuteront du rôle des algorithmes auto-apprenants dans le pilotage des réseaux de distribution lorsqu’ils se réuniront à Munich à l’EM-Power Europe, le salon professionnel international pour la gestion énergétique et les solutions d’énergie en réseau.

Les flux de charge sur les réseaux de distribution sont d’ores et déjà complexes et multidimensionnels. L’IA vient changer la donne. Elle pourra assurer plusieurs tâches sur le réseau de distribution de demain. Le calcul des flux de charge sur les réseaux et leurs sous-secteurs jouera un rôle central. Ils découlent des mesures actuelles des stations de transformation, des consommateurs et des producteurs, ainsi que des données externes telles que les prévisions de production des centrales solaires et éoliennes basées sur les prévisions météorologiques. L’IA peut ainsi servir à planifier la stabilité du réseau et à détecter les dysfonctionnements. En outre, elle permet une planification du réseau basée sur les séries chronologiques, elle peut donc indiquer où les extensions du réseau seront nécessaires. Avec des possibilités d’intervention correspondantes, les systèmes intelligents peuvent également piloter la production et la consommation par des processus automatisés et ainsi amortir les pics de consommation ou empêcher une éventuelle surtension sur un tronçon de se répercuter sur le niveau de tension suivant par des conversions dans les transformateurs des réseaux locaux. Comme le logiciel basé sur l’IA apprend automatiquement des événements et erreurs passés, il pourra intervenir avec toujours plus de pertinence en s’appuyant sur des pronostics toujours plus sophistiqués avant que les congestions ne surviennent sur le réseau.

Investissements dans l’infrastructure

Avant que les données puissent être analysées et exploitées, il faut d’abord les collecter. La condition pour l’utilisation de systèmes s’appuyant sur l’IA est donc une infrastructure de mesure et de régulation performante et complète. Celle-ci est encore insuffisante sur la plupart des réseaux de distribution : la Commission européenne estime que les gestionnaires de réseaux dans l’UE doivent investir d’ici 2030 au moins 170 milliards d’euros dans la numérisation et l’intelligence des réseaux.

La recherche en Allemagne

En parallèle, les gestionnaires de réseaux doivent développer des applications et solutions intelligentes en partenariat avec les scientifiques. Dans tout le pays, on s’est attelé à ce travail. Par exemple, la régie municipale d’Überlingen Stadtwerk am See, l’école supérieure de technologie, d’économie et de design de Constance (HTWG), l’Institut Fraunhofer pour les systèmes énergétiques solaires (ISE) et l’International Solar Energy Research Center Konstanz ont développé et testé les premiers prototypes de régulateurs de basse tension basés sur l’IA. Comme les profils de charge standard, avec lesquels le secteur de l’électricité travaille encore sur le marché du détail, sont de moins en moins adaptés à l’ère du prosommateur, l’Institut Fraunhofer pour le secteur de l’énergie et les technologies des systèmes énergétiques (IEE) consacre un projet de recherche à cette thématique. L’objectif : s’appuyer sur l’IA pour générer la base de données nécessaire aux nombreuses tâches d’optimisation et de pronostic. Par ailleurs, sept gestionnaires de réseaux de distribution ont lancé une initiative sectorielle pour faire les premiers pas vers une organisation gérée par l’IA. Au cours des six prochains mois, ils prévoient le développement d’une IA générative et d’une plateforme d’IA spécialisée pour les gestionnaires de réseaux et la mise en place de prototypes fonctionnels pour quatre cas d’usage différents.

Mise en pratique en Autriche

L’intelligence artificielle est déjà utilisée en pratique chez le gestionnaire de réseau de distribution Kärnten Netz GmbH (KNG) en Autriche. Les demandes de raccordement pour les installations photovoltaïques sont traitées par un processus entièrement automatique et numérique développé par KNG. Pour analyser une demande, les flux de charge sont calculés pour l’ensemble des 160 000 sites raccordés sur la zone de réseau de KNG. Le programme s’appuie sur l’outil logiciel MATLAB et utilise des données électriques et spécifiques au site du système d’information géographique et des données de base clients de SAP. Grâce à ce processus, il a été possible de réduire l’intervalle entre la vérification de plausibilité et l’envoi de l’offre de deux à trois jours à 30 minutes. KNG indique que déjà plus de 10 000 offres automatisées pour des installations photovoltaïques ont pu être générées pour les clients de son réseau.

Encadré

EM-Power Europe : le rendez-vous des stratèges et des entrepreneurs

Le salon EM-Power Europe, qui se tiendra du 7 au 9 mai 2025 à Munich, proposera à ses visiteurs professionnels une vue d’ensemble complète des applications et solutions disponibles actuellement pour la gestion de l’énergie et des réseaux, dont les processus entièrement numérisés basés sur l’IA.

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