Les Echos Etudes/Marché de l’électricité : une nouvelle concurrence après la tempête

Après une crise énergétique sans précédent, le marché de l’électricité amorce une nouvelle ère. Malgré les incertitudes, notamment autour de la fin de l’ARENH, la concurrence s’intensifie et le paysage pourrait évoluer profondément d’ici 2030. C’est l’une des principales conclusions de l’étude « Marché de l’électricité : la bataille est relancée » (décembre 2024), publiée par Les Echos Études.

 

Le marché de l’électricité reprend progressivement son souffle après une période de forte turbulence. Si les prix de gros restent nettement au-dessus des niveaux observés entre 2010 et 2020, ils ont chuté de près de 80 % depuis leur pic historique d’août 2022. Ce retour à une relative normalité ne fait toutefois pas oublier les stigmates laissés par la flambée des prix de l’énergie, qui a provoqué une onde de choc majeure dans tout le secteur. En France, de nombreux fournisseurs ont disparu ou ont été contraints de se restructurer. Hydroption, liquidée en décembre 2021, fut la première victime. Bulb, fournisseur britannique, a cessé ses activités dans l’Hexagone début 2022 après avoir fait faillite dans son pays d’origine. Plusieurs opérateurs étrangers, tels que Mega Energie (Belgique), Ovo Energy (Royaume-Uni) et Barry (Danemark), présents sur le marché français depuis peu, ont également plié bagage face aux difficultés rencontrées. D’autres acteurs comme Energies Leclerc et GreenYellow ont renoncé à leur activité de fourniture, tandis que Planète Oui et Plüm Energie ont été absorbés par des concurrents plus robustes.

 

Un regain d’attractivité pour les fournisseurs

 

Après cet écrémage, le marché montre des signes de stabilisation. La chute des prix de gros, associée à la hausse du tarif réglementé de vente d’électricité (TRVE), redonne de l’attrait à la fourniture d’électricité depuis un peu plus d’un an. Les fournisseurs, qui avaient largement ralenti leur prospection commerciale, repartent désormais à la conquête de nouveaux clients. Les nouvelles offres se multiplient, ravivant la concurrence. En 2024, une dizaine de nouveaux fournisseurs ont obtenu leur autorisation. Si ce chiffre reste en deçà de la moyenne observée entre 2015 et 2020, il illustre néanmoins un regain d’intérêt après une période difficile marquée par un nombre limité de nouvelles entrées et plusieurs retraits.

 

La fin de l’ARENH, un tournant à venir

 

Les fournisseurs alternatifs regagnent progressivement des parts de marché sur les segments des petits et moyens sites non résidentiels. En revanche, leur présence auprès des très gros consommateurs et des ménages reste inférieure à celle d’avant la crise. Leur offensive pourrait néanmoins s’intensifier dans les années à venir, surtout si de nouveaux acteurs rejoignent le marché. Car les fondamentaux du marché de l’électricité restent solides. La transition énergétique, avec l’abandon progressif des énergies fossiles et l’électrification accrue des usages, laisse entrevoir de belles perspectives. Si la consommation d’électricité a stagné ces dernières années, un rebond est attendu à moyen terme.

De plus, l’essor de nouvelles pratiques comme les PPA (Power Purchase Agreements), l’autoconsommation et les circuits courts devrait progressivement transformer le rôle des fournisseurs traditionnels. Par ailleurs, le marché français, au-delà des dynamiques communes à ses voisins européens, présente des atouts spécifiques : il repose sur une base de consommation importante et dispose d’un potentiel significatif de croissance dans les énergies renouvelables. La fin programmée de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), bien que son cadre reste encore flou, pourrait aussi offrir de nouvelles opportunités aux opérateurs alternatifs.

 

Une concurrence accrue d’ici 2030

 

D’ici 2030, la concurrence sur le marché de l’électricité devrait s’intensifier. Les fournisseurs alternatifs pourraient approcher les parts de marché des opérateurs historiques, aujourd’hui largement dominés par EDF. Si ce dernier conservera un avantage auprès des gros consommateurs grâce à ses contrats de long terme, les fournisseurs alternatifs disposent encore d’importantes marges de progression sur les segments des petits professionnels (B2B). Sur le marché résidentiel (B2C), bien que les fournisseurs historiques conservent une avance notable, la pression concurrentielle exercée par les alternatifs pourrait finir par porter ses fruits.

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