Les sociétés françaises Energy Pool, Hydronext, Saft et Schneider Electric préparent le marché du solaire non subventionné en créant SolaireFlex, une plateforme d’innovations pour l’intégration de l’énergie photovoltaïque. Ignace de Prest, directeur Solar Power Generation et Energy Storage chez Schneider Electric dresse les objectifs ambitieux de cette collaboration franco-française tournée vers l’Intelligence System pour le déploiement massif de l’énergie solaire. Interview !
Plein Soleil : La plateforme SolaireFlex réunit quatre partenaires complémentaires qui disposent chacun d’un savoir-faire dans le monde de l’énergie. Quelles sont les enjeux d’une telle plateforme ?
Ignace de Prest : Au sein de la plateforme, l’enjeu numéro un est d’être capable d’utiliser les synergies numériques et économiques de marché pour entrer pleinement dans le monde de l’électricité solaire non subventionnée. Le système du tarif d’achat, le Feed In Tarif (FIT), est en voie de disparition. Nous sommes en France dans une phase transitoire de moyen terme grâce au dispositif des appels d’offres. Mais les subventions vivent leurs derniers instants. Depuis dix ans, entre la R&D et les énormes progrès en termes de productivité, le secteur du solaire a connu des baisses de coûts sans précédent. Et pas que les panneaux ! Le BOS (Balance Of System) est passé de 1 euro à 30 c/€ le W et ce n’est pas le génie civil qui a été divisé par cinq. Des gains importants ont été réalisés dans la chaîne de conversion de l’électricité autour d’un élément clé, la standardisation. : plug and play, briques intégrées sur site, approche industrialisés comme c’est le cas sur le site de Cestas en Gironde (300 MW). Après la baisse actée du kWh qui était le premier, l’heure du deuxième enjeu est à présent venue, celle de mieux valoriser ce kWh solaire.
Préparer le solaire non subventionné
Plein Soleil : Cela veut dire que SolaireFlex est taillée pour aller au-delà de la seule vente des électrons verts ?
IDP : Aujourd’hui, et c’est un constat, 100% des capacités solaires installées sont prioritaires sur les autres énergies. Elles ne sont pas soumises aux règles de marché. Mais cela se termine. Le solaire va devenir une source d’énergie soumises aux lois du marché. Il faut donc s’adapter et surtout anticiper le solaire non subventionné. Toutes les technologies numériques et les mécanismes de marché existent.
Plein Soleil : Comment préparez-vous cette étape ?
IDP : Cette nouvelle étape de développement du solaire repose sur une intégration flexible d’actifs de production décentralisés dans les systèmes énergétiques : autoconsommation, participation des centrales solaires à l’équilibrage du système électrique (notamment aux réserves fréquentielles), commercialisation de l’énergie solaire sur les marchés, couplage du solaire avec de nouveaux modes de consommation (véhicules électriques) ou encore ajout de capacités de stockage (lissage de production). La mission de SolaireFlex et de ces métiers de convergence est d’associer et de mettre en cohérence l’ensemble de ces solutions – technologies numériques, services, logiciels, équipements et savoir-faire – permettant ainsi de contribuer à la définition des futurs modèles économiques.
Digitaliser l’énergie pour mieux la contrôler
Plein Soleil : La plate-forme SolaireFlex a-t-elle participé au CRE3 ?
IDP : Absolument et c’est d’ailleurs un bon cas d’école. Vous avez remarqué que nous n’avons pas de développeur au sein de cette plateforme. C’est délibéré. SolaireFlex ne candidate pas. Ce sont nos partenaires développeurs qui vont porter nos innovations à l’appel d’offres. SolaireFlex a travaillé sur différents business models pour démontrer des choses et préparer aussi le coup d’après.
Plein Soleil : Vous pensez à l’export ?
IDP : Pour l’instant, on veut montrer que nos modèles fonctionnent en France et que nous avons les compétences pour harmoniser tout cela ici chez nous. Nous sommes dans une approche très pragmatique et concrète, plus dans l’implémentation que le concept. Nous cherchons à avoir un coup d’avance. Après, nous savons aussi que l’avenir du solaire passe par l’export même si pour l’heure nous n’avons même pas de pays cibles. Notre ambition est aussi d’assister des opérateurs dans de nouveaux pays, d’adapter les grids codes pour accueillir du solaire. Le nouvel enjeu est de valoriser et de rendre digitale cette énergie pour mieux la contrôler. SolaireFlex se positionne comme un acteur de l’Internet de l’énergie et de l’intelligence système avec l’objectif de créer de la valeur.