L’Académie des technologies recommande de modifier la future règlementation des bâtiments neufs, qui limite trop les solutions techniques autorisées. Elle recommande de privilégier une approche fondée sur le concept de bâtiment ou territoire « à basse consommation » plutôt qu’à « énergie positive ». Analyse.
La future règlementation des bâtiments neufs, dite RBR 2018-2020, s’appuie essentiellement sur le développement des bâtiments et des territoires à énergie positive – respectivement BEPOS et TEPOS. Or, assurer un bilan énergétique annuel positif d’un bâtiment ou d’un territoire n’assure pas de limitation des émissions de GES. De plus, cette approche purement énergétique, qui revient de facto à considérer que l’on peut compenser les moments où l’énergie est rare et chère par ceux où elle est abondante et peu chère, n’a pas de sens économique.
L’Académie des technologies recommande de fonder la règlementation sur la notion de bâtiment basses émissions (BBE), pour éviter la construction de bâtiments neufs, qui seront encore présents à la fin du siècle, émettant des quantités de GES significatives : les solutions techniques économiques (matériaux, systèmes et régulations) pour ce faire existent, pour tout type d’habitat.
Augmenter la part d’EnR dans la production de chaleur
Pour diminuer la part d’énergies fossiles, l’Académie des technologies recommande d’augmenter la part d’énergies renouvelables dans la production de chaleur via les systèmes le permettant de manière économique (chauffages à accumulation, cumulus d’eau chaude, capteurs solaires thermiques, récupération des chaleurs basses températures, chaleur biomasse, réseaux de chaleur, biogaz, etc.). Pour minimiser les émissions de GES, il faut penser le bâtiment comme un système énergétique à optimiser entre usages de l’énergie, apport via les réseaux et production locale à base d’énergies renouvelables.
La pertinence du stockage
Installer de la production d’énergies renouvelables, photovoltaïque notamment par les bâtiments, implique de penser simultanément la mise en place d’usages flexibles ou déplaçables en fonction des ressources nationales ou locales disponibles. Cela implique aussi d’installer du stockage d’électricité et du stockage de chaleur dès que leur efficacité économique est démontrée et qu’ils permettent de baisser les émissions : les transferts jour/nuit sont efficaces, les transferts sur des durées hebdomadaires voire entre saisons sont à développer.
Enfin, pour maintenir notre stratégie nationale d’indépendance énergétique et de garantie d’approvisionnement, l’Académie considère qu’en matière de développement des nouveaux systèmes de production et de distribution de l’électricité, il faut privilégier les Territoires basses émissions et non les TEPOS, car ces derniers peuvent inciter à utiliser des ressources locales parfois plus coûteuses que celles d’un territoire voisin.
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