Les réflexions sur la relance économique, qui devra suivre l’épisode de crise sanitaire, sont au cœur de l’actualité. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et les 400 acteurs qu’il représente sont convaincus que les énergies renouvelables seront un pilier de cette relance. Dans ce contexte, il a présenté la semaine dernière à la presse ses propositions afin de permettre aux énergies renouvelables de jouer tout leur rôle dans l’effort de relance économique. Pour mesurer concrètement la contribution des énergies renouvelables à l’économie de la France aujourd’hui et dans les dix prochaines années, le SER publie mercredi 17 juin une nouvelle étude réalisée avec le cabinet EY, qui présente des données à l’échelle nationale mais également région par région. L’énergie solaire en est un des piliers !
L’étude par le SER, menée avec l’aide du cabinet EY, s’intitule : « Evolution et analyse de la contribution des énergies renouvelables à l’économie de la France et de ses territoires ». Elle modélise l’impact économique du développement des énergies renouvelables tel qu’il est prévu par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) récemment adoptée par le Gouvernement. Cette analyse montre notamment que :
- La PPE permettra de créer près de 100 000 emplois nouveaux dans le domaine des énergies renouvelables, faisant passer le nombre « d’équivalent temps plein » (ETP) directs et indirects de 166 000 aujourd’hui à 264 000 en 2028.
- La valeur ajoutée créée chaque année par les énergies renouvelables passera de 15 milliards d’euros aujourd’hui à 24 milliards d’EUR en 2028. 80% de cette valeur économique sera localisée en France.
- Les territoires bénéficieront très largement du développement des énergies renouvelables. Les apports des énergies renouvelables se distribueront en effet de manière homogène entre les différentes régions françaises.
Quid du solaire photovoltaïque ?
Les objectifs de la PPE pour 2028 pour le solaire photovoltaïque sont de 44 GW de capacité installée, et confirment le potentiel important de la filière en France et son rôle majeur dans la transition énergétique. L’année 2019 a été marquée par une poursuite du renforcement du cadre législatif et réglementaire. La Loi Energie-Climat a renforcé le cadre de développement pour les projets photovoltaïques pour les bâtiments de plus de 1000 mètres carrés; le Gouvernement a annoncé que le guichet ouvert serait étendu aux installations au moins jusqu’à 300 kWc afin de massifier les projets sur ce segment. La Loi de Finance 2020 a par ailleurs répondu à une attente de la profession en abaissant la fiscalité pour les installations PV de plus de 100 kW avec la réforme de l’IFER. Le marché de l’autoconsommation a fait l’objet de plusieurs évolutions visant à faciliter son développement, avec par exemple la clarification des règles d’exonération de la TICFE. Les acteurs de la filière se sont également mobilisés pour affiner les modalités de calcul du bilan carbone des modules photovoltaïques.
Une croissance attendue de 53% des emplois
Les ambitions françaises pour cette filière devraient générer d’importantes retombées économiques sur le territoire. Pour la France métropolitaine, d’après les résultats de l’étude, la filière, qui représente déjà plus de 17 000 ETP directs et indirects en 2019, pourrait compter 24 000 ETP directs environ en 2028, soit une croissance de 53%. La modélisation montre une forte inflexion à la hausse de ces indicateurs dès 2021-2023, en particulier sur le segment de la construction et de l’installation, résultant de l’accélération de la trajectoire de la PPE. La part relative à l’exploitation des installations est en croissance mais demeurera moins conséquente que la construction et l’installation qui sont intenses en création de valeur ajoutée et d’emplois. Enfin, la production d’équipements représente le troisième segment de la création de valeur, mais aussi celui dont le potentiel de croissance est le plus important, avec des conséquences positives pour le développement de l’industrie française du photovoltaïque. Ces retombées économiques sont distribuées sur l’ensemble du territoire métropolitain avec une prépondérance attendue pour les régions de la moitié sud du pays qui disposent des parcs et gisements les plus importants. La mise en place d’une politique industrielle renforcée avec une augmentation de la part locale mènerait à une augmentation de 15 % de la valeur économique générée sur la décennie. Cette valeur additionnelle concerne particulièrement la fabrication de modules, d’onduleurs et des structures qui reposent aujourd’hui à plus de la moitié sur des importations.
Solaire thermique, un important potentiel de croissance
Les ambitions de la PPE pour cette filière naissante sont de 3 GW de capacité installée en 2028. Représentant environ 3 millions de m² , le parc solaire thermique en France métropolitaine a un important potentiel de croissance et pourrait occuper une place de premier plan dans la transition énergétique. Aujourd’hui, jusqu’à 10 % des usages de la chaleur dans l’industrie pourraient être couverts par la chaleur solaire selon les données du SER, pour une production totalement neutre d’un point de vue des émissions de carbone. En 2019, les règles de l’appel à projets pour les grandes installations solaires ont évolué mais restent encore perfectibles. Les résultats de l’étude sont alignés avec le fort potentiel de croissance pressenti pour la filière, avec une multiplication par deux de la valeur créée pour la période considérée, soit jusqu’à 228 millions d’euros générés en 2028.
Un appel à développer le tissu industriel
Les emplois directs et indirects représentent quant à eux près de 1500 ETP en 2019 et pourraient atteindre 3000 ETP en 2028, dont plus de 60 % d’emplois directs. La construction et l’installation ainsi que l’exploitation et la maintenance concentrent les emplois et la valeur, témoignant à la fois de la nouveauté et du dynamisme de la filière. La faible part des équipements appelle à développer le tissu industriel pour maximiser les retombées potentielles de la filière sur le territoire. Le pic de croissance des emplois et de la valeur ajoutée générés entre 2022 et 2023 reflète l’accélération des objectifs de production prévus par la PPE, de 1,5 TWh en 2018 à 1,75 TWh en 2023 puis 2,5 TWh en 2028. Les résultats régionalisés mettent en valeur les gisements les plus importants, avec une concentration des retombées économiques en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Les régions Grand-Est et Nouvelle -Aquitaine bénéficieraient également du développement de la filière. En suivant le scénario SER pour cette filière (soit un objectif 2028 fixé à 2,98TWh au lieu de 2,50TWh), 0,7 milliard de valeur ajoutée additionnelle serait générée. Cela correspond à 37 % de valeur ajoutée supplémentaire par rapport à un scénario PPE. Un renforcement de la filière menant à une augmentation de la part locale pourrait aussi avoir un impact significatif avec 15 % de valeur économique additionnelle. Cela concerne principalement la fabrication des équipements dont 75 % sont considérés comme étant importés actuellement.