L’île d’Yeu en Vendée s’est dotée d’une innovation en matière de partage de l’énergie solaire avec le projet Harmon’Yeu. Cette initiative d’autoconsommation collective est portée par ENGIE pour partager l’électricité solaire entre voisins. Comptant cinq producteurs et vingt-trois consommateurs, cette communauté énergétique urbaine est une première à l’échelle d’un quartier ! Un merveilleux laboratoire pour Engie qui a financé 100% des investissements… Â
« Dans une île, il y a plus de solidarité qu’ailleurs, beaucoup plus d’entraide. Que la production d’électricité solaire des uns serve les besoins de consommation des autres est exemplaire pour l’image de notre île en quête de sobriété énergétique. En plus au-delà des seuls propriétaires, le projet inclut également quelques logements locatifs à vocation sociale pour renforcer l’aspect solidarité. Harmon’Yeu impulse un rayonnement national et international à notre île » se réjouit Bruno Noury, le maire d’Yeu.
L’Île d’Yeu, berceau de l’expérimentation
Développée et largement soutenue par ENGIE, l’expérimentation Harmon’Yeu présentée rassemble vngt-trois de foyers de l’Île d’Yeu qui se partagent de l’électricité solaire et locale issue de panneaux photovoltaïques installés sur cinq maisons. « Dans une démarche collaborative et solidaire, ils forment une véritable communauté d’énergie et pourront réaliser des économies d’énergie en consommant une énergie solaire et locale » confie Jean-Bertrand Hardy, directeur Stratégie, Business Développement et Innovation Engie France BtoC. Rendu possible depuis 2017 seulement (voir encadré), le modèle de communauté énergétique est tout nouveau. ENGIE, en partenariat avec la mairie de l’Île d’Yeu et trois partenaires régionaux a lancé au printemps 2020, cette expérimentation innovante d’autoconsommation collective baptisée Harmon’Yeu. Elle fait partie de la trentaine d’opérations d’autoconsommation collective actuellement en service en France. Toutefois, cette expérimentation est une première car elle intègre plusieurs maisons individuelles productrices et une batterie de stockage commune, à l’échelle d’un quartier. D’une durée de 2 ans, ce projet pilote réunit, sur la base du volontariat, 23 maisons individuelles situées dans le quartier de Ker Pissot et alentours, sur l’Île d’Yeu en Vendée (85). Ces maisons se partagent de l’électricité 100% solaire et locale provenant de panneaux photovoltaïques installés sur les toits de 5 d’entre elles. L’énergie produite grâce aux panneaux solaires alimente les équipements électriques de la communauté et devrait permettre aux participants expérimentateurs de réaliser des économies sur leur facture d’électricité. Une expérience collective et partagée. Il s’agit d’apporter sa propre contribution en faisant partie d’une communauté d’acteurs œuvrant en faveur de la transition énergétique. Avec la possibilité de suivre à tout moment son activité énergétique à l’échelle individuelle et communautaire, grâce à une interface dédiée. L’Île d’Yeu est un territoire propice pour l’implantation du projet Harmon’Yeu pour une raison centrale : elle est née de la volonté de ses habitants et des autorités locales de s’inscrire dans la transition énergétique de façon proactive.
23,7 kWc de modules et une batterie de 15 kWh
Concrètement, comment fonctionne Harmon’Yeu ? Au sein de la communauté d’énergie, propriétaires ou locataires habitent tous en maison individuelle. Tous sont réunis au sein d’une Personne Morale Organisatrice (PMO), une association dans ce cas. Cette PMO rassemble les producteurs et les consommateurs, conclut avec le gestionnaire de réseau (exemple : Enedis) une convention d’autoconsommation collective, et lui transmet la répartition de la production autoconsommée entre chaque participant concerné. Les participants sont raccordés au réseau basse tension d’un unique gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité et la distance séparant les membres de la communauté n’excède pas deux kilomètres (réglementation actuelle en vigueur). La puissance solaire totale est de 23,7 kWc, soit 64 panneaux solaires. Une batterie de 15kWh est installée chez l’un des consommateurs afin de stocker l’énergie non consommée instantanément. Les ballons d’eau chaude de 6 participants permettent également de stocker le surplus d’électricité produite pour une utilisation ultérieure. Le point fort d’Harmon’Yeu ? La répartition de l’énergie qui se fait de manière dynamique (Vs statique), sans utilisation de la blockchain, quasiment en temps réel (toutes les 5 minutes) en fonction des consommations de chacun, grâce à un logiciel de pilotage intelligent développé par ENGIE, l’EMS. Celui-ci permet d’optimiser l’équilibre entre la production solaire et les consommations énergétiques des foyers de la communauté et donc l’autoconsommation, en choisissant d’activer ou désactiver le chargement de la batterie et des ballons d’eau chaude aux moments les plus opportuns. Au cours de l’expérimentation, plusieurs approches de distribution de l’énergie sont testées pour ainsi étudier quelle est la meilleure, à la fois pour l’ensemble de la communauté, mais aussi pour chacun des participants. Les participants peuvent suivre leur activité énergétique grâce à une interface dédiée. Concrètement, ils peuvent visualiser la production, la consommation, la part d’énergie solaire consommée (taux d’autoconsommation et d’autoproduction), les prévisions météorologiques, et ceci par heure, journée, semaine, mois, et bientôt année. Et tout cela, à l’échelle de leur propre foyer et de la communauté. De nouvelles fonctionnalités viendront enrichir l’interface au cours de l’expérimentation.
Les chiffres clés d’Harmon’Yeu
« Depuis la mise en service de l’opération (mars 2020), on observe, pour la communauté : Un taux d’autoconsommation d’environ 96% Une part des consommations couvertes par la production solaire d’environ 28% Ces données seront affinées et complétées tout au long de l’expérimentation, notamment en fonction de l’évolution de la production, des modes de pilotage, et des comportements de consommation des participants » poursuit Jean-Bertrand Hardy. La mise en place de communautés énergétiques comprend plusieurs étapes clés, dont ENGIE s’est chargé pour le projet Harmon’Yeu, dont l’étude de dimensionnement, la fourniture et l’installation des équipements, les déclarations auprès de la mairie et le raccordement auprès d’Enedis, le montage juridique (dont la Personne Morale Organisatrice) et la gestion de la communauté. Aujourd’hui, pour monter un tel projet d’autoconsommation collective comme Harmon’Yeu, il faut compter entre 1 an et demi et 2 ans entre le lancement du projet et le démarrage effectif de l’opération principale à l’Île d’Yeu (hors copropriété). Après deux années d’expérimentation, quelle suite pour Harmon’Yeu ? A l’issue des 2 ans d’expérimentation, deux options se présenteront : La poursuite de la communauté, sur la base d’un commun d’accord et de nouvelles modalités définies entre ENGIE et les participants souhaitant continuer l’aventure. La fin de la communauté : dans ce cas, les producteurs auront la possibilité, à l’issue de l’expérimentation, de racheter les panneaux avec une décote sur la valeur initiale ou faire désinstaller le matériel sans aucun frais. « Notre ambition est d’aider nos clients à agir en faveur de la transition énergétique, en consommant moins et mieux, et de les accompagner ainsi vers une utilisation plus locale, durable, frugale et maîtrisée de l’énergie. Déconsommer et décentraliser, Harmon’Yeu devient une référence de ces nouvelles philosophies dans notre rapport à l’énergie » conclut Hervé-Matthieu Ricour, Directeur Général Engie France BtoC.
Encadré
Que dit la loi ?
La loi du 24 février 2017 et son décret d’application du 28 avril 2017 relatifs à l’autoconsommation d’électricité ont permis de rendre possible le regroupement de plusieurs sites et de partager l’énergie produite : il s’agit d’autoconsommation collective. En quoi consiste l’autoconsommation collective ? Un ou plusieurs producteurs d’énergie renouvelable, souvent équipés de panneaux photovoltaïques installés sur leurs toits (maisons, immeubles ou encore écoles) ou au sol, se lie(nt) à un ou plusieurs consommateurs. Ensemble, ils partagent une électricité solaire et locale, dans une même zone géographique (un quartier par exemple). Les participants sont réunis en une Personne Morale Organisatrice (PMO). Les consommateurs associés aux producteurs forment une communauté d’énergie qui favorise le développement local d’une économie du partage. On parle alors de communauté énergétique. Une communauté énergétique peut être configurée de différentes manières : plusieurs logements dans un même immeuble, plusieurs maisons avec des producteurs et des consommateurs, mais également le mélange de maisons individuelles avec des bâtiments tertiaires de type commerces, logements collectifs, bâtiments publics… L’enjeu reste le même : une production d’électricité locale et solaire, partagée avec ses voisins, qui permet de faire des économies d’énergie au sein de son foyer et à l’échelle de la communauté. L’autoconsommation collective est une alternative qui s’offre à ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas pratiquer l’autoconsommation individuelle (pour des raisons d’éligibilité, économiques ou encore par crainte de se lancer dans un tel projet). Elle présente un vrai potentiel, et devrait se développer dans les années à venir : en effet, elle est encouragée par l’évolution du cadre réglementaire, l’augmentation croissante des énergies d’origine renouvelable sur le réseau électrique et l’évolution des modes de consommation de l’énergie. Aujourd’hui, elle s’applique sur une zone géographique réduite à 2 kilomètres entre chaque participant pour une puissance de 3 MWc. L’évolution du cadre réglementaire évoque une distance de 20 kilomètres et relèvement du plafond de puissance à 5 MW.