Le Barefoot College forme les Solar Mamas pour lutter contre les méfaits de la pauvreté dans le monde

L’énergie solaire fournit de l’électricité et réduit les émissions de carbone, mais le Barefoot College la considère également comme un catalyseur pour créer des emplois, augmenter les revenus et fournir des solutions autonomes aux communautés villageoises rurales oubliées. Pour ce faire, l’ONG créée en 1972  a structuré le premier réseau mondial centré sur les femmes et dédié au développement durable dans toutes les communautés où la pauvreté existe. Des «Solar Mamas»  formées en tant qu’ingénieurs pour apporter puissance et lumière à leurs villages ! Retour sur une expérience unique qui dure depuis plus de douze ans maintenant.

Dans le monde, 1,1 milliard de personnes vivent sans électricité, ce qui signifie qu’une fois le soleil couché, elles ne peuvent ni travailler ni apprendre. De plus, au sein des maisons, les familles utilisent souvent des lampes au kérosène, qui produisent des niveaux élevés de pollution atmosphérique. Les femmes sont particulièrement exposées car elles souffrent d’inhalation de fumée lors de la cuisson. Le Barefoot College créé en 1972 travaille donc depuis une douzaine d’années sur un programme qui forme des femmes – pour la plupart de jeunes grands-mères – à devenir des ingénieurs solaires – apportant de l’énergie propre et de la lumière dans leurs villages.

“Nous voulons autonomiser ces femmes socialement et économiquement”

En six mois, les Solar Mamas apprennent à construire, installer et entretenir des panneaux solaires et des batteries pour fournir une source d’énergie renouvelable à leurs communautés. Comme la majorité de ces femmes sont analphabètes ou semi-alphabétisées, le programme utilise principalement des outils d’apprentissage visuel, comme des images et des manuels à code couleur. «En plus d’enseigner aux femmes des compétences en ingénierie, nous travaillons avec elles sur leurs aspirations et leur confiance en leur enseignant également des compétences non techniques. Cela comprend la budgétisation et la comptabilité pour favoriser l’inclusion financière, l’utilisation de la technologie pour les ouvrir au numérique, mais aussi la sensibilisation aux compétences des micro-entreprises. Nous voulons autonomiser ces femmes socialement et économiquement » déclare Sue Stevenson, directrice des partenariats stratégiques et du développement international au Barefoot College. Une fois les mamans de retour dans leurs villages, elles deviennent une source d’énergie, au sens littéral du terme, en installant le matériel. Mais elles deviennent aussi des figures puissantes au sein de leurs communautés. «Dans mon village, il y a 68 ménages. J’ai installé tous les panneaux et éclairages de ces maisons», explique Florentina Choc, une Solar Mama de Sainte-Hélène, au Belize. «Une fois que j’ai mis en lumière ma communauté, nous avons pu échanger plus librement. Quelque chose a changé dans le village, pas comme avant quand nous restions dans le noir. Maintenant, mon village a de la lumière ». Aujourd’hui, il existe des centres de formation en Inde, à Zanzibar, au Burkina Faso et à Madagascar. Plusieurs autres sont en cours de développement au Libéria, au Guatemala, aux Fidji et au Sénégal.

50 maisons solarisées en moyenne par Solar Mama

Depuis 2016, le cabinet d’avocats mondial Hogan Lovells assiste Barefoot College avec des conseils juridiques pro bono pour ouvrir quatre nouveaux centres de formation en Afrique. Le cabinet a également recueilli 400 000 $ en dons de clients et d’employés pour financer une partie de cette initiative. Le Barefoot College a reçu des financements de divers gouvernements, banques, organisations multilatérales (comme ONU Femmes) et fondations (Coca Cola, Frey et Erol). Selon l’ONG basée en Inde, chaque femme solarise électrise en moyenne 50 maisons dans son village. En catalysant l’emploi, en augmentant les revenus et en fournissant des solutions autonomes, l’initiative travaille à la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, notamment «Eradication de la pauvreté», «Égalité des sexes» et «Énergie propre et abordable».

Éclairage solaire et cuiseurs solaires paraboliques

Le programme international de formation solaire a en fait commencé à battre son plein en 2008. Il est soutenu par la coopération technique et économique indienne (ITEC) – une division du ministère des Affaires extérieures du gouvernement indien. Le programme de six mois mené deux fois par an est un effort de collaboration du Barefoot College, de l’ITEC et des gouvernements et ONG respectifs (Ground Partners) des pays participants. Il y a actuellement plus de 2200 «Solar Mmas » ou « Barefoot Solar Engineers» dans 93 pays de la planète capables de concevoir, d’installer et d’entretenir des systèmes solaires qui fournissent lumière et électricité à leurs villages. En novembre 2003, le Barefoot College avait déjà créé la Society of Women Barefoot Solar Cooker Engineers à Tilonia, Rajasthan, la première association de femmes qui fabriquent, installent et entretiennent des cuiseurs solaires paraboliques dans leurs maisons. Le cuiseur solaire parabolique est construit à partir de 300 miroirs qui réfléchissent les rayons du soleil sur le fond d’une marmite pour cuire les aliments rapidement et durablement. Les femmes qui ont passé de longues heures à chercher du bois de chauffage peuvent consacrer leur temps à d’autres activités productives. Les communautés dotées de cuiseurs solaires peuvent élargir leurs possibilités de subsistance et limiter les effets négatifs de la déforestation et de la pollution. L’énergie solaire au fil de la vie quotidienne et de la préservation de la planète grâce aux Solar Mamas, des femmes lumineuses et…solaires !

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