Christine Lafaix, directrice Offres, Clients et Innovation d’ENGIE Green et Emmanuel Hugo, président du Centre INRAE Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes, ont inauguré le 14 octobre 2022, en présence d’un aréopage de personnalités locales, le démonstrateur agrivoltaïque vertical Camelia. Un projet collaboratif au service d’une économie circulaire locale !
Un projet agrivoltaïque qui répond au nom de Camelia pourrait laisser croire à une expérimentation de cultures de fleurs. Que nenni ! Et l’explication de la dénomination de ce projet a tout ce qu’il y a de plus scientifique. « Les panneaux sont orientés est-ouest – pour une production inférieure de seulement 10% à une orientation, plein sud. Les modules verticaux ainsi captent les rayons du matin et du soir. Ce qui donne une courbe de production a deux bosses contrairement à la courbe de Gaus en cloche d’une installation plein sud. La courbe du projet évoque donc un chameau, camel en anglais. Et comme ce projet a été relié aux lettres I et A tout le long de son développement, nous l’avons finalement Camelia, une marque déposée depuis » précise Aline Chapulliot, responsable nouvelles offres chez ENGIE Green, la petite histoire dans la grande.
Une technologie inspirée de l’agroforesterie
Le démonstrateur agrivoltaïque 100% financé par ENGIE Green a donc pour fonction d’étudier le service rendu par l’installation de panneaux solaires bifaciaux verticaux sur une prairie pâturée, mais aussi d’analyser les impacts sur la production électrique. « Au début, cela peut paraître contre intuitif de placer les modules à la verticale. Mais l’empreinte au sol limitée – 2 à 4% de la Surface Agricole Utile – des haies solaires, inspirées de l’agroforesterie, permet de nombreuses pratiques agricoles et permettent de laisser passer toutes sortes d’engins agricoles» poursuit Aline Chapulliot. Camelia est implanté sur une parcelle appartenant à INRAE, au sein de l’Unité Expérimentale « Herbipôle » sur la commune de Laqueuille, sous la responsabilité scientifique de l’Unité Mixte de Recherche sur l’Ecosystème Prairial (UREP).
Ses objectifs sont nombreux :
• Mesurer, grâce à la pose d’un grand nombre de capteurs et à l’expertise de l’UREP, les effets agronomiques de l’installation agrivoltaïque : microclimat aérien (lumière, vent, humidité, albédo…) et souterrain (température, humidité du sol…), la croissance, la production de biomasse et la qualité de la ressource fourragère, la fertilité et les stocks de carbone du sol
• Etudier le comportement des ruminants et la compatibilité des structures verticales avec l’utilisation d’engins agricoles.
• Evaluer les effets de l’installation sur la biodiversité et le tassement du sol.
• Modéliser la production agricole et la production énergétique de ce type de technologie solaire.
L’agrivoltaïsme : de nouvelles synergies entre production électrique et production agricole
Pilier de la transition énergétique, le secteur agricole contribue pour près de 20% à la production d’énergies renouvelables en France. ENGIE Green travaille au quotidien avec un réseau d’un millier d’agriculteurs, exploitants et propriétaires dans toute la France. La réussite de ces collaborations l’amène à franchir un pas supplémentaire avec l’agrivoltaïsme qui annonce de nouvelles synergies entre les deux secteurs. Les haies solaires composées de panneaux bi-faciaux font partie de ces innovations prometteuses qui peuvent s’adapter à de nombreuses pratiques agricoles avec une empreinte au sol limitée et un système d’ancrage simple, modulable et réversible. Leur profil linéaire étroit facilite leur intégration paysagère. L’expertise d’INRAE permettra de mesurer les effets agronomiques de l’installation et d’apporter aux éleveurs intéressés des données précises et objectives, essentielles à l’élaboration de leurs projets.
Un projet collaboratif pour une économie circulaire locale
Premier exemple de boucle vertueuse, ce démonstrateur associe également la société laitière de Laqueuille, acteur local important de l’industrie agro-alimentaire. En effet, à sa mise en service, un contrat de vente d’énergie ENGIE permet à Camelia de couvrir une partie des besoins en électricité de la laiterie. Au-delà d’un projet technologique, Camelia permet ainsi d’expérimenter un modèle d’interactions avec les filières agricoles avec à la clef, de nombreux avantages : accompagner des projets agricoles, répondre aux enjeux climatiques et énergétiques, consolider les relations entre les différents acteurs locaux, soutenir les acteurs industriels locaux dans la tenue de leurs objectifs de décarbonation. Pour Christine Lafaix, directrice offres, clients, innovation ENGIE Green : « Ce projet va bien au-delà d’un site d’études, nous développons ici un modèle de collaboration au profit d’une économie, à la fois circulaire et locale. C’est ainsi qu’ENGIE Green entend développer les énergies renouvelables à l’échelle nationale et en phase avec notre label TED, Transition Energétique Durable, qui défend des projets profondément ancrés dans leur territoire, respectueux de l’environnement et utiles à la lutte contre le dérèglement climatique »
Un démonstrateur à l’étude avec suivis saisonniers et pluriannuels
Pour Emmanuel Hugo, président du Centre INRAE Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes : « Le projet Camelia permet d’aborder des questions de recherche originales en agrivoltaisme, comme l’effet du chantier sur le tassement du sol, les effets des panneaux verticaux sur le microclimat de la prairie et sur les animaux. Les conséquences de ces effets seront évaluées sur les services rendus par les prairies : la production de fourrage et le stock de carbone dans le sol ainsi que sur le comportement des animaux. La réponse de la prairie sera comparée avec une prairie témoin présente à proximité immédiate du site, qui est adossée à un observatoire national de recherche INRAE sur les Agroécosystèmes, Cycles Biogéochimiques et Biodiversité (ACBB du réseau ANAEE-F : Analyse et Expérimentation sur les Ecosystèmes) et à un réseau européen sur les Systèmes d’Observation du Carbone Intégré (ICOS). Des suivis saisonniers et pluriannuels garantissent l’acquisition de données fiables pour évaluer l’intérêt et la pertinence de ce démonstrateur pour l’élevage. » Au-delà de ce démonstrateur, ENGIE Green travaille déjà à un changement d’échelle de ce type de projets quasi exclusivement en injection réseau. « Nous attaquons d’ores et déjà le déploiement commercial. Dans les tuyaux, nous avons un projet de grand maraîchage plein champ dans l’Aude. Les exploitants viennent nous chercher et semblent friands de ce type d’installations » conclut Aline Chapulliot.
Encadré
Le démonstrateur Camelia en chiffres :
– 252 panneaux verticaux bifaciaux orientés est/ouest pour une puissance installée de 89 kWc.
– 9 haies verticales avec des écartements de 12 m et de 18 m, réparties au sein d’1 hectare.
– Plus de 50 capteurs de suivi agronomique et météorologique
– 1 M€ d’investissement porté par ENGIE et 3 ans et demi d’expérimentation
– 100 MWh de production annuelle