Tribune par Jean-Michel Blanc, Service Manager, ekWateur
Les distributeurs publics d’énergie (Enedis et GRDF) sont en plein déploiement des compteurs communicants (Linky et Gazpar), compteurs qui ont pu rencontrer une résistance auprès de certains particuliers. La collecte des données de consommation et la démocratisation de la cryptomonnaie sont en train de révolutionner notre modèle énergétique. Fluidité des échanges entre consommateurs et fournisseurs et redistribution des rôles favorisent une économie plus participative et responsable. Ce nouvel écosystème appelle nécessairement de nouvelles compétences intrinsèquement liées au numérique.
Objets connectés et Blockchain : au cÅ“ur d’une consommation plus maîtrisées de l’énergie
Alors que la production d’énergie était jusqu’ici centralisée malgré l’ouverture du marché à la concurrence il y a plus de 10 ans, l’avènement de l’énergie alternative et le développement de circuits courts permettent à chaque français de choisir avec précision la provenance de l’énergie qu’il consomme, via le système des garanties d’origine. La blockchain soutient la croissance des producteurs locaux, à travers les cryptomonnaies, notamment le SolarCoin.
Généré par la production d’énergie solaire, le SolarCoin offre aux consommateurs un nouveau moyen de régler leurs factures et d’avoir une traçabilité entière sur l’origine de l’énergie qu’ils consomment. En ayant la possibilité de choisir le ou les producteurs qu’il rémunère, le client participe ainsi au développement des énergies renouvelables injectées dans le réseau. Les réseaux électriques intelligents, ou smart grids, viennent renforcer le retour à une consommation maîtrisée. En s’appuyant sur les objets connectés (à l’image des thermostats connectés ou des compteurs Linky et Gazpar) ils permettent d’avoir une visibilité en temps réel sur sa consommation et de mieux maîtriser ses dépenses.
Données et usages clients : l’émergence de nouveaux enjeux à maîtriser
Cette nouvelle donne signifie de nouveaux défis à relever. la croisée des chemins entre consommation énergétique et Big Data, il devient nécessaire de mettre en place une architecture qui régisse le déploiement des compteurs intelligents. De même, alors que la sécurité des données personnelles devient un enjeu politique majeur, les acteurs du marché doivent montrer l’exemple en étant en totale conformité avec les nouvelles réglementations telles que le RGPD*. Les acteurs du secteur énergétique ont à exploiter d’importants volumes de données. La protection de ces données doit donc devenir une priorité. De tels enjeux appellent des compétences particulièrement poussées dans la gestion et l’exploitation des ressources numériques. Enfin, les fournisseurs voient leur rôle s’enrichir d’une fonction de conseil pour maîtriser la consommation d’énergie et faire de cette maîtrise un engagement mutuel.
Informatique : la nouvelle expertise clé du métier de fournisseur d’énergie
En pleine mutation, le métier de fournisseur d’énergie intègre de plus en plus l’expertise informatique à ses compétences. L’organisation du travail s’en trouve impactée : grâce aux nouveaux outils numériques de productivité, les fournisseurs sont à même d’optimiser leurs services et d’être plus réactifs face à la demande. On assiste à la naissance d’une multitude de métiers qui s’imposeront comme une nécessité vitale au sein de l’industrie énergétique. Ingénieur d’études, développeur full stack, architecte SI, ingénieur devops**, Data scientist ou expert système et base de données vont contribuer à la révolution du secteur. L’approche Agile de la gestion de projet, UX/UI design***, en impliquant le client dès la conception de l’offre, joue également un rôle dans cette mutation.
Cloud : un rôle prédominant dans la relation client
Le déploiement continu des applications grâce aux technologies du Cloud permet d’être réactif face aux attentes des clients en rendant régulièrement accessibles de nouvelles fonctionnalités sur l’espace client ou le site internet du fournisseur. Cette approche « Agile » permet d’être toujours innovant.
En termes d’architecture et d’infrastructure IT, le Cloud est devenu la solution par excellence pour répondre aux besoins en matière de fiabilité, de sécurité ou de modularité, et d’optimiser l’utilisation des ressources situées sur les serveurs en y ayant recours chaque fois que c’est nécessaire.
Les nouvelles technologies (smartgrids, IoT, blockchain) et les méthodes récentes de gestion de projet, vont ainsi renforcer l’aptitude des fournisseurs à faire face au Big Data. De plus, ces technologies viennent à point nommé pour accompagner la transition énergétique.
* Règlement Général Européen pour la Protection des Données, en vigueur dès mai 2018.
** L’ingénieur devops (contraction anglaise des termes developpement et operations) a une double compétence en développement de sites Internet et en administration d’applications, ce qui lui permet de mieux concevoir les applications.
***UX désigne l’expérience utilisateur (User experience). Elle comporte toutes les phases de création d’un site web dans une démarche centrée autour de l’utilisateur, du prototypage aux tests utilisateurs. L’UI est l’interface utilisateur (User Interface), et comprend l’identité visuelle, la charte graphique et la charte éditoriale.
Encadré
Jean-Michel Blanc est diplômé de l’école des sciences de la gestion de Montréal (ESG UQAM), Jean-Michel Blanc a exercé chez Worldline en tant que responsable IT pendant plus de 10 ans, où il a dirigé des projets de développement de logiciels et de prestations de service. Il a ensuite intégré ekWateur en 2016 en tant que Service manager. Il est à ce titre responsable de la mise en place des process et de l’exploitation de la plateforme de production IT ekWateur.