Les répercussions de la crise du photovoltaïque sur l’emploi vert en France

C’est une première depuis 27 mois en France. En mars 2011, les investissements et désinvestissements enregistrés par l’Observatoire de l’investissement de Trendeo dans les secteurs « verts » ont conduit à des suppressions nettes d’emplois. Le nombre (173 emplois supprimés en mars 2011) est encore faible, mais il s’inscrit dans une tendance de baisse régulière et continue depuis la mi-2009. Trendeo suit depuis janvier 2009 l’évolution des emplois créés ou supprimés dans dix secteurs qui constituent les investissements « verts » (solaire, éolien, écoconstruction)

Les filières « vertes » sont encore émergentes et le stock d’emplois installés est faible. La dynamique est presque entièrement guidée par l’évolution des investissements, beaucoup moins par celles des désinvestissements. C’est donc l’attentisme des investisseurs qui conduit à la stagnation actuelle. Dans des secteurs plus installés, comme l’automobile, les fermetures de sites expliquaient les résultats négatifs de la filière en 2009 et 2010. Cet effondrement intervient à contresens du mouvement d’ensemble de reprise de l’économie française, même si cette reprise reste fragile. D’ailleurs, la filière automobile a créé légèrement plus de 1 300 emplois nets au premier trimestre 2011.

Cependant, la cause principale de cette baisse est l’effondrement de la filière solaire, qui était le premier moteur des créations d’emplois depuis 2009. Seules les activités de recyclage et de dépollution continuent à créer des emplois, avec même une légère progression au premier trimestre. Par fonction, c’est d’abord l’activité de fabrication de matériel qui a disparu au premier trimestre 2011. Il subsiste des projets de production et d’exploitation : ce sont des projets de recyclage et de méthanisation. Ces investissements, pour lesquels il existe peu de matériel spécifique ou dont les équipements sont importés, ne donnent pas lieu à des projets de type « fabrication de matériel » (les projets de fabrication de matériel sont à 75% des projets dans le solaire ou dans l’éolien).

Les opérations marquantes du premier trimestre sont de petite taille. Trois désinvestissements sont à signaler : Le premier trimestre a vu Photowatt annoncer 95 suppressions d’emplois à son site de Bourgoin-Jallieu. La filiale française du canadien ATS se dit victime de la concurrence asiatique, de la hausse de l’euro et d’une baisse de ses ventes en France de 20% en 2010. Aehlios, société dont l’activité principale consistait à installer des panneaux solaires, a été liquidée, entraînant la suppression de 120 emplois. Aehlios était en redressement judiciaire depuis la mi-2009. Enfin, et surtout, on peut citer le gel du projet d’investissement de First Solar à Blanquefort, qui devait entraîner la création de 300 emplois.

Pour les investissements, trois opérations entraînent la création de plus de 50 emplois. La société RJB a annoncé la création de 80 emplois pour l’établissement d’un site de démantèlement d’automobiles usagées, dans le Loiret. Paprec, société de recyclage de carton, compte embaucher 70 salariés dans les trois ans, à son nouveau site du Rheu, en Ille-et-Vilaine. Enfin, la société France Panneaux Solaires recrutera une soixantaine de téléprospecteurs à Vannes. Ce dernier exemple montre que la filière solaire n’a pas disparu et que certains acteurs maintiennent leur confiance dans son développement. Cela dit, si France Panneaux Solaires conserve Solaires dans sa dénomination, la société crée aujourd’hui surtout des emplois grâce à la diversification de son activité avec notamment la commercialisation de poeles à granulés de bois, de pompes à chaleur et de chauffe-eau thermodynamique.

Pour conclure, les experts de Trendeo tiennent à préciser qu’un mauvais chiffre mensuel n’est qu’un indice dont la valeur est partielle et limitée. Il appelle confirmation. Ce résultat s’inscrit cependant dans une tendance baissière engagée depuis plus d’un an. Le rapport Charpin sur l’avenir de la filière photovoltaïque souhaitait « ralentir le rythme de développement des installations photovoltaïques ». De fait, le ralentissement est très sensible. Il reste à attendre les effets du plan global articulant « de nouveaux objectifs, des outils de régulation et une stratégie industrielle » dont le plan Charpin souhaitait également l’adoption. Le développement de la filière éolienne offshore pourrait notamment faciliter un redémarrage, mais les résultats de l’appel d’offres lancé par les pouvoirs publics ne seront connus qu’en mars 2012.
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