La conférence internationale EU PVSEC qui se déroule cette année pour la première fois en France à Marseille fait état des évolutions des matériaux et des technologies susceptibles de provoquer de vraies ruptures techno sur le plan des rendements du solaire photovoltaïque. Des avancées qui pourraient redistribuées les cartes de l’industrie PV mondiale !
« Le solaire va se généraliser et devenir la principale énergie mondiale. Nous devons avoir la volonté de convertir cette dynamique en opportunité industrielle et en faire de la valeur économique en France et en Europe » Florence Lambert, directrice du CEA Liten et présidente de la conférence EU PVSEC 2019 n’en démord pas. L’Europe ne doit plus laisser passer le train de l’industrie solaire photovoltaïque. Aujourd’hui, l’essentiel de ca marché est tenu par des acteurs asiatiques et majoritairement des industriels chinois. Sur le plan géo-politique, il serait même insensé de laisser ces acteurs détenir le quasi monopole de la fabrication des produits solaires alors même que l’énergie solaire est en en passe de devenir la principale énergie du futur. L’Europe ne doit pas être dans le rôle du suiveur au risque d’être balayée.
200 millions d’euros l’usine de 1 GW
L’énergie solaire se diffuse aujourd’hui à vitesse grand V, de par sa facilité d’installation mais aussi et surtout par sa compétitivité exceptionnelle. Dans de nombreux pays d’Europe, elle est devenue l’énergie la moins chère aujourd’hui. De plus, les prévisions font état d’un marché européen étalonné à 100 GW dans les cinq ans ou plus contre 20 GW aujourd’hui. Dans ce contexte, la France devrait se situer dans le top 4 des marchés les plus attractifs d’Europe. « Le marché est là . Les retours d’expérience sont positifs. Avec le grand soir attendu des nouvelles technologies à haut rendement autour du solaire, le transfert de cette dynamique vers l’industrie est opportun. Ces nouvelles technologies sont processées autrement avec des cadences différentes. Les usines du monde devront se transformer pour les accueillir. Pourquoi alors ne pas créer des usines en Europe ou même en France ? « s’interroge Florence Lambert. Le ticket d’entrée est fixé à 200 millions d’euros pour une usine d’1 GW assez facilement finançable par des fonds privés via equities.
Une nécessaire hyper connexion entre les différents acteurs européens
De nombreux équipementiers qui pèsent sur la chaîne de valeurs sont présents en Europe : Singulus Technologies, Meyer-Burger ou encore ECM qui fabrique des fours à Grenoble en France avec un nouvel équipement capable de traiter des lingots de silicium de 1500 kilos avec des réductions de consommation de 30% à la fabrication. « Le transfert vers l’industrie passera par une hyper connexion entre tous les acteurs et une alliance européenne. Il est possible d’aboutir vers quelque chose de rentable. J’estime que nous sommes aujourd’hui davantage en capacité de développer une Gigafactory dans le photovoltaïque que dans le stockage avec des batteries avec l’Airbus des batteries » confie Florence Lambert. Un premier germe est d’ores et déjà en place à Catane en Italie où ENEL, l’énergéticien italien développeur de projets solaires, a mis en place une usine de cellules à haut rendement pour une capacité de production de 200 MW. Les planètes semblent donc parfaitement alignées pour refaire entrer l’Europe dans le jeu industriel mondial photovoltaïque. A la condition près que la volonté politique suive avec des marchés PV soutenus par les gouvernements européens façonnant une demande intérieure durable et crédible pour les investisseurs.