Mercredi 18 décembre 2013, la société Solar Ener Jade, l’un des principaux installateurs solaires de l’Ouest de la France basé à Saint-Michel-Chef-Chef, en Loire-Atlantique, a été placée en redressement judiciaire. L’année 2014 devrait ainsi être hélas synonyme de réduction des effectifs sur l’activité solaire. Témoignage !
Installateur solaire dans le Grand Ouest de la France, le groupe Solar Ener Jade qui compte encore une cinquantaine de salariés a été placé en redressement judiciaire le mercredi 18 décembre dernier. Dès le début de cette année 2014, un Plan Social de Sauvegarde pour l’Emploi (PSE) va se mettre en place au sein de l’entreprise. Malgré un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros en 2013, la société Solar Ener Jade accuse de lourdes pertes au vu de sa situation bilancielle. En ligne de mire du redressement judiciaire, l’épuration de la dette solaire et la recherche de partenaires industriels et financiers afin de sauvegarder l’emploi au maximum tout en poursuivant le développement de Méthajade, la filiale qui développe depuis trois ans les technologies de méthanisation à la ferme.
« Les PME du solaire peuvent crever »
Comment en est-on arrivé là ? Mi 2012, Solar Ener Jade, créée en 2006, employait près de 110 personnes. En sept ans d’activité, la société a installé 15 MW de solaire photovoltaïque, cent trente centrales professionnelles et plus de mille cent toitures particulières. Début 2013 en pleine crise post-moratoire, Solar Ener Jade a engagé une première restructuration en divisant par deux les effectifs. Exit les agences de Caen, Rennes, Angers, Saint-Brevin et La Roche-sur-Yon. L’activité s’est recentrée sur le siège de Nantes-Rezé. Aujourd’hui, la deuxième lame du rasoir vient sabrer les derniers espoirs des responsables de la société. « La rage est derrière nous. Nous ressentons aujourd’hui un fort sentiment d’abandon. L’aval de la filière solaire a été oublié sur le dogme et le culte de l’industrie qui a relégué l’ingénierie et l’installation au second plan. Nous sommes sacrifiés sur l’autel de l’indécision des politiques manipulés par les grands énergéticiens. Les PME du solaire peuvent crever » s’insurge Sylvère Labrune, directeur de l’activité solaire de Solar Ener Jade.
« Nous y croyons encore, nous allons repartir »
En trois ans, la filière solaire française est passée de vingt cinq mille à trois mille personnes. Dans l’Ouest de l’Hexagone, elle se réduit à une véritable peau de chagrin. « Vous vous souvenez ce rapport qui estimait qu’un emploi salarié dans le solaire coûtait plus cher qu’un chômeur. Le gouvernement doit être content, il a gagné quelques milliers de chômeurs » ajoute le directeur d’entreprise qui estime qu’un marché résiduel, dans le secteur professionnel, peut encore être travaillé. La Solar Ener Jade a, en revanche déserté le marché du résidentiel à cause d’un environnement concurrentiel qui « ne vaut plus le coup de se lever le matin ». « Se trouver en face de gens qui vendent du 3 kWc à 22 000 euros en promettant un ensoleillement digne du désert d’Atacama, trop peu pour nous. Nous nous sommes retirés de ce marché de dupes » poursuit Sylvère Labrune. En 2013, Solar Ener Jade a donc concentré ses efforts sur les 36-100 kWc, efforts qu’elle compte poursuivre dans les prochains mois notamment sur les 100 kWc via des bâtiments neufs en cofinancement solaire/bâtiment. Et ce, même si les baisses trimestrielles de tarif génèrent des avatars successifs terribles sur les actions commerciales entreprises avec des investissements de plus en plus longs à amortir pour la clientèle. L’objectif 2014 pour Solar Ener Jade qui dispose donc encore d’un joli carnet de commandes, notamment dans le secteur agricole, est également de se positionner sur les appels d’offres 100-250 kWc avec l’aléatoire que sous-tend ce type d’exercice. « Malgré tout cela, nous y croyons encore. Nous allons être en mesure de repartir » conclut Sylvère Labrune.
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