Nous avons exhumé une interview de feu Patrick Devedjian, ministre délégué à l’industrie de 2004 à 2005 sous le gouvernement Raffarin 3. Ministre profondément nucléophile, il y évoquait ses réticences sur le développement de la filière photovoltaïque française. Un entretien qui montre combien la technostructure française a eu tout faux sur le diagnostic posé quant au développement futur de l’énergie solaire. Miscellanées ! Â
« Je ne veux d’abord pas qu’on oppose nucléaire et énergie renouvelable. Ces deux filières sont complémentaires et doivent chacune trouver leur place au sein du bouquet énergétique. Maintenant, je suis aussi comptable du budget des Français et il est donc normal que l’on adapte les aides au degré de maturité des filières des énergies renouvelables ».
« Dans le cas de l’éolien par exemple qui est une filière mature et donc proche d’une rentabilité de marché, le système de l’obligation d’achats permet un fort développement de la filière. Pour le photovoltaïque, la problématique est différente car cette filière est encore très loin d’être compétitive. Il faut donc trouver d’autres moyens de promouvoir son développement, en particulier en soutenant la recherche ou des projets exemplaires ».
« Une politique industrielle efficace, c’est une politique qui adapte la nature de l’aide qu’elle apporte à la maturité d’une filière. C’est ensuite une politique qui fait des choix car le budget consacré aux industries est un budget limité. Et aujourd’hui, compte tenu de leur degré de maturité, il me paraît plus efficace de viser un fort développement de l’éolien plutôt que du photovoltaïque. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que l’on rende un grand service aux industriels en les poussant à investir massivement dans une filière dont on sait qu’elle ne pourra survivre qu’avec d’importantes subventions sur un très long terme ».
Autant dire que Patrick Devedjian n’a pas été très visionnaire à l’époque. A sa décharge, ils étaient nombreux dans son cas. Biberonnés à l’atome et à l’énergie centralisée, nos décideurs ont manqué le virage de la transition énergétique. La France et même l’Europe toute entière le paient aujourd’hui. Et de tenter de recoller les morceaux avec le plan REPowerEU. Mieux vaut tard que jamais !