Dès sa création en 2005, la société belge Issol s’est spécialisée dans le photovoltaïque sur mesure intégré au bâtiment. Une niche de la niche qui lui a permis de développer un savoir-faire pluriel et unique sur le marché. Suffisamment en tous les cas pour remporter le marché du Pentagone à la Française de Balard, un projet architectural à la technique complexe et à l’esthétisme rare. Détails de la plus grosse installation photovoltaïque intégrée de Paris avec 820 kWc de puissance !
En 2005, Laurent Quittre, PDG d’Issol, a lancé sa société de fabrication de modules en Belgique à une trentaine de kilomètres de la frontière allemande. Très vite, le chef d’entreprise comprend qu’il n’aura rien à gagner à travailler sur le modèle existant de production de masse de capteurs cadrés dans une logique de rentabilité de court terme. Laurent Quittre s’intéresse lui au monde de la construction et à la fonction architecturale des modules photovoltaïques, loin des capteurs cadrés de 1,60×0,80 m qui pour lui n’ont pas vocation à s’intégrer au bâtiment.
Les BePOS poussent le marché de l’intégration PV
« Pour s’intégrer au bâtiment, les supports de la technologie photovoltaïque doivent et vont évoluer. Nous n’en sommes qu’au début. Demain ce sera peut-être de la peinture. Aujourd’hui, l’intégration est d’ores et déjà poussée en Europe par les bâtiments actifs à énergie positive. C’est un marché en forte croissance et en pleine effervescence. Jamais les besoins de modules sur mesure pour des bâtiments BePOS n’ont été aussi importants » admet Laurent Quittre. Une preuve. Alors que la quasi-totalité des fabricants européens cèdent à la déprime, Issol (57 salariés) affiche sept années de bilan positif et voit son chiffre d’affaires en légère augmentation cette année à environ 15 millions d’euros. Après livraison de cellules pour l’essentiel encore européennes – l’arrêt de Bosch risque de changer la donne -, Issol fabrique les modules dans ses ateliers de Dison (Liège). « Nous découpons le verre, encapsulons la cellule dans le verre, connectons les boîtes de jonction. Nous pouvons être très réactifs. Nous travaillons également beaucoup sur les aspects normatifs et notamment la sécurité. Nous répondons aux exigences des métiers de la construction » assure Laurent Quittre. Cette double casquette qui oscille entre une forte capacité d’adaptabilité et de flexibilité et une expertise en matière normative a permis à Issol de se positionner sur le chantier du Pentagone à la Française de Balard (15ème arrondissement). « Au final, tous les critères du projet pointaient vers nous. Et puis je crois aussi que nous avons su séduire les architectes avant de séduire Bouygues. Cela a été notre grande force » reconnaît le chef d’entreprise belge.
1 500 tailles différentes de modules
En effet le défi architectural et technologique que représente un tel bâtiment est de taille. Les architectes ont, notamment imposé que la technologie photovoltaïque ne soit pas visible avec, qui plus est, un rendu homogène s’apparentant à la couleur grise des toitures en zinc de Paris. « Pour remplir cette contrainte esthétique de rendu en gris zinc, nous avons négocié avec Bosch pendant des mois. Ils ont accepté de changer leur recette pour nous, en supprimant quelques couches d’anti réflecteur ce qui a eu pour effet de diminuer le rendement électrique de 0,5%. Mais dans ces projets, l’intégration prime sur le rendement » confie Laurent Quittre. Architecturalement, ce projet arbore de nombreuses toitures triangulaires. L’installation photovoltaïque de 820 kWc qui s’étend sur 7000 m² a donc nécessité 1 500 tailles différentes de modules épousant la géométrie de la toiture. Vous avez dit sur mesure ! Sans compter les contraintes normatives démentielles dans un tel lieu : Verre sécurit de 12 mm, classe au feu M0/M1 (BS1d0), sans combustion dans zones à risque ou encore matériau anti éblouissement avec candela inférieur à 10 000 en raison de l’héliport voisin etc. « Il est évident que sur un tel projet notre faculté d’être à l’écoute des architectes, notre expérience dans le développement de solutions sur mesure, notre capacité à répondre aux standards les plus élevés en matière de qualité, de gestion de projet et notre solvabilité financière ont été déterminante. C’est d’ailleurs cette somme d’atouts qui fait que nous récupérons en France de nombreux projets qui souffrent notamment de garanties financières » conclut Laurent Quittre. Fin des travaux du Pentagone à la Française au début du printemps pour Issol. Avant de repartir sur le projet de bâtiment du Conseil de l’Union Européenne à Bruxelles ! Sacré plan de vol pour Issol qui plane sur cette activité du BIPV !
Encadré
Les principales caractéristiques de l’architecture écologique
Certifications environnementales HQE & BREEAM
Bâtiment autonome 10 mois par an
80% des besoins en énergie seront produits avec des ER
Installation BIPV de 820 kWc (7000 m2) avec souci d’intégration urbaine
Le plus grand projet d’intégration du PV à Paris
Plus d’infos…