Martine Aubry : une décision de sortie, mais un délai flou
Martine Aubry a été la première candidate socialiste à se positionner clairement pour une sortie du nucléaire. Toutefois, les délais de sortie annoncés, de 20 à 30 ans (voire « en 30 ou 35 ans » comme elle l’a annoncé à Nancy le 7 octobre [1] ), restent trop flous, et mériteraient d’être beaucoup plus précis. Par ailleurs, Martine Aubry souhaite la poursuite du chantier EPR. Peut-on s’engager honnêtement pour une sortie du nucléaire tout en soutenant la construction de nouvelles centrales, a fortiori si celles-ci cumulent les surcoûts et les problèmes de sûreté ?C’est pourquoi, Madame Aubry, le Réseau Sortir du nucléaire vous demande de préciser au plus vite votre position sur les délais de sortie du nucléaire, et d’éclaircir votre intention quant au sort de l’EPR.
François Hollande : une position ambiguë qui ouvre manifestement la voie à un renouvellement du parc nucléaire
François Hollande se veut « raisonnable » en fixant des chiffres clairs de réduction de la part du nucléaire dans la production électrique française : il souhaite passer de 75 % à 50 % d’électricité atomique d’ici 2025. Son objectif (in)avoué : tromper les écologistes en entretenant le flou, en laissant laisser croire que cette réduction est compatible avec une sortie totale du nucléaire ultérieurement. La part restante du nucléaire à l’horizon 2025 reste bien trop élevée ; surtout, les chiffres avancés par François Hollande – qui plébiscite la poursuite de l’EPR de Flamanville – ouvrent en vérité la voie à la construction de nouvelles centrales. Si, comme il l’a avancé à Rouen devant des militants le 5 octobre dernier, les réacteurs de plus de 35 ou 40 ans sont fermés, il s’agirait alors de compléter la puissance apportée par les centrales restantes par la construction d’une dizaine d’EPR [2] qui enfonceraient encore la France dans l’impasse nucléaire pour des dizaines d’années. Le Réseau Sortir du nucléaire demande donc à Monsieur Hollande de cesser les faux-semblants : assumez franchement votre engagement pour la construction de nouvelles centrales ou prenez clairement parti pour la sortie du nucléaire.
Rappelons que la sortie du nucléaire ne peut se faire que par la fermeture des centrales existantes, et l’annulation des nouvelles constructions. En 5 ans, en 10 ans ou en 20 ans, c’est aujourd’hui techniquement réalisable ; le délai dépendra de la volonté politique qu’un chef d’Etat vraiment tourné vers l’avenir et désireux de mettre fin à une connivence malsaine avec le lobby nucléaire voudra y consacrer.