Le point de vue de Michel Lerendu, Chief Financial Officer et co-fondateur de Faradae
Le gouvernement a récemment annoncé son intention de réduire significativement les tarifs auxquels l’État est engagé à acheter l’électricité d’origine photovoltaïque fournie au réseau public sur la base de l’arrêté tarifaire S21 ainsi que les volumes concernés. Cette annonce marque une nette inflexion dans le soutien apporté par l’État au développement des capacités de production d’électricité photovoltaïque.
Jusque-là inconditionnel, celui-ci est désormais soumis à une double contrainte :
1. la diète budgétaire à laquelle notre pays se soumet,
2. le besoin de maintenir l’équilibre délicat entre l’offre et la demande d’électricité sur le réseau public.
Les efforts importants que notre collectivité doit fournir pour répondre tant au vieillissement de la population, à l’instabilité du contexte géopolitique mondial qu’à la réduction de notre endettement, doivent contribuer à résorber le déficit structurel de nos comptes publics. De notre point de vue, ces efforts ne peuvent être consentis que s’ils sont justement partagés par tous les acteurs de la société, sur le mode de la solidarité, y compris par les acteurs de la filière photovoltaïque.
Dans une tribune publiée en décembre 2024, les voix de dix anciens dirigeants d’entreprises et politiques se sont par ailleurs élevées pour dénoncer le développement à marche forcée des énergies renouvelables non pilotées avec des « garanties de prix accordées aux producteurs de cette électricité intermittente qui leur donnent un accès prioritaire sur le marché de l’électricité, faussent les règles de fixation des prix, déstabilisent les marchés jusqu’à des prix négatifs […] ». Quoi qu’on en pense, il y a une part de vérité dans cette tribune. S’ajoute à cela la mise en garde toute récente du haut commissaire au nucléaire sur le risque de surcapacités de production électrique résultant du développement des énergies renouvelables.
Face à l’actualité, chez Faradae nous défendons deux convictions :
• La vocation première de l’électricité photovoltaïque est d’être générée là où elle doit être consommée, sans passage par le réseau public, sans nécessité de construire de nouvelles lignes pour évacuer une énergie par essence intermittente, sans besoin d’investir sur des équipements coûteux nécessaires à l’équilibrage de son fonctionnement. Il s’agit donc de privilégier des installations de petites tailles couvrant les toitures et les parkings attenants aux lieux de consommation qui autoconsomment la production locale.
• L’autoconsommation (et particulièrement l’autoconsommation individuelle) induit naturellement une évolution des usages en lien plus étroit avec les cycles de production photovoltaïque. Un équipement de chauffage sera ainsi lancé en plein jour plutôt qu’en tout début de journée, et les calories générées en surplus pourront être stockées localement sous forme d’eau chaude prêtes à être consommées la nuit tombée. L’efficacité d’un générateur photovoltaïque fléché vers l’autoconsommation ne se mesure plus dès lors au nombre de kWh produits mais à son taux d’autoproduction, c’est à la proportion de l’énergie consommée sur place : c’est là également le sens de l’appel de l’ADEME au développement de la flexibilité électrique.
Dans les faits, en dépit des précautions prises pour la dimensionner, une installation photovoltaïque fléchée vers l’autoconsommation induira le plus souvent un surplus aussi faible soit-il, que le réseau public devra prendre en charge. Dans la mesure où cette installation vise précisément à minimiser la perturbation occasionnée au fonctionnement du réseau public, nous appelons la puissance publique à revaloriser la formule de rachat de ce surplus afin d’encourager un comportement socialement responsable des acteurs économiques.