Un nouveau rapport des Nations Unies démontre que les gouvernements et les entreprises prennent à l’unisson des mesures pour accélérer la transition vers un avenir vert, sobre en carbone, économe en ressources et socialement inclusif. De la Chine à la Barbade, du Brésil à l’Afrique du Sud, les pays conçoivent des stratégies et des activités relevant de l’économie verte pour promouvoir la croissance et l’emploi, la protection de l’environnement et l’égalité.
Dans une déclaration formulée à l’occasion de la publication du rapport phare intitulé « Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté » du PNUE, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a émis ce commentaire :
« Alors que le monde entier attend la Conférence Rio+20 des Nations Unies sur le développement durable, prévue en juin 2012, le rapport du PNUE consacré à l’économie verte met à mal le mythe du compromis entre l’économie et l’environnement. En adoptant des politiques publiques intelligentes, les gouvernements peuvent développer leur économie, créer des emplois décents et accélérer le progrès social tout en adaptant l’empreinte écologique de l’humanité aux capacités de la planète. »
Principaux messages
Le rapport, qui est le fruit d’enquêtes mondiales menées pendant trois ans par des centaines d’experts, a fait l’objet d’un examen public pendant trois mois avant d’être divulgué aujourd’hui. Il confirme qu’il suffit d’investir 2 % du PIB mondial dans dix grands secteurs pour commencer à se départir de l’actuelle économie polluante et inefficace au profit d’une nouvelle économie verte.
Le rapport estime que cette transition autoriserait une croissance de l’économie mondiale à un rythme identique, si ce n’est supérieur aux prévisions établies sur la base des modèles économiques actuels.
Mais sans générer les risques, chocs, pénuries et crises traditionnellement inhérents à notre actuelle économie « brune », avide de ressources et de carbone, explique le rapport.
En plus de promouvoir la croissance, une transition mondiale vers une économie verte autoriserait un revenu par habitant supérieur à celui conféré par nos modèles économiques actuels tout en réduisant l’empreinte écologique de près de 50 % d’ici 2050, par comparaison avec la norme actuelle.
Il ajoute que, au fil du temps, le nombre d’« emplois nouveaux et décents créés » dans différents secteurs, des énergies renouvelables à l’agriculture durable, compensera les pertes de l’ancienne « économie brune ».
Ainsi, de plus en plus de pays entreprennent des activités dans le but d’accélérer cette transition. Par exemple, le groupe consultatif international du Gouvernement chinois devrait présenter son propre rapport sur l’économie verte lors de la réunion du Conseil de Chine prévue cette semaine. Après avoir dépassé l’Espagne en 2009, la Chine est devenue le premier investisseur au monde dans le secteur des énergies renouvelables, avec 49 milliards de dollars d’investissements réalisés en 2010. Globalement, la Chine s’est engagée à investir 468 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans diverses industries clés, parmi lesquelles les énergies renouvelables, les technologies propres et la gestion des déchets. « La Chine estime que l’économie verte constitue un choix stratégique dans un monde de plus en plus dépendant de ses ressources et nous avons fait ce choix dans nos plans de développement », affirme M. He Bingguang, directeur général de la Commission nationale chinoise de développement et de réforme. « Nous apprécions la contribution du PNUE, qui s’efforce de promouvoir une économie verte mondiale, susceptible de profiter à tous les pays », ajoute-t-il.
Projet thermosolaire de Kom Ombo en Egypte
Certains pays, comme la Barbade, le Cambodge, l’Indonésie, la République de Corée et l’Afrique du Sud, déploient déjà des plans nationaux d’économie verte tenant compte des recommandations du rapport. D’autres, comme l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Égypte, le Kenya, la Jordanie, la Malaisie, le Mexique, le Népal, le Sénégal et l’Ukraine, concentrent leurs efforts sur des secteurs prioritaires, tels l’agriculture, l’énergie renouvelable, le tourisme et les technologies propres. En ce qui concerne les entreprises, le PNUE a constitué une équipe avec les 285 plus grands investisseurs au monde – représentant 20 000 milliards de dollars d’actifs – qui a appelé les gouvernements à se mobiliser et à intervenir sur les enjeux du changement climatique, notamment en investissant dans les industries émergentes comme les sources d’énergie renouvelable et l’éco-construction. Des appels analogues ont été relayés par la Chambre de commerce internationale, qui représente plusieurs centaines de milliers d’entreprises dans plus de 130 pays.
La récente vague d’investissements propres ne bénéficie pas seulement aux économies émergentes, mais également à d’autres pays en développement. D’après les dernières données de Bloomberg, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont augmenté de 32 % en 2010, pour atteindre le montant record de 211 milliards de dollars. Après les économies émergentes du Brésil, de la Chine et de l’Inde, ce sont les pays d’Afrique qui, parmi toutes les régions en développement, affichent la hausse la plus forte. En Égypte, les investissements dans les énergies renouvelables sont passés de 800 millions de dollars à 1,3 milliard de dollars, grâce au projet thermosolaire de Kom Ombo et à un parc éolien côtier de 220 mégawatts dans le Golfe d’El Zayt. L’une des plus grandes centrales thermosolaires au monde est en cours de construction dans le désert californien des Mojaves, tandis que d’autres sont en cours de construction en Espagne et dans d’autres régions des États-Unis.
Création d’emplois
Le rapport sur l’économie verte estime que, au fil du temps, ces secteurs clés vont catalyser des « emplois nouveaux et décents ». Une récente étude conduite par l’OIT et l’Académie chinoise des Sciences sociales (CASS), intitulée « Développement à faibles émissions de carbone et emploi vert en Chine », confirme ce fait. Cette étude dresse une liste des gagnants et des perdants potentiels et spécifie l’ampleur des impacts directs et indirects requis pour tirer des bénéfices nets. Elle conclut que, bien que 800 000 personnes travaillant dans de petites centrales à charbon en Chine risquent de perdre leur emploi en raison des mesures prises pour atténuer le changement climatique, 2,5 millions d’emplois pourraient être créés d’ici 2020 dans le seul secteur de l’énergie éolienne. Au Brésil, l’OIT a récemment contribué à faire construire 500 000 nouveaux logements équipés de systèmes de chauffage solaire, créant ainsi 30 000 emplois nouveaux. En Afrique du Sud, un projet analogue sur la restauration d’hydro-écosystèmes a permis de créer 25 000 emplois verts réservés à des chômeurs et, dans le même temps, de rétablir des sources d’eau fraîche vitales pour la population.
Le rapport « Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté » peut être consulté sur le site Internet du PNUE :
Consulter le rapport…