« Il plane une idée reçue forte du niveau de rentabilité de la filière du photovoltaïque. En effet, les dernières annonces de chiffres et les croissances vertigineuses de certaines sociétés laissent croire que les entreprises pourront facilement baisser leurs prix pour amortir les dernières annonces gouvernementales. Malheureusement cela est entièrement faux. Pour pouvoir soutenir la filière photovoltaïque et poursuivre l’objectif de fournir 20 % de notre énergie par celles dites renouvelables, il n’est pas envisageable de diminuer les aides gouvernementales » commente Franck Chevrel, Dirigeant de France Panneaux Solaires, une société spécialisée créée en 2006.
Le monde du solaire est donc actuellement en état d’ébullition. En effet, l’Etat prévoit de limiter ainsi les déductions d’impôts dans différents domaines du développement durable. La déduction de 50 % du coût d’installation de panneaux photovoltaïques est la première touchée. Cela représente un manque à gagner de 800 millions d’euros. Cet avantage devrait être diminué de près de la moitié et limité aux logements anciens. Cela a pour objectif d’apporter 400 millions d’euros supplémentaires de recettes fiscales. La suppression de cet abattement profite plutôt aux ménages aisés. L’énergie solaire représente en effet un marché à fort potentiel, où le taux de rachat de l’électricité produite par les particuliers est bien supérieur à celui proposé aux centrales nucléaires. Dans une installation photovoltaïque, le prix du panneau solaire ne représente en fait que 20 % du coût d’une installation. Il existe de nombreux éléments périphériques tels que le système d’intégration, l’onduleur, les frais de raccordement, le coût de gestion du dossier administratif, le travail des installateurs et leur mise en condition optimale en matière de sécurité. L’ensemble des ces éléments représente 80 % du prix d’une installation.
Ce choix fait au plus haut sommet de l’Etat va avoir des conséquences très importantes sur les différents acteurs du marché. Elles sont de plusieurs ordres :
- Baisse de l’activité de la filière
En effet, France Panneaux Solaires estime que les particuliers n’auront plus la même rentabilité notamment dans la moitié Nord de la France. Cela aura pour conséquence immédiate une diminution des commandes pour de nouvelles installations.
- La prolifération des installations « Low cost – Low quality »
Pour faire face à la baisse du marché, de nombreux acteurs privilégieront les solutions « Low Cost ». Ils opteront ainsi pour des produits asiatiques de piètre qualité. Les particuliers équipés de ces produits en subiront directement les conséquences en terme de productivité et de rendement électrique.
- Gel des recrutements prévus
Avec ce changement, opter pour une installation équipée de panneaux solaires photovoltaïques est beaucoup moins intéressant pour les particuliers. Les consommateurs vont donc repousser leur projet d’équipement voir l’annuler. Les acteurs du marché devront ralentir leur développement voir le stopper. Les analystes prévoyaient, en effet, un doublement de l’activité pour les douze prochains. Avec cette annonce, c’est 15 000 à 20 000 emplois qui sont gelés.
- Des investissements en formations perdus
De nombreux acteurs ont investi des milliers d’euros en formation afin que leurs équipes disposent des compétences nécessaires pour ces métiers émergents.
- La fragilisation des entreprises d’un marché en devenir
Contrairement aux idées reçues, croissance ne veut pas dire rentabilité. En effet, la plupart des acteurs présents sur le marché du photovoltaïque sont de jeunes entreprises. Elles réalisent des croissances de 2 ou 3 chiffres mais ne sont encore pas rentables ou faiblement. Il suffit de centraliser les bilans des sociétés spécialisées dans le solaire pour se rendre compte des faibles bénéfices de ces dernières. Les changements de tarification des réductions d’impôts auront des conséquences graves sur le marché.
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