La data : le nouvel « or noir » de la transition énergétique ?

Le cabinet de conseil en management Colombus Consulting publie les résultats de son étude consacrée à l’exploitation de la data dans le cadre de la transition énergétique.   La data, une incroyable source de valeur !

Avec le développement des smart grids, des objets connectés, l’essor du big data et de l’open data, les acteurs de l’énergie disposent d’une quantité exponentielle de données. Correctement  valorisée,  la  data  constitue  un  actif  stratégique  et  un  avantage concurrentiel pour les entreprises face aux besoins évolutifs de leurs clients et partenaires. Plus globalement, elle peut servir de tremplin pour accélérer la transition énergétique, et contribuer ainsi à l’atteinte des objectifs ambitieux que se fixe la France en matière de politique énergétique et environnementale.

De  nombreuses  applications sont  déjà visibles sur  l’ensemble de  la  chaîne de valeur : pilotage  en  temps  réel,  maintenance  prédictive,  supervision  des  systèmes  et  des infrastructures, etc. Pour autant, la maitrise de la data est complexe, en raison du volume de données générées, de  la  diversité  de  leur  format, de  la multiplicité des acteurs en place et de la complexité de la législation qui les encadre. Des défis restent donc à lever pour exploiter davantage le potentiel immense des données énergétiques, à l’échelle de l’entreprise et de son écosystème.

Les  données  constituent  un  actif  essentiel  pour  répondre  aux  enjeux  de  la  transition énergétique

La  chaîne  de  valeur  de  l’énergie  produit  nativement  un volume considérable de données. L’émergence des smart grids et des objets connectés, les politiques de big data ou encore  le  développement  de  l’intelligence artificielle contribuent  en  particulier  à  augmenter  de  manière exponentielle les données produites.  « Dans  un  contexte  d’ouverture  à  la  concurrence  du marché  de  l’énergie,  de  transformation  des  usages  des clients  et d’évolution  de  la  réglementation,  le  rôle  de  la donnée devient incontournable et fait naître de nouveaux défis », analyse Anouck Dubois, consultante énergie chez

Colombus Consulting et co-auteur de l’étude.

De plus, « afin de répondre aux ambitions que se fixe la France en matière de transition énergétique, l’ensemble du système doit se transformer pour intégrer de nouvelles sources de production, qui en complexifient la gestion. Dans ce contexte, les données vont jouer un rôle essentiel au service de la performance du système énergétique. » La  spécificité  des  données  énergétiques  rend  leur  exploitation  complexe et  pose  de nouveaux défis pour les acteurs de l’écosystème Si les initiatives et expérimentations ne manquent pas, l’exploitation des données énergétiques se révèle complexe pour plusieurs raisons.

•  Le volume de données augmente avec le développement des réseaux intelligents.

•  La multiplicité d’acteurs et donc des sources potentielles de données (gestionnaires de réseau, producteurs, consommateurs, fournisseurs, agrégateurs, collectivités territoriales, etc.) complexifie la mise en place d’une gouvernance commune.

•  La diversité des formats de données rend difficile la mise en place de synergies : il n’existe pas à ce jour de format normalisé de données à l’échelle du marché de l’énergie.

•  Le  cadre  législatif  encadrant  les  données  énergétiques  est  de  plus  en  plus  exigeant : application de la réglementation RGPD sur les données personnelles, déclinaison de la directive NIS sur la cybersécurité des « services essentiels », etc.

Pour une gouvernance de la donnée

« Pour que la donnée devienne un véritable moteur de la transition énergétique, le prochain défi des  grands  énergéticiens  sera  de  dépasser  le  stade  de  l’expérimentation  et  penser industrialisation,  à  l’échelle  de  l’entreprise  mais  aussi  (et  surtout !)  de  l’écosystème. »  poursuit Anouck Dubois. A l’échelle de l’entreprise, ce changement d’envergure suppose de se doter d’une organisation centrée autour de la donnée (on parle d’entreprise data-centric ou data-driven). Cela nécessite des évolutions à tous les niveaux, comme la mise en place d’une gouvernance de la donnée, la redéfinition des activités, l’évolution des compétences, des outils, des processus et de la culture d’entreprise. A l’échelle de l’écosystème, les parties prenantes devront renforcer drastiquement le niveau de coordination actuel pour mettre en place une gouvernance commune. Elles devront aussi trouver un équilibre entre l’ouverture des données et leur sécurisation. La  valorisation  de  données  est  une  démarche  très  transverse,  à  considérer  dans  son ensemble.

L’entreprise doit d’abord collecter la donnée dans son état brut, la qualifier, l’organiser, s’assurer qu’elle soit fiable à tout instant. Puis vient une phase d’analyse permettant de transformer les données en informations porteuses de sens. Enfin, ces informations doivent être « activées » pour délivrer  de  la  valeur  ajoutée  et  ainsi  répondre  à  un  besoin  métier.  A  chaque  étape,  cette démarche fait appel à une vaste palette de compétences au sein et à l’extérieur de l’entreprise. C’est donc tout un écosystème d’acteurs qu’il faut coordonner et acculturer à l’usage de la data.

Mettre  les  données  au  service  de  la  transition  énergétique :  quelques  applications concrètes

Parmi les applications concrètes en matière de transition énergétique, la data a vocation à faciliter le pilotage de projets et la surveillance des systèmes. Les objets communicants génèrent un volume de données sur lesquelles les acteurs des réseaux énergétiques  peuvent  s’appuyer  pour  piloter  leurs  projets.  Ils  doivent  cependant  disposer d’informations à jour pour assurer leur activité et gagner en réactivité. L’un de leurs défis est de réduire le Time to data, c’est-à-dire le temps nécessaire pour passer d’une donnée brute à une donnée traitée, communicable et exploitable. Certains outils comme la data-visualisation sont régulièrement mobilisés par les chefs de projets, car ils permettent de manipuler facilement des données  complexes,  piloter  la  performance  d’un  système  énergétique  et  communiquer  plus simplement et efficacement.

La data permet aussi d’accroître la connaissance du client et de personnaliser l’offre de service. La conception d’offres clients personnalisées s’appuie généralement sur la mise en place d’une stratégie data-driven. « Cette approche est indispensable pour accroître la connaissance des clients par l’analyse des données et ainsi proposer des offres adaptées et plus compétitives. Elle a permis par exemple de proposer des offres en self-care qui visent à favoriser l’autonomie du client dans la gestion de ses contrats et dans le pilotage de sa consommation » explique Delphine Collard, consultante énergie chez Colombus Consulting et co-auteur de l’étude.

« La data est devenue un enjeu clé pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’énergie. Des applications  sont  visibles  sur  l’ensemble  de  la  chaîne  de  valeur  (pilotage  en  temps  réel, maintenance  prédictive,  supervision  des  systèmes  et  des  infrastructures,  etc.) mais  des  défis restent  à  relever  pour  en  exploiter  davantage  le  potentiel  et  en  faire  un  véritable  allié  de  la transition énergétique », conclut Delphine Collard.

Encadré

X 1500 d’ici 15 ans

Sur le marché de l’électricité, le volume de données disponibles pour l’analyse et l’aide à la décision pourrait être multiplié par 1500 d’ici 15 ans selon Spark Cognition, Artificial Intelligence and the Internet of Energy.

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