Le réseau Sortir du nucléaire communique :
L’accord EELV-PS présenté le mardi 15 novembre laisse un goût amer à ceux qui veulent réellement la sortie du nucléaire. En fait d’accord, François Hollande est tout bonnement parvenu à imposer son positionnement initial : sous de belles formules, on ne retrouve rien d’autre que son propre programme. Pas question de remettre en cause l’EPR de Flamanville, malgré ses surcoûts, dangers et malfaçons qui sont maintenant de notoriété publique.
La poursuite du nucléaire n’est absolument pas remise en question par la promesse de fermeture de 24 réacteurs d’ici 2025. Cette maigre concession passe outre l’état de vieillissement du parc restant (rappelons que d’ici 2025, plus de trente réacteurs auront dépassé la quarantaine, alors même que les cuves des réacteurs, qui ne se remplacent pas, ne sont conçues que pour une durée de fonctionnement de 30 ans) [1] Plus grave, ni calendrier précis ni liste de réacteurs (à l’exception de Fessenheim) n’ont été publiés : en évoquant une échéance à 2025, le PS se laisse ainsi les coudées franches pour se contenter de la seule fermeture de la centrale alsacienne lors d’un futur quinquennat ! La catastrophe de Fukushima persiste maintenant depuis plus de huit mois, et la majorité des Français (et des membres du PS) souhaite la sortie du nucléaire mais cela importe peu à M. Hollande !
Une rédaction sous la dictée du lobby nucléaire
Ces dernières semaines, alors que se poursuivaient les négociations, les nucléocrates de tous bords, de Jean-François Copé à Michel Rocard se sont relayés pour décrédibiliser l’idée d’une sortie du nucléaire. Les affirmations caricaturales ont fusé de toute part pour qualifier d’apocalyptique une transition énergétique pourtant indispensable et créatrice d’emplois [2].
Or le journal Médiapart révèle aujourd’hui à quel point l’industrie nucléaire a pris le pas sur le politique. Le seul paragraphe véritablement ambitieux, promettant l’arrêt du retraitement et de la fabrication du MOX, un combustible extrêmement dangereux et récemment abandonné par les Britanniques, a ainsi été tout bonnement supprimé de la version soumise au vote du PS suite à des SMS envoyé par l’équipe d’Henri Proglio aux membres du Bureau National du PS ! [3].
Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », cette manipulation de la démocratie est intolérable. Il est inacceptable qu’un parti politique, censé défendre l’intérêt général, se soumette ainsi aux ordres du lobby nucléaire. Le Réseau « Sortir du nucléaire » appelle à dénoncer haut et fort cet accord biaisé, et à la mobilisation citoyenne pour une sortie ferme et définitive du nucléaire.
[1] Pour mémoire, dans un appel co-signé par une soixantaine d’organisations, EELV s’était engagée le 17 mars dernier pour demander une fermeture des réacteurs français après 30 ans de fonctionnement. http://groupes.sortirdunucleaire.org/Appel-solennel-de-revendications
[2] Rappelons qu’en Allemagne, la filière des énergies renouvelables emploie désormais 370 000 personnes (selon l’Agence Fédérale des Energies Renouvelables – http://www.unendlich-viel-energie.de/de/wirtschaft/aktuelle-daten-und-fakten.html), soit la moitié des salariés de l’industrie automobile !
[3] « Le lobby nucléaire réécrit l’accord PS-Écologistes », Stéphane Alliès et Jade Lindgaard, Médiapart, 16 novembre 2011.