Etude OMNEGY : élections aux Etats-Unis, quel impact sur le marché de l’énergie ?

A quelques jours des élections présidentielles américaines, plusieurs scénarios se dessinent quant à l’impact de l’élection de Kamala Harris ou Donald Trump sur le marché de l’énergie. Edouard Lotz, energy market analyst du cabinet français de conseil en énergie OMNEGY, partage sa vision de la situation.

 

Bilan des actions de Biden, entre EnR et pétrole

 

Sous la présidence de Biden, plusieurs mesures significatives ont été mises en place. Tout d’abord, il a réintégré l’accord de Paris, auquel Trump avait mis fin durant son mandat. L’administration Biden se distingue par ses efforts pour renforcer le développement des énergies renouvelables, notamment à travers des plans industriels ambitieux, dont le Inflation Reduction Act, qui vise à soutenir la compétitivité de l’économie américaine tout en favorisant les énergies moins polluantes. Ce plan comprend des mesures pour construire une infrastructure énergétique plus verte. Cependant, Biden a également maintenu une production élevée de pétrole et de gaz, répondant à une demande intérieure pour une énergie peu coûteuse. Bien que la communication se concentre sur les renouvelables, il n’a pas complètement abandonné les combustibles fossiles, étant conscient de la sensibilité des consommateurs concernant les prix de l’énergie. Des actions comme le blocage du projet de pipeline Keystone XL illustrent sa volonté de réduire l’impact environnemental, tout en préservant le modèle énergétique américain centré sur l’abondance.

 

Position de Donald Trump le pro-fossile

 

Concernant Trump, ses propositions pour un éventuel second mandat incluent un retrait de l’accord de Paris et la réduction de la réglementation environnementale, ce qu’il avait déjà entrepris lors de son premier mandat. Trump se montre favorable à l’extension de l’exploitation des énergies fossiles, tout en diminuant les subventions et crédits d’impôt destinés aux énergies renouvelables. Bien qu’il ait exprimé un soutien ambigu vis-à-vis des véhicules électriques, il préfère toujours une approche centrée sur les combustibles fossiles. Pour la production nucléaire, il appuie le développement de nouvelles technologies, notamment des petits réacteurs modulables. En résumé, Trump accentuerait la position pro-fossile, moins réglementée que sous Biden, tout en continuant à soutenir certains aspects des énergies renouvelables. Sa politique viserait à réduire les financements destinés à ces filières, favorisant davantage le secteur pétrolier et gazier.

 

Position de Kamala Harris, entre EnR et fossiles

 

Avant son mandat de vice-présidente, Kamala Harris était procureure générale de Californie où elle a défendu des politiques favorables aux énergies renouvelables et attaqué les compagnies pétrolières pour violations environnementales. Toutefois, sa candidature témoigne d’un certain ajustement de son discours : elle maintient un soutien aux combustibles fossiles tout en favorisant le développement de projets d’énergie renouvelable. Harris vise à s’assurer que les énergies renouvelables continuent d’être au centre des plans d’investissement tout en n’entravant pas l’industrie fossile qui est essentielle pour les consommateurs. Elle reste également pro-nucléaire et s’intéresse aux ressources nécessaires pour les technologies renouvelables. La position de Harris pourrait se traduire par un renforcement des capacités renouvelables, notamment dans les secteurs solaire et éolien, tout en conservant une possibilité de production fossile. Son mandat pourrait s’inscrire dans une continuité par rapport aux politiques de Biden, tout en ajoutant quelques nouvelles initiatives.

 

Comparaison des scénarios, la géopolitique pourrait impacter le marché mondial de l’énergie

 

Globalement, les visions de Harris et Trump diffèrent dans leur approche des énergies renouvelables et fossiles. Alors que Harris chercherait à maximiser le développement des énergies propres, Trump viserait une déréglementation importante, augmentant les investissements au profit des énergies fossiles et donc potentiellement la pollution. Malgré ces différences de politique, l’impact sur le marché énergétique européen resterait limité. Les projets d’exportation de GNL américain devraient continuer à croître indépendamment de l’issue des élections, garantissant que l’Europe reçoive toujours du GNL, élément crucial pour son approvisionnement énergétique. Ainsi, les consommateurs européens ne devraient pas être directement affectés par ces élections.

Une importante distinction se dessine cependant dans les politiques étrangères potentielles des deux candidats. Trump, avec son approche agressive envers des pays comme la Chine et l’Iran, pourrait provoquer une instabilité au Moyen-Orient, ce qui aurait des répercussions sur les prix du pétrole et potentiellement sur les porte-conteneurs dans la région. En revanche, Harris pourrait privilégier des solutions diplomatiques. Les implications de ces différentes politiques pour le marché mondial de l’énergie pourraient être significatives, notamment en termes de prix et de sécurité énergétique. En somme, les décisions énergétiques intérieures des États-Unis semblent peu susceptibles de perturber le marché européen, mais les choix en matière de politique étrangère pourraient avoir des conséquences bien plus larges.

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