Interview/Brigitte Chevet : « Entre complot et incompréhension, je ne trancherai pas »

Les « Voleurs de Feu » est un remarquable documentaire réalisé par la journaliste Brigitte Chevet, une histoire de l’énergie solaire en France, des utopies des années 70 aux enjeux cruciaux d’aujourd’hui en passant par le terrible moratoire de décembre 2010 Le film sera diffusé en avant-première le 9 janvier 2017 à 19h30, salle Brabant de la SCAM, (5 avenue Vélasquez, Paris 8ème, métro Villiers ou Monceau). Il sera également diffusé au plan national sur Public Sénat le 14 janvier prochain à 22 heures. A ne pas manquer ! L’occasion aussi de rencontrer la réalisatrice de « Voleurs de Feu » !

Plein Soleil : Quand avez-vous commencé à vous intéresser au sujet de l’énergie solaire ?
Brigitte Chevet : J’ai toujours été intéressé par les sujets autour de l’énergie. L’étincelle du film est venue au moment du moratoire. J’ai tourné quelques images sur les protestations de l’époque avec l’association « Touche pas à mon panneau solaire » ou une grève de la faim initiée par un professionnel. Je sentais qu’il y avait une histoire, qu’il se passait quelque chose de grave sur la filière solaire. Et paradoxalement aucune télé n’était intéressée par le sujet. J’ai donc laissé le sujet en jachère avec ces images dans les cartons.

PS : Qu’est-ce qui vous a fait replonger dans cette histoire ?
BC : La COP 21. Les télés se sont alors réveillées. Avec mon producteur, nous avons ressorti le sujet des cartons pour tirer les fils de cette histoire de moratoire. C’est le moment où j’ai rencontré André Joffre qui a eu la gentillesse de passer beaucoup de temps avec moi et qui m’ai aidé à comprendre le contexte. Il a été ma mémoire.

PS : Vous avez alors découvert pléthore de choses sur le solaire en France ?
BC : Reiser et ses dessins, Odeillo et son four solaire, Thémis, j’ai exhumé tout cela, toutes ces choses qui étaient imprimées dans la mémoire collective. Et les gens me remercient pour cela. C’est comme si un couvercle avait été mis sur tout ça. Et puis il y a eu cette filière solaire massacrée dans les années 2010. J’étais l’une des seules journalistes de France à travailler là-dessus. Tout cela s’est déroulé dans une totale indifférence. Même les écologistes se sont faits avoir par la propagande et le discours gouvernemental qui, pour faire passer la pilule du moratoire, disaient que le solaire ne marchait pas bien, qu’il était polluant avec des panneaux chargés de terres rares mais aussi que les Chinois allaient nous envahir. En règle générale, les écologistes ont un discours toujours contre. Ils doivent changer et aller vers des discours d’adhésion à cette cause solaire qui est devenue une solution viable.

« Activité gadget et retour à la bougie »

PS : Vous y voyez une sorte de complot, comme le suggère André Joffre dans votre documentaire ?
BC : Je ne suis pas très adepte de ce type de théorie et il me semble impossible de trancher entre un complot et une incompréhension. C’est certainement un mélange des deux pour une filière solaire qui n’a jamais été bien régulée et qui a subi un mépris inconscient, traitée qu’elle a été d’activité « gadget » et de symbole de retour à la bougie par de nombreux politiques et experts. En tous les cas et c’est une certitude, cette crise a bien arrangé ceux qui croient encore que le nucléaire est la solution.

PS : Vous suivez toujours l’actualité solaire aujourd’hui et comment voyez-vous l’avenir de la filière ?
BC : Bien sûr, je suis toujours les infos, je lis la lettre de Tecsol. Je trouve que les grandes ambitions autour de cette énergie ne sont pas encore là. Certes, l’autoconsommation va prendre le relais mais pas massivement tout de suite. Cela reste compliqué. Nous sommes dans un entre deux. Par exemple, je viens d’acheter une maison à Rennes que j’aimerai équiper. Il me faut trouver des professionnels compétents, ce qui n’est pas facile aujourd’hui avec la disparition des installateurs, je dois aussi avoir les moyens de payer mes factures d’électricité en avance en investissant dans le solaire et j’attends aussi une solution de stockage comme Tesla encore un peu trop onéreuse. Tout cela n’est pas facile à réaliser aujourd’hui mais je ne désespère pas de le faire dans un avenir proche.
Pour le lundi 9 janvier et pour l’avant-première, la jauge de la salle étant limitée, merci de réserver votre place à :
distribution@vivement-lundi.com. La projection sera suivie d’un cocktail.

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