Enquête: Optimisation digitale de la production/consommation d'électricité solaire

Avec l’autoconsommation photovoltaïque, l’électricité solaire devient forcément digitale. Il est en effet désormais question de synchroniser avec intelligence et avec le moins de contraintes possibles pour les usagers la production et la consommation d’électrons verts. Dans l’individuel, mais aussi désormais, dans le collectif grâce à l’ordonnance du 27 juillet dernier qui donne libre accès à la colonne montante des immeubles. Le point sur la digitalisation de l’énergie solaire avec deux sociétés en pleine effervescence : Solidom avec la marque Full Home Energy et MyLight Systems qui vient de réaliser une installation en autoconsommation collective sur un immeuble en plein Paris.

Avec le tarif d’achat, le solaire photovoltaïque s’est appuyé sur l’ingénierie financière. Avec l’autoconsommation, l’électricité solaire va définitivement prendre son envol grâce à l’ingénierie digitale. Changement de paradigme pour une évolution irréversible. Partout dans le monde l’énergie solaire photovoltaïque devient compétitive et entre en concurrence avec l’énergie des réseaux. L’ère de l’autoconsommation a sonné, et même en France, où pourtant le kWh demeure l’un des moins chers d’Europe. Pour l’instant en tous les cas car la hausse est inscrite dans les dans le marbre des ennuis d’EDF, entre l’obsolescence du parc nucléaire et les dérives budgétaires d’un EPR encore plus que perfectible. Et il est d’ailleurs là le meilleur argument des thuriféraires de l’autoconsommation photovoltaïque, dans la stabilité du prix du kWh solaire installé pour trente ans. Mis pas que. Dans son efficience également.

FHE : un taux d’autoconsommation au-delà de 70%

L’autoconsommation photovoltaïque qui dispose d’une superbe cote d’amour auprès des Français dans les sondages, est en train de se faire une place dans le panel des solutions d’économies d’énergie à adopter d’urgence. Aujourd’hui, des sociétés surfent sur cette vague en proposant des boîtiers électriques ou des box capables d’optimiser et de synchroniser les productions et les consommations car le soleil a l’indécence de ne briller que dans la journée. Et alors que le stockage demeure encore un tantinet trop cher. Parmi ces start-up, la société Solidom créée à Perpignan en 2015 par la famille Laloum a le vent en poupe. Initiateur de cette société, Jonathan Laloum le frère aîné. Après un brillant parcours universitaire Masters 2 Option Energies Renouvelables et l’IAE de Montpellier pour affiner sa culture de la gestion d’entreprise, il ouvre au milieu des années 2000 dans le Roussillon une société consacrée à la rénovation énergétique et au solaire photovoltaïque, Eco Avenir. Pendant six ans, il fait de la vente aux particuliers avant que le vent ne tourne. L’entreprise est mise en sommeil. Jonathan Laloum va alors porter tous ses efforts sur l’autoconsommation photovoltaïque dans laquelle il croît plus que tout. Il est appuyé dans sa démarche par son distributeur de toujours, Ronnie Chain de la société Solipac installée à Perpignan et sur six agences en région Occitanie. Le binôme est complémentaire et s’entend à merveille sur les objectifs à atteindre. « Mon idée était de développer un système unique qui permettrait de piloter l’ensemble des vecteurs énergétiques du bâtiment, de la domotique de base au photovoltaïque. Ainsi est né le boîtier électrique Full Home Energy Sensor Pilot, un mono produit que nous avons créé et développé ex nihilo. Un boîtier qui permet d’atteindre un taux d’autoconsommation solaire au-delà des 70% via un asservissement au chauffe-eau et chauffage de la maison» précise Jonathan Laloum qui distribue sa solution avec Solipac depuis 2014 après près de deux ans de recherche. « Le démarrage a été lent, mais nous savions que nous allions avoir un marché. C’était un peu tôt à l’époque » ajoute Ronnie Chain, le partenaire commercial de l’aventure entrepreneuriale.

Des cascades d’algorithmes brevetéspour viser 100%

En 2015, le marché décolle vraiment. Jonathan Laloum co-fonde l’entreprise Solidom, avec son père et son frère, en septembre de la même année. Le chiffre d’affaires flirte avec le million d’euros. En 2016, il est attendu à 1,5 millions d’euros avec une fulgurante progression sur le dernier trimestre et quelque 350 unités vendues chaque mois. « Aujourd’hui, nous avons 4200 FHE en service et 2017 s’annonce sous les meilleurs auspices » s’enthousiasme Jonathan Laloum. Le produit FHE est 100% Made in France. Les cartes de puissance sont fabriquées à Portet-sur-Garonne. « C’est le seul boîtier sur le marché qui pilote six lignes et qui est capable de délester 128 A. Nous gérons la maison entière et particulièrement le solaire avec une grande finesse via des cascades d’algorithmes brevetés dans le domaine de la synchronisation production/consommation avec l’objectif d’acheter le plus souvent possible l’électricité la moins chère. Nous annonçons à nos clients les économies en euros. C’est plus parlant que des kWh » ajoute le chef d’entreprise. Cette solution intelligente FHE connectée à la météo est également évolutive en fonction des habitudes de consommation des usagers. Et elle dispose surtout d’un atout commercial non négligeable pour ce type de matériel.

Crédit d’impôt 30%

Elle est une des rares à avoir obtenu à avoir obtenu un rescrit fiscal qui ouvre l’éligibilité au crédit d’impôt de 30%. « Un véritable « boost » à la vente » comme le dit Ronnie Chain qui travaille le marché en profondeur sur le plan commercial depuis des mois. En 2015, Solipac a organisé plus de 120 formations auprès des constructeurs de maisons individuelles, de solaristes, de plombiers ou encore de climaticiens qui deviennent des prescripteurs pour le produit. Aujourd’hui, le Full Home Energy est donc vendu couplé le plus souvent possible à des installations solaires en autoconsommation sous condition « d’un photovoltaïque bien dimensionné » dixit Jonathan Laloum qui met d’ailleurs à disposition des professionnels un outil de dimensionnement. Et de prendre l’exemple d’un client propriétaire d’une maison avec piscine et sa filtration énergivore qui consomme 89% de l’électricité produite sur un 3 kWc. « Pour 2017, nous visons clairement les 100% par l’ajout d’une nouvelle technologie » conclut le directeur commercial de Solidom qui annonce d’ores et déjà de solides prévisions pour l’année à venir.

1er immeuble parisien en autoconsommation solaire intelligent

Dans la même veine, la société MyLight Systems créée en 2014 par sa directrice Ondine Suavet, ingénieur spécialisée dans la chimie des matériaux et les semi-conducteurs, propose également des solutions intelligentes d’autoconsommation solaire optimisée qui permettent aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités, de consommer leur propre énergie verte et de maîtriser leur consommation en temps réel. Là encore, cette jeune entreprise est en plein bouillonnement après une levée de fonds de 2 millions d’euros en 2016 et un chiffre d’affaire attendu à 10 millions d’euros en 2018. MyLight Systems a déjà connecté un parc d’un millier de maisons dont 100% sont équipées de solaires. La société de Saint-Priest a récemment fait parler d’elle car elle a inauguré le 22 novembre dernier le 1er immeuble parisien en autoconsommation solaire intelligent. Grâce à MyLight System, installer des panneaux solaires sur un immeuble au cÅ“ur de Paris rue Lecourbe dans le 19ème, tout en gérant intelligemment l’énergie produite et consommée par les usagers, c’est désormais possible ! Mais autant le dire tout de suite, cette aventure pionnière n’a rien eu de la sinécure.

55 panneaux SolarWorld couplés à des micro-onduleurs Enphase

Le projet a commencé à mûrir mi-2014 grâce à une rencontre entre l’équipe de MyLight Systems, la propriétaire de l’immeuble et son architecte Julien Secheresse. Une rénovation lourde de plusieurs appartements au sein de l’immeuble avaient été initiée autour d’une vraie démarche d’amélioration énergétique (isolation par l’intérieur, pompes à chaleur). « Lorsque je, leur ai parlé de MyLight Systems et de l’autoconsommation, ils ont tout de suite été intéressés. Un dossier de demande préalable de travaux a donc été déposé début mai 2014 pour installer des panneaux solaires sur le toit de l’immeuble. Fin mai, l’urbanisme a souhaité avoir plus de détails (photo de la toiture depuis la rue, plan de coupe etc.) puis a envoyé un avis demandant d’enlever 30% des panneaux initialement prévus, etc. Comme l’équipe à l’origine du projet sentait que le dossier allait être difficile à faire passer, l’architecte a pris l’initiative de prendre rendez-vous avec Fabrice Fouriaux, conseiller Info Énergie Climat détaché au PASU. Finalement, l’autorisation de l’urbanisme de Paris a été obtenue au printemps 2015. Un an plus tard » assure la jeune chef d’entreprise. L’installation des 55 panneaux solaires SolarWorld de 275 W (92 m²) se fera en 3 jours début septembre 2015 (du 2/9 au 4/9 exactement). Ils sont couplés à des micro-onduleurs M250 Enphase Energy. A cette période, seul 1 logement était habité, les trois autres étaient encore en travaux ou en attente de rénovation. En septembre 2016, le dernier appartement a été connecté. Les locataires consomment désormais des électrons verts en plein Paris.

Une gestion complexe de la répartition de l’électricité solaire

Quid de la gestion intelligente de l’énergie via MyLight System ? La gestion de la production s’effectue de manière globale : la puissance est variable, ajustable selon les besoins de chaque lot. En effet, le champ photovoltaïque est divisé en 7 sous champs attribué à chaque lot. « Sur ce projet, les lots sont physiquement raccordés aux panneaux par un câble car nous étions, à l’époque, limité par le cadre réglementaire qui ne nous permettait pas d’utiliser la colonne montante. Avec la publication de l’ordonnance nous allons désormais pouvoir utiliser la colonne montante » se réjouit Ondine Suavet. Sur ce type de projets, les ingénieurs de MyLight System raisonne en puissance et la puissance connectée par lot varie en fonction des besoins. MyLight Systems fait varier la quantité de panneaux attribuée à chaque lot. Pour ce faire, les panneaux photovoltaïques sont connectés en amont du compteur individuel de chaque lot. Chaque lot garde son compteur individuel de soutirage et le choix de son fournisseur d’électricité. Parallèlement, il s’agit d’optimiser la consommation en la mettant en adéquation avec les plages de production d’énergie. Cette gestion intelligente a nécessité l’installation du matériel intelligent (connecté au Cloud) MyLight Systems, à l’échelle globale et au niveau de chaque lot. Une interface globale permet de suivre les données de production, de consommation et les indicateurs de performance énergétique de l’ensemble de l’immeuble. Chaque locataire possède également sa propre interface de gestion. Pour faciliter la partie facturation et affiner les clés de répartition de l’autoconsommation dans le collectif qui demeurent complexes, Ondine Suavet garde un Å“il attentif aux projets de blockchains solaires qui se développent sur le marché.

L’autoconsommation pour valoriser le foncier

Et si l’autoconsommation était un atout de plus dans la manche des bailleurs. Elle permet de valoriser le foncier et de faciliter la location par une offre énergétique à meilleur prix. L’investissement est pertinent financièrement et offre une meilleure rentabilité locative. Il permet aussi la valorisation de la production solaire par la revente du surplus de production photovoltaïque. Le solaire participe également d’une rénovation durable de l’habitat notamment via des solutions intégrées architecturalement. Tout cela en apportant une dimension éthique et responsable à ce type de projets immobiliers. « La ville de Paris à un ensoleillement 50% inférieur à celui de Marseille, la ville la plus ensoleillée de France, mais reste 30% plus ensoleillée que l’Allemagne, qui est pourtant le 1er producteur européen d’énergie photovoltaïque et au 2ème mondial ! Cette installation est la preuve que n’importe quel bâtiment en France, même en ville, même datant du début du XXème siècle, peut devenir un bâtiment BEPOS. Nous essayons de susciter des vocations » s’enthousiasme Ondine Suavet qui est en train de travailler sur une solution d’autoconsommation solaire en Corse sur un immeuble de 70 appartements dont 20% sont occupés à l’année et le reste en période estivale.

Encadré
La technologie MyLight System en bref
La solution Made in France MyLight Systems met en adéquation la production et la consommation d’énergie. Elle permet d’atteindre jusqu’à 70% d’économie en résidentiel et jusqu’à 85% pour le tertiaire grâce à des algorithmes intelligents capables de mettre en marche automatiquement des appareils en fonction des prévisions météorologiques ou de tenir compter dans une logique d’amélioration continue par apprentissage des habitudes de l’utilisateur. Le thermostat connecté en partenariat technologique avec Schneider Electric consacre l’autoconsommation optimisée, alliée à la gestion de chauffage. Grâce à MyLight Systems, le surplus de production d’électricité photovoltaïque est stocké dans le chauffe-eau. L’énergie est ainsi stockée sous forme d’eau chaude pour une utilisation différée. C’est ce que l’on appelle la batterie thermique. CQFD !

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