Etude/Energie photovoltaïque : une compétitivité tous azimuts malgré la crise des appros

La baisse rapide des coûts du solaire PV au cours des dix dernières, malgré l’augmentation conjoncturelle récente des prix, permet aux systèmes PV de produire de l’électricité à un coût compétitif dans la plupart des pays d’Europe, sur tous les segments de marché. Telle est la conclusion d’une étude menée par l’Institut Becquerel !

De 2010 à 2020, les prix des composants des systèmes photovoltaïques ont diminué drastiquement, en moyenne de 87%. Cette tendance s’est arrêtée voir inversée entre le milieu de l’année 2020 et 2022. Des records ont même été enregistrés pour certains matériaux, notamment le polysilicium. Cette hausse a également observée pour le cuivre, l’aluminium, et les polymères ainsi que pour les frais de transport. Cette hausse, fruit d’un déséquilibre conjoncturel entre l’offre et la demande constaté dans plusieurs secteurs, a été renforcée dans le secteur du PV par la diminution inattendue de la production de polysilicium en Chine et par les pénuries de conteneurs alors que la production de cellules et modules PV était fortement concentrée en Asie.

La France à la baisse en 2022 : l’exception

Cette récente fluctuation de prix est à relativiser, car la tendance à la baisse du prix des installations photovoltaïques sur 10 ans est toujours très forte, de l’ordre de 75% entre 2012 et 2022, même en prenant en compte cette dernière période de hausse. La preuve en est l’essor du marché du photovoltaïque qui n’a pas été interrompu, ni au niveau mondial ni en Europe. Sur le Vieux Continent, le marché PV a atteint une croissance annuelle de 31% en 2021 et dépassera certainement les 40% en 2022. Le marché français estimé pour 2022 autour des 2,7 GWc, en deçà de celui de 2021 (3,4 GWc), fait office d’exception dans le contexte général. La crise énergétique actuelle et la hausse des prix de l’électricité ont consolidé et renforcé la compétitivité des systèmes PV, sur tous les segments du marché. Le coût de l’électricité générée par les systèmes photovoltaïques sur différents segments de marché (résidentiel, commercial et centrale au sol) peut être évalué pour plusieurs hypothèses d’implantation en Europe. Le LCOE est calculé selon des hypothèses différenciées selon les segments, principalement de capacité installée, de durée de vie, de conditions de financement et de coût d’investissement et de maintenance des systèmes, ainsi que de performances.

Autoconsommation en résidentiel : des économies immédiates sur les factures d’électricité

L’électricité produite par les installations solaire PV pour le secteur résidentiel peut être compétitive sur l’ensemble du continent. Leur LCOE varie de 95 €/MWh dans les régions les plus au nord de l’Europe à moins de 39 €/MWh dans les régions les plus au sud. La parité réseau a été atteinte sur ce segment. Ces valeurs sont nettement inférieures aux prix de détail de l’électricité proposés en moyenne aux clients résidentiels européens, ce qui permet de dégager des économies directes sur la facture d’électricité lorsque ces systèmes sont installés en autoconsommation.

Quid du segment C&I ?

L’électricité produite pour les installations du segment C&I (commercial et industriel) peut être également compétitive dans toutes les zones géographiques étudiées. Le LCOE varie de 56 €/MWh dans les régions les plus au nord de l’Europe à 23 €/MWh dans les régions les plus au sud. Pour la plupart des clients C&I, les prix au détail de l’électricité sont plus élevés que le LCOE, même si l’écart est moins important que dans le cas du secteur résidentiel.

Le solaire au sol sans alternative : le solaire captif

L’électricité produite par les installations PV de grande taille, de type centrale au sol, en Europe peut être très compétitive dans toutes les zones géographiques considérées. Le LCOE de ces systèmes varie de 83 €/MWh dans les régions les plus au nord de l’Europe à moins de 34 €/MWh dans les régions les plus au sud. Ces chiffres sont clairement constatés dans les prix moyens des contrats de fourniture d’électricité de gré à gré (PPA) pour les centrales solaires en Europe qui se sont situés entre 40 €/MWh et plus de 90 €/MWh pour le troisième trimestre 2022, ou dans les prix moyens des projets retenus dans les différents appels d’offre. Ces chiffres sont en deçà du plafonnement à 180 €/MWh pour le PV solaire proposé par l’UE. En 2021, les prix sur les marchés spot de l’électricité en Europe étaient en moyenne à plus de 100 €/MWh, une valeur ayant encore augmenté l’année suivante, avec une valeur moyenne supérieure à 200 €/MWh en 2022. De nombreux experts s’attendent à ce que les prix de l’électricité baissent légèrement, cependant les niveaux de prix sont attendus à rester aux niveaux actuels jusqu’en 2025.

En conclusion, le PV dans le secteur résidentiel est très attractif dans les pays européens : les prix de détail élevés de l’électricité pour les clients résidentiels ont renforcé l’attrait du PV dans ce segment. C’est également le cas pour le segment commercial et industriel. La compétitivité de l’électricité produite par des centrales photovoltaïques au sol est aussi très forte, notamment dans le sud de l’Europe, ou le LCOE peut atteindre moins de 34 €/MWh alors que les prix constatés sur le marché de l’électricité sont encore très élevés, avec des prix moyens sur les marchés spots européens au-dessus de 100 €/MWh.

becquerelinstitute.eu/competitiveness-of-pv/

Encadré

L’Institut Becquerel renforce son expertise et se développe en France

Fondé en 2014 à Bruxelles et en forte croissance, l’Institut Becquerel, société de conseil spécialiste du solaire photovoltaïque, consolide son ancrage sur le marché français avec l’ouverture d’un bureau à Lyon et le recrutement de deux expertes de ce marché à des postes stratégiques.

La filiale française est désormais dirigée par Caroline Plaza, qui possède une solide expérience dans le secteur du photovoltaïque et de la gestion d’entreprise innovante. Ancienne directrice Innovation du pôle compétitivité DERBI et co-fondatrice de SunChain, son expertise sera mise au profit du développement et de la croissance de l’Institut Becquerel en France et dans le sud de l’Europe.  Mélodie de l’Epine assurera la coordination des activités de Recherche et Innovation de l’Institut Becquerel. Experte reconnue du marché français du photovoltaïque depuis plus de 20 ans, elle a coordonné le pôle photovoltaïque de l’association HESPUL.

« Pour suivre l’accélération du marché solaire PV, tous les acteurs auront à revoir leur stratégie industrielle et commerciale. Notre ambition est de les aider à faire de cette transition une réussite économique et sociale. L’Institut Becquerel travaille également  depuis de nombreuses années à identifier les conditions d’une renaissance de l’industrie photovoltaïque en Europe. A ce titre, les conditions de compétitivité, les contraintes réglementaires et les aspects politiques sous-jacents sont les sujets sur lesquels l’Institut Becquerel a développé une large expertise. Notre implantation en France s’inscrit dans cette dynamique » confie Gaëtan Masson, directeur et fondateur de l’Institut Becquerel.

Caroline Plaza et Mélodie de l’Epine viennent renforcer l’équipe existante d’experts. Leur expérience sera mise à profit dans le cadre de missions de conseil stratégique en France mais également au sein des projets de recherche européens dans lesquels l’Institut Becquerel est impliqué. Elles interviendront pour renforcer les expertises au niveau mondial, notamment au niveau du soutien aux organisations internationales, comme le programme PV de l’Agence Internationale de l’Energie et les agences de coopération de divers pays.

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