L’Elysée se saisit du dossier Photowatt international

D’après un article paru le 5 décembre dans le quotidien Les Echos:

René Ricol, commissaire aux investissements, étudie le dossier du pionnier français du photovoltaïque à la demande de la présidence de la République. L’entreprise, qui emploie 441 personnes, est en redressement judiciaire depuis le 8 novembre.

Avant de voler au secours de Photowatt International, en redressement judiciaire depuis le 8 novembre dernier, les pouvoirs publics veulent s’assurer que le pionnier du photovoltaïque en France est en mesure de repartir sur des bases durables. Aussi, la présidence de la République a-t-elle demandé à René Ricol, le commissaire général à l’investissement, d’étudier le dossier. Jean Therme, le directeur du CEA de Grenoble a, lui, été sollicité pour l’expertise scientifique. Jean-François Carenco, le préfet de Rhône-Alpes, est également très impliqué. Ce soir, une importante réunion est convoquée à la sous-préfecture de la Tour-du-Pin (Isère) à laquelle doivent participer différents acteurs industriels et politiques. Sur le fond, la question posée est de savoir si la technologie au silicium utilisée par Photowatt, basé à Bourgoin Jallieu (Isère), a bien un avenir dans un contexte de forte concurrence mondiale et de surcapacité. « Les Chinois sont capables de fabriquer à un euro le watt crête alors que Photowatt est aujourd’hui à 1,40 euro. Il faudrait qu’il puisse arriver à 0,86 », détaille le préfet Carenco. Le consortium PV Alliance, constitué en 2007 à l’initiative de cette société aux côtés d’EDF Energies nouvelles et du CEA (à travers le laboratoire d’innovation des technologies des énergies nouvelles et des nanomatériaux), a précisément pour objectif de développer des cellules à silicium dites à haut rendement dans le cadre du projet « Solar Nano Crystal » qui s’achèvera en 2013.

Zéro commande

Que Photowatt disparaisse avant d’être allé jusqu’au bout de ce programme constitue un vrai risque que la France perde son avance en la matière et se prive d’un outil de conception et de production expert. D’où la mobilisation autour de cette entreprise de 444 salariés que son propriétaire canadien ATS ne voulait plus soutenir. Faute d’avoir trouvé le repreneur qu’il recherchait depuis de longs mois, il a opté pour le dépôt de bilan. Et les éventuels candidats doivent remettre leurs offres globales ou partielles au plus tard le 13 janvier prochain. « Il n’y en aura pas car le carnet de commandes est à zéro. Et la société perd trois millions d’euros par mois », déplore un proche de l’affaire. Le moratoire sur le photovoltaïque est arrivé au « plus mauvais moment en annulant 40 % du plan de charge 2011 du fabricant », reconnaissait il y a quelques mois Thierry Miremont, l’ex-directeur général. Pour redonner du travail à Photowatt, l’Etat peut persuader ou contraindre des industriels et autres grands comptes de se fournir auprès du fabricant. Parallèlement, il faudra réinjecter de l’argent dans l’entreprise avec un premier apport estimé à 20 millions d’euros par des sources concordantes. Une décision pourrait être prise d’ici au 15 décembre.

Marie-Annick Depagneux, Les Echos

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